Texte grec :
[4,3,25] Περὶ δὲ μνήμης, εἰ αὐταῖς ταῖς ψυχαῖς τῶνδε τῶν τόπων ἐξελθούσαις
μνημονεύειν ὑπάρχει, ἢ ταῖς μέν, ταῖς δ´ οὔ, καὶ πάντων ἤ τινων, καὶ εἰ
μνημονεύουσιν ἀεί, ἢ ἐπί τινα χρόνον τὸν ἐγγὺς τῆς ἀφόδου, ζητεῖν ὁμοίως
ἄξιον. Ἀλλ´ εἰ μέλλομεν ὀρθῶς περὶ τούτων τὴν ζήτησιν ποιεῖσθαι, ληπτέον
τί ποτε τὸ μνημονεῦόν ἐστι. Λέγω δὲ οὐ τί μνήμη ἐστίν, ἀλλ´ ἐν τίνι
συνίστασθαι πέφυκε τῶν ὄντων. Τί μὲν γάρ ἐστι μνήμη, εἴρηται ἐν ἄλλοις καὶ
πολλάκις τεθρύλληται, τὸ δὲ μνημονεύειν πεφυκὸς ὅ τί ποτέ ἐστιν
ἀκριβέστερον ληπτέον. Εἰ δέ ἐστι τὸ τῆς μνήμης ἐπικτήτου τινὸς ἢ μαθήματος
ἢ παθήματος, οὔτε τοῖς ἀπαθέσι τῶν ὄντων οὔτε τοῖς μὴ ἐν χρόνῳ ἐγγίνοιτο
ἂν τὸ μνημονεύειν. Μνήμην δὴ περὶ θεὸν οὐδὲ περὶ τὸ ὂν καὶ νοῦν θετέον·
οὐδὲν γὰρ εἰς αὐτοὺς οὐδὲ χρόνος, ἀλλ´ αἰὼν περὶ τὸ ὄν, καὶ οὔτε τὸ
πρότερον οὔτε τὸ ἐφεξῆς, ἀλλ´ ἔστιν ἀεὶ ὡς ἔχει ἐν τῷ αὐτῷ οὐ δεχόμενον
παράλλαξιν. Τὸ δὲ ἐν τῷ αὐτῷ καὶ ὁμοίῳ πῶς ἂν ἐν μνήμῃ γένοιτο, οὐκ ἔχον
οὐδ´ ἴσχον ἄλλην κατάστασιν μεθ´ ἣν εἶχε πρότερον, ἢ νόησιν ἄλλην μετ´
ἄλλην, ἵνα ἐν ἄλλῃ μένῃ, ἄλλης δὲ μνημονεύῃ ἣν εἶχε πρότερον; Ἀλλὰ τί
κωλύει τὰς ἄλλων μεταβολὰς εἰδέναι οὐ μεταβάλλοντα αὐτόν, οἷον κόσμου τὰς
περιόδους; Ἢ ὅτι ἄλλο μὲν πρότερον, ἄλλο δὲ ὕστερον νοήσει ἐπακολουθοῦν
ταῖς τοῦ τρεπομένου μεταβολαῖς, τό τε μνημονεύειν παρὰ τὸ νοεῖν ἄλλο. Τὰς
δὲ αὐτοῦ νοήσεις οὐ μνημονεύειν λεκτέον· οὐ γὰρ ἦλθον, ἵνα κατέχῃ μὴ
ἀπέλθοιεν· ἢ οὕτω γε τὴν οὐσίαν αὐτοῦ φοβοῖτο μὴ ἀπέλθοι ἀπ´ αὐτοῦ. Οὐ
τοίνυν οὐδὲ ψυχὴν φατέον μνημονεύειν τὸν αὐτὸν τρόπον οἷον λέγομεν τὸ
μνημονεύειν εἶναι ὧν ἔχει συμφύτων, ἀλλ´ ἐπειδὴ ἐνταῦθά ἐστιν, ἔχειν καὶ
μὴ ἐνεργεῖν κατ´ αὐτά, καὶ μάλιστα ἐνταῦθα ἡκούσῃ. Τὸ δὲ καὶ ἐνεργεῖν ἤδη
— ταῖς ἐνεργούσαις ἃ εἶχον μνήμην καὶ ἀνάμνησιν προστιθέναι ἐοίκασιν οἱ
παλαιοί. Ὥσθ´ ἕτερον εἶδος μνήμης τοῦτο· διὸ καὶ χρόνος οὐ πρόσεστι τῇ
οὕτω λεγομένῃ μνήμῃ. Ἀλλ´ ἴσως εὐχερῶς περὶ τούτων ἔχομεν καὶ οὐκ
ἐξεταστικῶς. Ἴσως γὰρ ἄν τις ἀπορήσειε, μήποτε οὐ τῆς ψυχῆς ᾖ ἐκείνης ἡ
λεγομένη τοιαύτη ἀνάμνησις καὶ μνήμη, ἀλλὰ ἄλλης ἀμυδροτέρας, ἢ τοῦ
συναμφοτέρου τοῦ ζῴου. Εἴτε γὰρ ἄλλης, πότε ἢ πῶς λαμβανούσης; Εἴτε τοῦ
ζῴου, πότε ἢ πῶς; Διὸ ζητητέον τί ἐστι τῶν ἐν ἡμῖν τὸ τὴν μνήμην ἴσχον,
ὅπερ καὶ ἐξ ἀρχῆς ἐζητοῦμεν· καὶ εἰ μὲν ἡ ψυχὴ ἡ μνημονεύουσα, τίς δύναμις
ἢ τί μέρος, εἰ δὲ τὸ ζῷον, ὥσπερ καὶ τὸ αἰσθανόμενον ἔδοξέ τισι, τίς ὁ
τρόπος, καὶ τί ποτε δεῖ φάναι τὸ ζῷον, καὶ ἔτι εἰ τὸ αὐτὸ τῶν αἰσθημάτων
δεῖ τίθεσθαι ἀντιλαμβάνεσθαι καὶ τῶν νοημάτων, ἢ ἄλλο τοῦ ἑτέρου.
