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[5,3,0] ENNÉADE V, LIVRE III.
| [5,3,0] LIVRE TROISIÈME. DES HYPOSTASES QUI CONNAISSENT ET DU PRINCIPE SUPÉRIEUR.
| [5,3,1] Ἆρα τὸ νοοῦν ἑαυτὸ ποικίλον δεῖ εἶναι, ἵνα ἑνί τινι τῶν ἐν αὐτῷ τὰ ἄλλα θεωροῦν οὕτω δὴ λέγηται νοεῖν ἑαυτό, ὡς τοῦ ἁπλοῦ παντάπασιν ὄντος οὐ δυναμένου εἰς ἑαυτὸ ἐπιστρέφειν καὶ τὴν αὐτοῦ κατανόησιν; Ἢ οἷόν τε καὶ μὴ σύνθετον ὂν νόησιν ἴσχειν ἑαυτοῦ; Τὸ μὲν γὰρ διότι σύνθετον λεγόμενον νοεῖν ἑαυτό, ὅτι δὴ ἑνὶ τῶν ἐν αὐτῷ τὰ ἄλλα νοεῖ, ὥσπερ ἂν εἰ τῇ αἰσθήσει καταλαμβάνοιμεν αὐτῶν τὴν μορφὴν καὶ τὴν ἄλλην τοῦ σώματος φύσιν, οὐκ ἂν ἔχοι τὸ ὡς ἀληθῶς νοεῖν αὑτό· οὐ γὰρ τὸ πᾶν ἔσται ἐν τῷ τοιούτῳ ἐγνωσμένον, μὴ κἀκείνου τοῦ νοήσαντος τὰ ἄλλα τὰ σὺν αὐτῷ καὶ ἑαυτὸ νενοηκότος, ἔσται τε οὐ τὸ ζητούμενον τὸ αὐτὸ ἑαυτό, ἀλλ´ ἄλλο ἄλλο. Δεῖ τοίνυν θέσθαι καὶ ἁπλοῦ κατανόησιν ἑαυτοῦ καὶ τοῦτο πῶς, σκοπεῖν, εἰ δυνατόν, ἢ ἀποστατέον τῆς δόξης τῆς τοῦ αὐτὸ ἑαυτὸ νοεῖν τι ὄντως. Ἀποστῆναι μὲν οὖν τῆς δόξης ταύτης οὐ πάνυ οἷόν τε πολλῶν τῶν ἀτόπων συμβαινόντων· καὶ γὰρ εἰ μὴ ψυχῇ δοίημεν τοῦτο ὡς πάνυ ἄτοπον ὄν, ἀλλὰ μηδὲ νοῦ τῇ φύσει διδόναι παντάπασιν ἄτοπον, εἰ τῶν μὲν ἄλλων γνῶσιν ἔχει, ἑαυτοῦ δὲ μὴ ἐν γνώσει καὶ ἐπιστήμῃ καταστήσεται. Καὶ γὰρ τῶν μὲν ἔξω ἡ αἴσθησις, ἀλλ´ οὐ νοῦς ἀντιλήψεται, καί, εἰ βούλει, διάνοια καὶ δόξα· ὁ δὲ νοῦς, εἰ τούτων γνῶσιν ἔχει ἢ μή, σκέψασθαι προσήκει· ὅσα δὲ νοητά, νοῦς δηλονότι γνώσεται. Ἆρ´ οὖν αὐτὰ μόνον ἢ καὶ ἑαυτόν, ὃς ταῦτα γνώσεται; Καὶ ἆρα οὕτω γνώσεται ἑαυτόν, ὅτι γινώσκει ταῦτα μόνον, τίς δὲ ὢν οὐ γνώσεται, ἀλλ´ ἃ μὲν αὐτοῦ γνώσεται ὅτι γιγνώσκει, τίς δὲ ὢν γινώσκει οὐκέτι; Ἢ καὶ τὰ ἑαυτοῦ καὶ ἑαυτόν; Καὶ τίς ὁ τρόπος καὶ μέχρι τίνος σκεπτέον.
| [5,3,1] Pour se penser ou se connaître soi-même, faut-il être composé de diverses parties et contempler l'une par l'autre? Doit-on admettre que ce qui est absolument simple ne peut se tourner vers soi-même pour se connaître? Ne doit-on pas admettre au contraire que même ce qui n'est point composé peut se connaître soi-même? — Si l'on dit qu'une chose peut se connaître elle-même parce qu'elle est composée, et que par une de ses parties elle saisit les autres (comme par la sensation, par exemple, nous percevons la forme de notre corps et sa nature), il n'est pas évident qu'il y ait alors connaissance de soi-même. Dans ce cas, le tout ne sera point connu, à moins que la partie qui connaît les autres auxquelles elle est unie ne se connaisse aussi elle-même; sinon, il y aura là connaissance d'une chose par une autre chose, au lieu de la connaissance d'une chose par elle-même.
Il faut donc admettre qu'un principe simple se connaît lui-même, et chercher comment cela est possible, sinon, il faut renoncer à la véritable connaissance de soi-même. Mais on ne saurait y renoncer sans tomber dans une foule d'absurdités : car, s'il est absurde de refuser à l'âme la connaissance de soi-même, c'est le comble de l'absurdité de la refuser à l'intelligence. Comment aurait-elle la connaissance des autres êtres, si elle ne possédait la connaissance et la science d'elle-même? En effet, les choses extérieures sont perçues par la sensation, et, si l'on veut, par la raison discursive et l'opinion, mais non par l'intelligence. L'intelligence a-t-elle ou non la connaissance de ces choses, c'est un point à examiner. Pour les choses intelligibles, l'intelligence en a évidemment la connaissance. Se borne-t-elle à les connaître, ou bien se connaît-elle aussi elle-même, elle qui connaît les choses intelligibles? Dans ce cas, connaît-elle qu'elle connaît seulement les choses intelligibles, sans pouvoir connaître ce qu'elle est? Tout en connaissant qu'elle connaît ce qui lui appartient, ne peut-elle connaître ce qu'est elle-même qui connaît? Ou bien peut-elle tout à la fois et connaître ce qui lui appartient, et se connaître elle-même? Alors, comment s'opère cette connaissance et jusqu'où va-t-elle? C'est ce qu'il faut examiner.
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