[4,9,4] Ταῦτα μὲν οὖν εἴρηται ὡς μὴ θαυμάζειν τὴν εἰς ἓν ἀναγωγήν. Ἀλλὰ γὰρ ζητεῖ ὁ λόγος, πῶς μία; Ἆρα γὰρ ὡς ἀπὸ μιᾶς ἢ μία αἱ πᾶσαι; Καὶ εἰ ἀπὸ μιᾶς, μεριζομένης ταύτης ἢ μενούσης μὲν ὅλης, ποιούσης δὲ παρ´ αὐτῆς οὐδὲν ἧττον πολλάς; Καὶ πῶς ἂν μένουσα οὐσία πολλὰς ποιοῖ ἐξ αὐτῆς; Λέγωμεν οὖν θεὸν συλλήπτορα ἡμῖν γενέσθαι παρακαλέσαντες, ὡς δεῖ μὲν εἶναι μίαν πρότερον, εἴπερ πολλαί, καὶ ἐκ ταύτης τὰς πολλὰς εἶναι. Εἰ μὲν οὖν σῶμα εἴη, ἀνάγκη μεριζομένου τούτου τὰς πολλὰς γίγνεσθαι, ἄλλην πάντη οὐσίαν, τὴν δὲ ἄλλην γινομένην· καὶ ὁμοιομεροῦς οὔσης ὁμοειδεῖς πάσας γενέσθαι εἶδος ἓν ταὐτὸν φερούσας ὅλον, τοῖς δὲ ὄγκοις ἑτέρας· καὶ εἰ μὲν κατὰ τοὺς ὄγκους εἶχον τοὺς ὑποκειμένους τὸ ψυχαὶ εἶναι, ἄλλας ἀλλήλων εἶναι, εἰ δὲ κατὰ τὸ εἶδος, μίαν τῷ εἴδει ψυχὰς εἶναι. Τοῦτο δέ ἐστι τὸ μίαν καὶ τὴν αὐτὴν ἐν πολλοῖς σώμασι ψυχὴν ὑπάρχειν καὶ πρὸ ταύτης τῆς μιᾶς τῆς ἐν πολλοῖς ἄλλην αὖ εἶναι μὴ ἐν πολλοῖς, ἀφ´ ἧς ἡ ἐν πολλοῖς μία, ὥσπερ εἴδωλον οὖσα πολλαχοῦ φερόμενον τῆς ἐν ἑνὶ μιᾶς, οἷον εἰ ἐκ δακτυλίου ἑνὸς πολλοὶ κηροὶ τὸν αὐτὸν τύπον ἀπομαξάμενοι φέροιεν. Ἐκείνως μὲν οὖν ἀνηλίσκετο ἂν εἰς πολλὰς ἡ μία, ὡς δὲ τὸ δεύτερον ἀσώματον μὲν ἡ ψυχὴ ἐγίνετο. Καὶ πάθημα μὲν ὂν θαυμαστὸν οὐδὲν εἶχε μίαν ποιότητα γενομένην ἐξ ἑνός τινος ἐν πολλοῖς εἶναι· καὶ εἰ κατὰ τὸ συναμφότερον δὲ ἡ ψυχή, θαυμαστὸν οὐδέν. Νῦν δὲ ἀσώματόν τε αὐτὸ τιθέμεθα καὶ οὐσίαν.
| [4,9,4] Voilà ce que nous avions à dire pour qu'on ne s'étonnât pas de nous voir ramener les âmes à l'unité. Mais, pour que cette discussion soit complète, il faut encore que nous déterminions comment toutes les âmes sont une seule âme. Est-ce parce qu'elles procèdent d'une seule âme, ou parce que toutes forment une seule âme? Si toutes procèdent d'une seule âme, celle-ci se divise-t-elle, ou bien demeure-t-elle tout entière en faisant naître d'elle-même la multitude des âmes? Et, dans ce dernier cas, comment une essence peut-elle, tout en demeurant en elle-même, faire naître d'elle-même une multitude?
Après avoir invoqué le secours de Dieu, disons que l'existence de l'Âme une est la condition de l'existence de la multitude des âmes, et que cette multitude doit procéder de l'Âme qui est une.
Si l'Âme une était un corps, nécessairement la division de ce corps produirait la multitude des âmes, et cette essence serait différente dans ses différentes parties. Cependant, comme cette essence serait homogène, les âmes {entre lesquelles elle se diviserait} seraient conformes entre elles, parce qu'elles posséderaient une forme une et identique dans sa totalité, mais elles différeraient par leurs corps. Si l'essence de ces âmes consistait dans les corps qui leur serviraient de sujets, elles seraient différentes les unes des autres; si l'essence de ces âmes consistait dans leur forme, elles ne seraient toutes qu'une seule âme par leur forme: en d'autres termes, il n'y aurait qu'une seule et même âme dans la multitude des corps. En outre, au-dessus de cette âme qui serait une, mais qui serait répandue dans la multitude des corps, il y aurait une autre Âme qui ne serait pas répandue dans la multitude des corps; c'est
d'elle que procéderait l'âme qui serait l'unité dans la pluralité , l'image multiple de l'Âme une dans un corps un, comme un seul cachet en imprimant une même figure à une multitude de morceaux de cire se trouverait distribuer cette figure en une multitude d'empreintes. Dans ce cas {si l'essence de l'âme consistait dans sa forme}, l'âme serait quelque chose d'incorporel, et comme elle consisterait dans une affection du corps, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'une qualité unique, émanée d'un principe unique, pût être à la fois en une multitude de sujets. Enfin, si l'essence de l'âme consistait à être les deux choses {à être à la fois une partie d'un corps homogène et une affection de ce corps}, il n'y aurait encore rien d'étonnant {à ce qu'il y eût unité d'essence dans une multitude de sujets}. Maintenant, nous admettons que l'âme est incorporelle, qu'elle est une essence, et nous allons considérer ce qui résulte de là.
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