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Traduction française :
[4,3,25] La mémoire soulève les questions suivantes : Subsiste-t-elle généralement dans les âmes qui sont sorties d'ici-bas? Subsiste-t-elle seulement dans quelques-unes? Dans ce dernier cas, est-elle générale ou spéciale, durable ou passagère? Pour bien résoudre ces questions, il faut d'abord déterminer quel est en nous le principe auquel appartient la mémoire ; c'est-à-dire, il faut déterminer non ce qu'est la mémoire, mais en quelle espèce d'êtres elle doit exister en vertu de sa nature. Si la mémoire suppose soit une connaissance, soit une passion adventice, elle ne saurait être attribuée aux essences impassibles et placées en dehors du temps. Elle ne convient donc pas à Dieu, à l'Être et à l'Intelligence, qui existent en dehors du temps, qui sont éternels et immuables, qui n'ont ni avant ni après, qui demeurent toujours dans le même état, sans jamais éprouver aucun changement. Comment ce qui est identique et immuable pourrait-il faire usage de la mémoire, puisqu'il ne saurait acquérir ni garder une disposition différente de la précédente, ni avoir des pensées successives dont l'une serait présente et l'autre serait passée à l'état de souvenir?
Mais {dira-t-on}, qui empêche l'intelligence de connaître les changements des autres êtres, les révolutions périodiques du monde, par exemple, sans changer elle-même? Il faudrait alors qu'elle suivît les changements de l'objet en mouvement, puisqu'elle penserait d'abord une chose, puis une autre. En outre, la pensée est autre chose que la mémoire, et il ne faut pas donner le nom de mémoire à la pensée de soi-même. En effet, l'intelligence ne s'applique pas à retenir ses pensées et à les empêcher de s'échapper ; sinon, elle pourrait craindre aussi que son essence ne lui échappât. Pour l'âme même, se souvenir n'est pas la même chose que se rappeler les notions innées : quand elle est descendue ici-bas, elle peut posséder ces notions sans y penser, surtout si elle est récemment entrée dans les corps. Les anciens semblent avoir appelé mémoire et réminiscence l'acte par lequel l'âme pense aux choses qu'elle possède; c'est là une espèce particulière de mémoire, tout à fait indépendante du temps.
Mais peut-être notre solution semble-t-elle être superficielle et ne pas reposer sur un examen assez approfondi de la question. On pourrait en effet demander si la mémoire et la réminiscence, au lieu d'appartenir à l'âme raisonnable, ne sont pas propres à l'âme inférieure, ou au composé de l'âme et du corps que nous appelons l'animal. Si elles appartiennent à l'âme inférieure, d'où tient-elle ce qu'elle possède et comment le possède-t-elle ? Même question, si c'est l'animal. Pour cela, il faut (comme nous l'avons déjà dit plus haut) chercher quel est en nous le principe auquel appartient la mémoire. Si c'est l'âme qui possède la mémoire, quelle faculté ou quelle partie la mémoire y constitue t-elle? Si c'est à l'animal qu'appartient la mémoire, comme l'ont avancé quelques-uns, le regardant comme le principe sentant, quel est en lui le mode d'action de cette faculté? Que faut-il en outre appeler l'animal? Enfin, est-ce le même pouvoir qui perçoit les choses sensibles et les choses intelligibles, ou bien y a-t-il là deux puissances différentes?
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