HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, V, livre III

Chapitre 6

 Chapitre 6

[5,3,6] μὲν δὴ λόγος ἀπέδειξεν εἶναί τι τὸ αὐτὸ ἑαυτὸ κυρίως νοεῖν. Νοεῖ οὖν ἄλλως μὲν ἐπὶ ψυχῆς ὄν, ἐπὶ δὲ τοῦ νοῦ κυριώτερον. μὲν γὰρ ψυχὴ ἐνόει ἑαυτὴν ὅτι ἄλλου, δὲ νοῦς ὅτι αὐτὸς καὶ οἷος αὐτὸς καὶ ὅστις καὶ ἐκ τῆς ἑαυτοῦ φύσεως καὶ ἐπιστρέφων εἰς αὑτόν. Τὰ γὰρ ὄντα ὁρῶν ἑαυτὸν ἑώρα καὶ ὁρῶν ἐνεργείᾳ ἦν καὶ ἐνέργεια αὐτός· νοῦς γὰρ καὶ νόησις ἕν· καὶ ὅλος ὅλῳ, οὐ μέρει ἄλλο μέρος. Ἆρ´ οὖν τοιοῦτον λόγος ἔδειξεν, οἷον καὶ ἐνέργειαν πιστικὴν ἔχειν; ἀνάγκην μὲν οὕτως, πειθὼ δὲ οὐκ ἔχει· καὶ γὰρ μὲν ἀνάγκη ἐν νῷ, δὲ πειθὼ ἐν ψυχῇ. Ζητοῦμεν δή, ὡς ἔοικεν, ἡμεῖς πεισθῆναι μᾶλλον νῷ καθαρῷ θεᾶσθαι τὸ ἀληθές. Καὶ γὰρ καὶ ἕως ἦμεν ἄνω ἐν νοῦ φύσει, ἠρκούμεθα καὶ ἐνοοῦμεν καὶ εἰς ἓν πάντα συνάγοντες ἑωρῶμεν· νοῦς γὰρ ἦν νοῶν καὶ περὶ αὐτοῦ λέγων, δὲ ψυχὴ ἡσυχίαν ἦγε συγχωροῦσα τῷ ἐνεργήματι τοῦ νοῦ. Ἐπεὶ δὲ ἐνταῦθα γεγενήμεθα πάλιν αὖ καὶ ἐν ψυχῇ, πειθώ τινα γενέσθαι ζητοῦμεν, οἷον ἐν εἰκόνι τὸ ἀρχέτυπον θεωρεῖν ἐθέλοντες. Ἴσως οὖν χρὴ τὴν ψυχὴν ἡμῶν διδάξαι, πῶς ποτε νοῦς θεωρεῖ ἑαυτόν, διδάξαι δὲ τοῦτο τῆς ψυχῆς, νοερόν πως, διανοητικὸν αὐτὸ τιθέμενοι καὶ τῇ ὀνομασίᾳ ὑποσημαίνοντες νοῦν τινα αὐτὸ εἶναι διὰ νοῦ τὴν δύναμιν καὶ παρὰ νοῦ αὐτὸ ἴσχειν. Τούτῳ τοίνυν γιγνώσκειν προσήκει, ὡς καὶ αὐτῷ ὅσα ὁρᾷ γινώσκει καὶ οἶδεν λέγει. Καὶ εἰ αὐτὸ εἴη λέγει, γινώσκοι ἂν ἑαυτὸ οὕτω. Ὄντων δὲ ἄνωθεν αὐτῷ γινομένων ἐκεῖθεν, ὅθεν περ καὶ αὐτό, συμβαίνοι ἂν καὶ τούτῳ λόγῳ ὄντι καὶ συγγενῆ λαμβάνοντι καὶ τοῖς ἐν αὐτῷ ἴχνεσιν ἐφαρμόττοντι οὕτω τοι γινώσκειν ἑαυτό. Μεταθέτω τοίνυν καὶ ἐπὶ τὸν ἀληθῆ νοῦν τὴν εἰκόνα, ὃς ἦν αὐτὸς τοῖς νοουμένοις ἀληθέσι καὶ ὄντως οὖσι καὶ πρώτοις, καὶ ὅτι μὴ οἷόν τε τοῦτον τὸν τοιοῦτον ἐκτὸς ἑαυτοῦ εἶναιὥστε εἴπερ ἐν ἑαυτῷ ἐστι καὶ σὺν ἑαυτῷ καὶ τοῦτο, ὅπερ ἐστί, νοῦς ἐστιν (ἀνόητος δὲ νοῦς οὐκ ἄν ποτε εἴη) ἀνάγκη συνεῖναι αὐτῷ τὴν γνῶσιν ἑαυτοῦκαὶ ὅτι ἐν αὐτῷ οὗτος, καὶ οὐκ ἄλλο αὐτῷ τὸ ἔργον καὶ οὐσία τὸ νῷ μόνον εἶναι. Οὐ γὰρ δὴ πρακτικός γε οὗτος· ὡς πρὸς τὸ ἔξω βλέποντι τῷ πρακτικῷ καὶ μὴ ἐν αὐτῷ μένοντι εἴη ἂν τῶν μὲν ἔξω τις γνῶσις, ἀνάγκη δὲ οὐκ ἔνεστιν, εἴπερ τὸ πᾶν πρακτικὸς εἴη, γινώσκειν ἑαυτόν. Ὧι δὲ μὴ πρᾶξιςοὐδὲ γὰρ ὄρεξις τῷ καθαρῷ νῷ ἀπόντοςτούτῳ ἐπιστροφὴ πρὸς αὐτὸν οὖσα οὐ μόνον εὔλογον ὑποδείκνυσιν {τὴν ἑαυτοῦ}, ἀλλὰ καὶ ἀναγκαίαν {αὐτοῦ} τὴν ἑαυτοῦ γνῶσιν· τίς γὰρ ἂν καὶ ζωὴ αὐτοῦ εἴη πράξεως ἀπηλλαγμένῳ καὶ ἐν νῷ ὄντι; [5,3,6] La raison démontre donc qu'il y a un principe qui doit se connaître lui-même essentiellement. Mais cette connaissance de soi-même est plus parfaite dans l'intelligence que dans l'âme. L'âme ne se connaît elle-même qu'en tant qu'elle sait qu'elle dépend d'une autre puissance ; l'intelligence, en se tournant vers elle-même, connaît naturellement son existence et son essence. En contemplant les réalités, elle se contemple elle-même; cette contemplation est un acte, et cet acte est l'intelligence : car l'intelligence et la pensée ne font qu'une seule chose; l'intelligence tout entière se voit elle-même tout entière, au lieu de