Texte grec :
[4,3,32] Τί δὲ δὴ φίλων καὶ παίδων καὶ γυναικός; Πατρίδος δὲ καὶ τῶν ὧν ἂν
καὶ ἀστεῖος οὐκ ἄτοπος μνημονεύων; Ἢ τὸ μὲν μετὰ πάθους ἑκάστου, ὁ δὲ
ἀπαθῶς ἂν τὰς μνήμας τούτων ἔχοι· τὸ γὰρ πάθος ἴσως καὶ ἐξ ἀρχῆς ἐν ἐκείνῳ
καὶ τὰ ἀστεῖς τῶν παθῶν τῇ σπουδαίᾳ, καθόσον τῇ ἑτέρᾳ τι ἐκοινώνησε.
Πρέπει δὲ τὴν μὲν χείρονα καὶ τῶν τῆς ἑτέρας ἐνεργημάτων ἐφίεσθαι τῆς
μνήμης καὶ μάλιστα, ὅταν ἀστεία ᾖ καὶ αὐτή· γένοιτο γὰρ ἄν τις καὶ ἐξ
ἀρχῆς ἀμείνων καὶ τῇ παιδεύσει τῇ παρὰ τῆς κρείττονος. Τὴν δὲ δεῖ ἀσμένως
λήθην ἔχειν τῶν παρὰ τῆς χείρονος. Εἴη γὰρ ἂν καὶ σπουδαίας οὔσης τῆς
ἑτέρας τὴν ἑτέραν τὴν φύσιν χείρονα εἶναι κατεχομένην ὑπὸ τῆς ἑτέρας βίᾳ.
Ὅσῳ δὴ σπεύδει πρὸς τὸ ἄνω, πλειόνων αὐτῇ ἡ λήθη, εἰ μή που πᾶς ὁ βίος
αὐτῇ καὶ ἐνταῦθα τοιοῦτος οἷος μόνων τῶν κρειττόνων εἶναι τὰς μνήμας· ἐπεὶ
καὶ ἐνταῦθα καλῶς τὸ ἐξιστάμενον τῶν ἀνθρωπείων σπουδασμάτων. Ἀνάγκη οὖν
καὶ τῶν μνημονευμάτων· ὥστε ἐπιλήσμονα ἄν τις λέγων τὴν ἀγαθὴν ὀρθῶς ἂν
λέγοι τρόπῳ τοιούτῳ. Ἐπεὶ καὶ φεύγει ἐκ τῶν πολλῶν, καὶ τὰ πολλὰ εἰς ἓν
συνάγει τὸ ἄπειρον ἀφιείς. Οὕτω γὰρ καὶ οὐ μετὰ πολλῶν, ἀλλὰ ἐλαφρὰ καὶ
δι´ αὐτῆς· ἐπεὶ καὶ ἐνταῦθα, ὅταν ἐκεῖ ἐθέλῃ εἶναι, ἔτι οὖσα ἐνταῦθα
ἀφίησι πάντα ὅσα ἄλλα· ὀλίγα τοίνυν κἀκεῖ τὰ ἐντεῦθεν· καὶ ἐν οὐρανῷ οὖσα
πλείω. Καὶ εἴποι ἂν ὁ Ἡρακλῆς ἐκεῖνος ἀνδραγαθίας ἑαυτοῦ, ὁ δὲ καὶ ταῦτα
σμικρὰ ἡγούμενος καὶ μετατεθεὶς εἰς ἁγιώτερον τόπον καὶ ἐν τῷ νοητῷ
γεγενημένος καὶ ὑπὲρ τὸν Ἡρακλέα ἰσχύσας τοῖς ἄθλοις, οἷα ἀθλεύουσι σοφοί,
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Traduction française :
[4,3,32] Que dirons-nous du souvenir des amis, des parents, d'une épouse, de la patrie et de tout ce qu'un homme vertueux peut se rappeler convenablement?
Dans l'image de l'âme {l'âme irraisonnable} ces souvenirs seront accompagnés d'une affection passive ; mais dans l'homme {l'âme raisonnable} ils n'en seront pas accompagnés : car les affections existent dès le principe dans l'âme inférieure ; dans l'âme supérieure, par suite de son commerce avec l'autre, il y a aussi quelques affections, mais seulement des affections bonnes. Il convient à l'âme inférieure de chercher à se rappeler les actes de l'âme supérieure, surtout quand elle a été elle-même convenablement cultivée : car elle peut devenir meilleure dès le principe et se former par l'éducation qu'elle reçoit de l'autre. Quant à l'âme supérieure, elle doit volontiers oublier ce qui lui vient de l'âme inférieure. Elle peut d'ailleurs, quand elle est bonne, contenir par sa puissance l'âme qui lui est subordonnée. Plus elle désire se rapprocher du monde intelligible, plus elle doit oublier les choses d'ici-bas, à moins que toute la vie qu'elle a menée ici-bas ne soit telle qu'elle n'ait confié à sa mémoire que des choses louables. Dans ce monde même, en effet, il est beau de s'affranchir des préoccupations humaines ; il est donc convenable également de les y oublier toutes. On peut en ce sens dire avec raison que l'âme vertueuse doit être oublieuse. Elle échappe ainsi au multiple, elle ramène le multiple à l'unité, et abandonne l'indéterminé. Elle cesse donc de vivre avec le multiple, elle s'allège et vit pour elle-même. En effet, quand, étant encore ici-bas, elle désire vivre dans le monde intelligible, elle néglige tout ce qui est étranger à sa nature. Elle retient donc peu de choses terrestres quand elle est arrivée au monde intelligible ; elle en a plus quand elle habite le ciel. Hercule {dans le ciel} peut bien se glorifier de sa valeur ; mais cette valeur même lui paraît peu de chose quand il est arrivé à une région plus sainte encore que le ciel, quand il habite le monde intelligible, et qu'il s'est élevé au-dessus d'Hercule lui-même par la force qu'il a déployée dans ces luttes qui sont les luttes des vrais sages.
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