[5,1,9] Ἀναξαγόρας δὲ νοῦν καθαρὸν καὶ ἀμιγῆ λέγων ἁπλοῦν καὶ αὐτὸς τίθεται
τὸ πρῶτον καὶ χωριστὸν τὸ ἕν, τὸ δ´ ἀκριβὲς δι´ ἀρχαιότητα παρῆκε. Καὶ
Ἡράκλειτος δὲ τὸ ἓν οἶδεν ἀίδιον καὶ νοητόν· τὰ γὰρ σώματα γίγνεται ἀεὶ
καὶ ῥέοντα. Τῷ δὲ Ἐμπεδοκλεῖ τὸ <νεῖκος>μὲν διαιρεῖ, ἡ δὲ <φιλία>τὸ ἕν —
ἀσώματον δὲ καὶ αὐτὸς τοῦτο — τὰ δὲ στοιχεῖα ὡς ὕλη. Ἀριστοτέλης δὲ
ὕστερον <χωριστὸν> μὲν τὸ πρῶτον καὶ <νοητόν, νοεῖν>δὲ αὐτὸ <ἑαυτὸ>λέγων
πάλιν αὖ οὐ τὸ πρῶτον ποιεῖ· πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα νοητὰ ποιῶν καὶ τοσαῦτα,
ὁπόσαι ἐν οὐρανῷ σφαῖραι, ἵν´ ἕκαστον ἑκάστην κινῇ, ἄλλον τρόπον λέγει τὰ
ἐν τοῖς νοητοῖς ἢ Πλάτων, τὸ εὔλογον οὐκ ἔχον ἀνάγκην τιθέμενος.
Ἐπιστήσειε δ´ ἄν τις, εἰ καὶ εὐλόγως· εὐλογώτερον γὰρ πάσας πρὸς μίαν
σύνταξιν συντελούσας πρὸς ἓν καὶ τὸ πρῶτον βλέπειν. Ζητήσειε δ´ ἄν τις τὰ
πολλὰ νοητὰ εἰ ἐξ ἑνός ἐστιν αὐτῷ τοῦ πρώτου, ἢ πολλαὶ αἱ ἐν τοῖς νοητοῖς
ἀρχαί· καὶ εἰ μὲν ἐξ ἑνός, ἀνάλογον δηλονότι ἕξει ὡς ἐν τοῖς αἰσθητοῖς αἱ
σφαῖραι ἄλλης ἄλλην περιεχούσης, μιᾶς δὲ τῆς ἔξω κρατούσης· ὥστε περιέχοι
ἂν κἀκεῖ τὸ πρῶτον καὶ κόσμος νοητὸς ἔσται· καὶ ὥσπερ ἐνταῦθα αἱ σφαῖραι
οὐ κεναί, ἀλλὰ μεστὴ ἄστρων ἡ πρώτη, αἱ δὲ ἔχουσιν ἄστρα, οὕτω κἀκεῖ τὰ
κινοῦντα πολλὰ ἐν αὐτοῖς ἕξει καὶ τὰ ἀληθέστερα ἐκεῖ. Εἰ δὲ ἕκαστον ἀρχή,
κατὰ συντυχίαν αἱ ἀρχαὶ ἔσονται· καὶ διὰ τί συνέσονται καὶ πρὸς ἓν ἔργον
τὴν τοῦ παντὸς οὐρανοῦ συμφωνίαν ὁμονοήσει; Πῶς δὲ ἴσα πρὸς τὰ νοητὰ καὶ
κινοῦντα τὰ ἐν οὐρανῷ αἰσθητά; Πῶς δὲ καὶ πολλὰ οὕτως ἀσώματα ὄντα ὕλης οὐ
χωριζούσης; Ὥστε τῶν ἀρχαίων οἱ μάλιστα συντασσόμενοι αὖ τοῖς Πυθαγόρου
καὶ τῶν μετ´ αὐτὸν καὶ Φερεκύδους δὲ περὶ ταύτην μὲν ἔσχον τὴν φύσιν· ἀλλ´
οἱ μὲν ἐξειργάσαντο ἐν αὐτοῖς αὐτῶν λόγοις, οἱ δὲ οὐκ ἐν λόγοις, ἀλλ´ ἐν
ἀγράφοις ἐδείκνυον συνουσίαις ἢ ὅλως ἀφεῖσαν.
| [5,1,9] Anaxagore, qui reconnaît une Intelligence pure et sans mélange admet aussi que le premier principe est simple et que l'Un est séparé des choses sensibles. Mais, venu dans des temps trop anciens, il n'a pas traité nettement cette question. Héraclite a connu l'Un éternel et intelligible : car il professe que les corps deviennent sans cesse et sont dans un état d'écoulement perpétuel.
Dans le système d'Empédocle, la Discorde divise et la Concorde unit ; or, ce second principe est posé comme incorporel, et les éléments jouent le rôle de matière.
Aristote, qui vécut à une époque postérieure, dit que le premier principe est séparé {des choses sensibles} et qu'il est intelligible. Mais,en affirmant qu'il se pense lui-même, il le fait déchoir du premier rang. Il admet aussi d'autres intelligibles en nombre égal à celui des sphères célestes, pour que chacune ait un moteur; il professe ainsi sur les intelligibles une autre théorie que Platon, et comme il n'a pas déraison plausible, il allègue la nécessité. On pourrait lui faire ici une objection fondée : il semble plus raisonnable d'admettre que toutes les sphères coordonnées par rapport à un seul plan se rapportent toutes à l'Un et au Premier. On aurait le droit de poser aussi cette question : les intelligibles {pour Aristote} dépendent-ils de l'Un, du Premier, ou bien y a-t-il plusieurs principes pour les intelligibles? — Si les intelligibles dépendent de l'Un, ils seront sans doute disposés symétriquement, comme le sont dans le monde sensible les sphères dont chacune en renferme une autre, et dont une seule, extérieure aux autres, les contient et les domine toutes. Ainsi, dans ce cas, le premier intelligible enveloppera toutes choses là-haut et sera le monde intelligible. De même que les sphères ne sont pas vides, que la première est pleine d'astres, que chacune des autres en est pleine aussi, de même là-haut les moteurs contiendront beaucoup de choses, et tout aura une existence plus réelle. — D'un autre côté, si chacun des intelligibles est principe, tous seront contingents. Comment alors uniront-ils leur action et concourront-ils par leur accord à produire tous un seul effet, qui est l'harmonie du ciel ? Pourquoi dans le ciel les choses sensibles sont-elles égales en nombre aux moteurs intelligibles? Enfin, pourquoi ceux-ci sont-ils plusieurs, puisqu'ils sont incorporels et que nulle matière ne les sépare les uns des autres?
Aussi, ceux des anciens qui ont le plus fidèlement suivi la doctrine de Pythagore, de ses disciples et de Phérécyde, se sont-ils surtout occupés de l'intelligible. Les uns ont consigné leurs opinions dans leurs ouvrages; d'autres les ont exposées seulement dans des entretiens que l'écriture n'a pas conservés. Il en est d'autres enfin qui ne nous ont rien laissé sur ce sujet.
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