voir une de ses parties par une autre partie. Est-il dans la nature de l'intelligence, telle que la conçoit la raison, de produire en nous une simple persuasion? Non. L'intelligence implique nécessité{certitude} et non simple persuasion : car la nécessité est propre à l'intelligence; la persuasion à l'âme. Ici-bas, il est vrai, nous cherchons plutôt à être persuadés qu'à voir la vérité par l'intelligence pure. Quand nous étions dans la région supérieure, satisfaits de l'intelligence, nous pensions et nous contemplions l'intelligible en ramenant toutes choses à l'unité. C'était l'intelligence qui pensait et qui parlait sur elle-même; l'âme se reposait, et laissait agir l'intelligence. Mais, depuis que nous sommes descendus ici-bas, nous cherchons à produire dans l'âme la persuasion, parce que nous voulons contempler l'exemplaire dans son image. Il faut donc enseigner à notre âme comment l'intelligence se contemple elle-même ; il faut l'enseigner, dis-je, à cette partie de notre âme que, vu son caractère intellectuel, nous nommons raison ou intelligence discursive, pour indiquer que c'est une espèce d'intelligence, qu'elle possède sa puissance par l'intelligence, qu'elle la tient de l'intelligence. Cette partie de l'âme doit donc connaître qu'elle connaît ce qu'elle voit, qu'elle sait ce qu'elle énonce, et que, si elle était identique aux choses qu'elle énonce, elle se connaîtrait par là elle-même. Mais, puisque les choses intelligibles lui viennent du même principe dont elle vient elle-même, puisqu'elle est une raison, et qu'elle reçoit de l'intelligence des choses congénères, en les rapprochant des vestiges de l'intelligence qu'elle a en elle, elle doit se connaître elle-même. Qu'elle transporte donc cette image qu'elle a en elle à l'Intelligence véritable, qui est identique aux vrais intelligibles, c'est-à-dire aux êtres premiers et vraiment réels : car il est impossible que cette Intelligence sorte d'elle-même? Si donc l'Intelligence reste en elle-même et avec elle-même, si elle est ce qu'il est dans son essence d'être, c'est-à-dire intelligence (car l'intelligence ne peut jamais être inintelligente!, elle doit renfermer en elle la connaissance d'elle-même, puisqu'elle ne sort pas d'elle-même, que sa fonction et son essence consistent à être seulement intelligence. Ce n'est pas une intelligence qui se livre à l'action (une intelligence pratique), obligée de regarder ce qui est hors d'elle et de sortir d'elle-même pour prendre connaissance des choses extérieures : car il n'est pas nécessaire qu'une intelligence qui se livre à l'action se connaisse elle-même. Ne se livrant pas à l'action (car, étant pure, elle n'a rien à désirer), elle opère une conversion vers elle-même, en vertu de laquelle il est, non seulement probable, mais encore nécessaire qu'elle se connaisse elle-même. Sinon, en quoi consisterait sa vie, puisqu'elle ne se livre pas à l'action et qu'elle demeure en elle-même?


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Dernière mise à jour : 20/05/2010