[4,9,3] Καὶ μὴν ἐκ τῶν ἐναντίων φησὶν ὁ λόγος καὶ συμπαθεῖν ἀλλήλοις ἡμᾶς καὶ συναλγοῦντας ἐκ τοῦ ὁρᾶν καὶ διαχεομένους καὶ εἰς τὸ φιλεῖν ἑλκομένους κατὰ φύσιν· μήποτε γὰρ τὸ φιλεῖν διὰ τοῦτο. Εἰ δὲ καὶ ἐπῳδαὶ καὶ ὅλως μαγεῖαι συνάγουσι καὶ συμπαθεῖς πόρρωθεν ποιοῦσι, πάντως τοι διὰ ψυχῆς μιᾶς. Καὶ λόγος δὲ ἠρέμα λεχθεὶς διέθηκε τὸ πόρρω, καὶ κατακούειν πεποίηκε τὸ διεστὼς ἀμήχανον ὅσον τόπον· ἐξ ὧν ἐστι τὴν ἑνότητα μαθεῖν ἁπάντων τῆς ψυχῆς μιᾶς οὔσης.
Πῶς οὖν, εἰ ψυχὴ μία, ἡ μὲν λογική, ἡ δὲ ἄλογος, καί τις καὶ φυτική; Ἢ ὅτι τὸ μὲν ἀμέριστον αὐτῆς κατὰ τὸ λογικὸν τακτέον οὐ μεριζόμενον ἐν τοῖς σώμασι, τὸ δὲ μεριζόμενον περὶ σώματα ἓν μὲν ὂν καὶ αὐτό, περὶ δὲ τὰ σώματα μεριζόμενον παρεχόμενον τὴν αἴσθησιν πανταχοῦ ἄλλην δύναμιν αὐτῆς θετέον, τό τε πλαστικὸν αὐτῆς καὶ ποιητικὸν σωμάτων δύναμιν ἄλλην. Οὐχ ὅτι δὲ πλείους αἱ δυνάμεις, οὐ μία· καὶ γὰρ ἐν τῷ σπέρματι πλείους αἱ δυνάμεις καὶ ἕν· καὶ ἐξ ἑνὸς τούτου πολλὰ ἕν. Διὰ τί οὖν οὐ πανταχοῦ πᾶσαι; Καὶ γὰρ ἐπὶ τῆς μιᾶς ψυχῆς πανταχοῦ λεγομένης εἶναι ἡ αἴσθησις οὐκ ἐν πᾶσι τοῖς μέρεσιν ὁμοία, ὅ τε λόγος οὐκ ἐν ὅλῳ, τό τε φυτικὸν καὶ ἐν οἷς μὴ αἴσθησις· καὶ ὅμως εἰς ἓν ἀνατρέχει ἀποστάντα τοῦ σώματος. Τὸ δὲ θρεπτικόν, εἰ ἐκ τοῦ ὅλου, ἔχει καὶ ἐκείνης. Διὰ τί οὖν οὐ καὶ παρὰ τῆς ἡμετέρας ψυχῆς τὸ θρεπτικόν; Ὅτι τὸ τρεφόμενον μέρος τοῦ ὅλου, ὃ καὶ παθητικῶς αἰσθητικόν, ἡ δὲ αἴσθησις ἡ κρίνουσα μετὰ νοῦ ἑκάστου, ᾗ οὐδὲν ἔδει πλάττειν τὸ ὑπὸ τοῦ ὅλου τὴν πλάσιν ἔχον. Ἐπεὶ κἂν ἐποίησεν αὐτήν, εἰ μὴ ἐν τῷ ὅλῳ τούτῳ ἔδει αὐτὴν εἶναι.
| [4,9,3] D'un autre côté, l'observation nous apprend que nous sympathisons les uns avec les autres, que nous ne pouvons voir la souffrance d'un autre homme sans la partager, que
nous sommes naturellement portés à nous épancher, à aimer : car l'amour est un fait dont l'origine se rattache à la question qui nous occupe. Enfin, si les enchantements et les charmes magiques attirent des individus l'un vers l'autre, amènent à sympathiser des personnes éloignées, ces effets ne peuvent s'expliquer que par l'unité d'âme. Des paroles prononcées à voix basse affectent une personne éloignée et lui font entendre ce qui est à une grande distance. Par là on voit l'unité de tous les êtres, unité qui résulte de ce que l'Âme est une.
Mais, si l'Âme est une, pourquoi telle âme particulière est-elle raisonnable, telle autre irraisonnable, telle autre végétative ? C'est que la partie indivisible de l'Âme consiste dans la raison, qui ne se divise pas dans les corps, tandis que la partie de l'Âme divisible dans les corps (qui, étant une en elle-même, se divise cependant dans les corps, parce qu'elle répand partout le sentiment} doit être regardée comme une autre puissance de l'Âme {la puissance sensitive}; de même, la partie qui façonne et produit les corps est encore une autre puissance {la puissance végétative}; toutefois, cette pluralité de puissances ne détruit pas l'unité de l'Âme. Dans une semence, il y a aussi plusieurs puissances; cependant cette semence est une, et de cette unité naît une multiplicité qui forme une unité. — Mais pourquoi toutes les puissances
de l'Âme ne s'exercent-elles pas partout? C'est que, si l'on considère l'Âme qui est une partout, on trouve que la sensation n'est pas semblable dans toutes les parties, {c'est-à-dire dans toutes les âmes particulières}, que la raison n'est pas dans le Tout {mais dans certaines âmes seulement}, que la puissance végétative est donnée aux êtres qui ne possèdent pas la sensation, et que toutes ces puissances reviennent à l'unité en se séparant du corps. — Mais, si le corps tient sa puissance végétative du Tout et de cette Âme qui est une, pourquoi ne la tient-il pas aussi de notre âme? C'est que ce qui est nourri par cette puissance forme une partie de l'univers, qui n'est sensible qu'à la condition de pâtir. Quant à la puissance sensitive qui s'élève jusqu'au jugement, et qui est unie à chaque intelligence, elle n'avait pas besoin de former ce qui était déjà formé par le Tout; mais elle aurait pu donner des formes si ces formes n'étaient des parties du Tout qui les produit.
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