[4,8,7] Διττῆς δὲ φύσεως ταύτης οὔσης, νοητῆς, τῆς δὲ αἰσθητῆς, ἄμεινον μὲν ψυχῇ ἐν τῷ νοητῷ εἶναι, ἀνάγκη γε μὴν ἔχειν καὶ τοῦ αἰσθητοῦ μεταλαμβάνειν τοιαύτην φύσιν ἐχούσῃ, καὶ οὐκ ἀγανακτητέον αὐτὴν ἑαυτῇ, εἰ μὴ πάντα ἐστὶ τὸ κρεῖττον, μέσην τάξιν ἐν τοῖς οὖσιν ἐπισχοῦσαν, θείας μὲν μοίρας οὖσαν, ἐν ἐσχάτῳ δὲ τοῦ νοητοῦ οὖσαν, ὡς ὅμορον οὖσαν τῇ αἰσθητῇ φύσει διδόναι μέν τι τούτῳ τῶν παρ´ αὐτῆς, ἀντιλαμβάνειν δὲ καὶ παρ´ αὐτοῦ, εἰ μὴ μετὰ τοῦ αὐτῆς ἀσφαλοῦς διακοσμοῖ, προθυμίᾳ δὲ πλείονι εἰς τὸ εἴσω δύοιτο μὴ μείνασα ὅλη μεθ´ ὅλης, ἄλλως τε καὶ δυνατὸν αὐτῇ πάλιν ἐξαναδῦναι, ἱστορίαν ὧν ἐνταῦθα εἶδέ τε καὶ ἔπαθε προσλαβούσῃ καὶ μαθούσῃ, οἷον ἄρα ἐστὶν ἐκεῖ εἶναι, καὶ τῇ παραθέσει τῶν οἷον ἐναντίων οἷον σαφέστερον τὰ ἀμείνω μαθούσῃ. Γνῶσις γὰρ ἐναργεστέρα τἀγαθοῦ ἡ τοῦ κακοῦ πεῖρα οἷς ἡ δύναμις ἀσθενεστέρα, ἢ ὥστε ἐπιστήμῃ τὸ κακὸν πρὸ πείρας γνῶναι. Ὥσπερ δὲ ἡ νοερὰ διέξοδος κατάβασίς ἐστιν εἰς ἔσχατον τὸ χεῖρον — οὐ γὰρ ἔνι εἰς τὸ ἐπέκεινα ἀναβῆναι, ἀλλ´ ἀνάγκη ἐνεργήσασαν ἐξ ἑαυτῆς καὶ μὴ δυνηθεῖσαν μεῖναι ἐφ´ ἑαυτῆς φύσεως δὴ ἀνάγκῃ καὶ νόμῳ μέχρι ψυχῆς ἐλθεῖν· τέλος γὰρ αὐτῇ τοῦτο· ταύτῃ δὲ τὸ ἐφεξῆς παραδοῦναι αὐτὴν πάλιν ἀναδραμοῦσαν — οὕτως καὶ ψυχῆς ἐνέργεια· τὸ μὲν μετ´ αὐτὴν τὰ τῇδε, τὸ δὲ πρὸ αὐτῆς ἡ θέα τῶν ὄντων, ταῖς μὲν παρὰ μέρος καὶ χρόνῳ γιγνομένου τοῦ τοιούτου καὶ ἐν τῷ χείρονι γιγνομένης ἐπιστροφῆς πρὸς τὰ ἀμείνω, τῇ δὲ λεγομένῃ τοῦ παντὸς εἶναι τὸ μηδ´ ἐν τῷ χείρονι ἔργῳ γεγονέναι, ἀπαθεῖ δὲ κακῶν οὔσῃ θεωρίᾳ τε περινοεῖν τὰ ὑπ´ αὐτὴν ἐξηρτῆσθαί τε τῶν πρὸ αὐτῆς ἀεί· ἢ ἅμα δυνατὸν καὶ ἄμφω, λαμβανούσῃ μὲν ἐκεῖθεν, χορηγούσῃ δὲ ἅμα ἐνταῦθα, ἐπείπερ ἀμήχανον ἦν μὴ καὶ τούτων ἐφάπτεσθαι ψυχῇ οὔσῃ.
| [4,8,7] Comme il y a deux essences, l'une intelligible, l'autre sensible, il est préférable pour l'âme de vivre dans le monde intelligible ; il est néanmoins nécessaire, par suite de sa nature, qu'elle participe aussi aux choses sensibles. Elle ne doit donc pas s'indigner de n'être pas le meilleur des êtres, puisqu'elle n'occupe qu'un rang intermédiaire. En effet, si, d'un côté, elle est de condition divine, d'un autre côté elle se trouve placée aux limites du monde intelligible, à cause de son affinité pour la nature sensible : elle fait participer cette nature à ses puissances, et elle en reçoit elle-même quelque chose, quand, au lieu d'administrer le corps sans compromettre sa propre sécurité, elle se laisse entraîner par son inclination à entrer profondément en lui, parce qu'elle renonce à demeurer unie tout entière à l'Âme universelle. D'ailleurs, elle peut s'élever au-dessus du corps après avoir, par l'expérience des choses qu'elle a vues et souffertes ici-bas, appris à sentir combien on est heureux d'habiter là-haut, et après avoir, par la comparaison des contraires, apprécié le véritable bien. En effet, la connaissance du bien devient plus claire par l'expérience du mal, chez les âmes surtout qui ne sont pas assez fortes pour connaître le mal avant de l'avoir éprouvé.
La procession de l'intelligence consiste à descendre aux choses qui occupent le dernier rang
et qui ont une nature inférieure : car l'intelligence ne saurait s'élever à la nature supérieure ; mais, obligée d'agir hors d'elle, et ne pouvant demeurer renfermée en elle-même, elle doit, par une nécessité et une loi de sa nature, s'avancer jusqu'à l'âme à laquelle elle s'arrête, puis, après s'être ainsi communiquée à ce qui la suit immédiatement, remonter au monde intelligible. De même, l'âme a une double action dans son double rapport avec ce qui lui est inférieur et avec ce qui lui est supérieur : par la première action, elle administre le corps auquel elle est unie ; par la seconde, elle contemple les essences intelligibles. Ces alternatives s'accomplissent pour les âmes particulières avec le cours du temps, et il s'opère enfin une conversion qui les ramène des natures inférieures aux natures supérieures.
Quant à l'Âme universelle, comme elle n'a pas à s'occuper de fonctions pénibles, qu'elle demeure hors de l'atteinte des maux, elle considère ce qui est au-dessous d'elle d'une manière purement contemplative, et en même temps elle reste suspendue à ce qui est au-dessus d'elle; elle peut donc tout à la fois recevoir d'un côté et donner de l'autre, puisque sa nature lui commande de se mettre en contact même avec les choses de l'ordre sensible.
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