Texte grec :
[4,3,11] Καί μοι δοκοῦσιν οἱ πάλαι σοφοί, ὅσοι ἐβουλήθησαν θεοὺς αὐτοῖς
παρεῖναι ἱερὰ καὶ ἀγάλματα ποιησάμενοι, εἰς τὴν τοῦ παντὸς φύσιν
ἀπιδόντες, ἐν νῷ λαβεῖν ὡς πανταχοῦ μὲν εὐάγωγον ψυχῆς φύσις, δέξασθαί γε
μὴν ῥᾷστον ἂν εἴη ἁπάντων, εἴ τις προσπαθές τι τεκτήναιτο ὑποδέξασθαι
δυνάμενον μοῖράν τινα αὐτῆς. Προσπαθὲς δὲ τὸ ὁπωσοῦν μιμηθέν, ὥσπερ
κάτοπτρον ἁρπάσαι εἶδός τι δυνάμενον. Καὶ γὰρ ἡ τοῦ παντὸς φύσις πάντα
εὐμηχάνως ποιησαμένη εἰς μίμησιν ὧν εἶχε τοὺς λόγους, ἐπειδὴ ἕκαστον οὕτως
ἐγένετο ἐν ὕλῃ λόγος, ὃς κατὰ τὸν πρὸ ὕλης ἐμεμόρφωτο, συνήψατο τῷ θεῷ
ἐκείνῳ, καθ´ ὃν ἐγίνετο καὶ εἰς ὃν εἶδεν ἡ ψυχή, καὶ εἶχε ποιοῦσα. Καὶ δὴ
οὐχ οἷόν τε ἦν ἄμοιρον αὐτοῦ γενέσθαι, οὐδὲ ἐκεῖνον αὖ κατελθεῖν εἰς
τοῦτον. Ἦν δὴ νοῦς ἐκεῖνος ὁ ἐκεῖ ἥλιος — οὗτος γὰρ ἡμῖν γινέσθω
παράδειγμα τοῦ λόγου — ἐφεξῆς δὲ τούτῳ ψυχὴ ἐξηρτημένη μένοντος νοῦ
μένουσα. Δίδωσι δὴ αὕτη τὰ πέρατα αὐτῆς τὰ πρὸς τοῦτον τὸν ἥλιον τούτῳ τῷ
ἡλίῳ, καὶ ποιεῖ διὰ μέσου αὐτῆς κἀκεῖ συνῆφθαι οἷον ἑρμηνευτικὴ γενομένη
τῶν τε ἀπ´ ἐκείνου εἰς τοῦτον καὶ τῶν τούτου εἰς ἐκεῖνον, ὅσον διὰ ψυχῆς
εἰς ἐκεῖνον φθάνει. Οὐ γὰρ μακρὰν οὐδὲ πόρρω οὐδενὸς οὐδὲν καὶ αὖ πόρρω τῇ
διαφορᾷ καὶ μὴ μίξει, ἀλλ´ εἶναι ἐφ´ ἑαυτοῦ {οὐ τόποις} καὶ συνεῖναι χωρὶς
ὄν. Θεοὶ δέ εἰσιν οὗτοι τῷ ἀεὶ μὴ ἀποστατεῖν ἐκείνων, καὶ τῇ μὲν ἐξαρχῆς
ψυχῇ προσηρτῆσθαι τῇ οἷον ἀπελθούσῃ ψυχῇ, ταύτῃ δέ, ᾗπερ καί εἰσι καὶ ὃ
λέγονται, πρὸς νοῦν βλέπειν οὐδαμοῦ ψυχῆς αὐτοῖς ἢ ἐκεῖ βλεπούσης.
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Traduction française :
[4,3,11] Les anciens sages, qui voulaient se rendre les dieux présents en fabriquant des statues, me paraissent avoir bien pénétré la nature de l'univers : ils ont compris que l'essence de l'Âme universelle est facile à attirer partout, qu'elle peut être aisément rendue présente dans toute chose disposée pour recevoir son action et pour participer ainsi quelque peu à sa puissance. Or une chose est toujours disposée à subir l'action de l'Âme quand elle se prête comme un miroir à recevoir toute espèce d'image. La Nature dans l'univers forme avec un art admirable tous les êtres à l'image des raisons qu'elle possède : dans chacune de ses uvres la raison {séminale} unie à la matière, étant l'image de la raison supérieure à la matière {de l'idée}, se rattache à la Divinité {à l'Intelligence} d'après laquelle elle a été engendrée, et que l'Âme universelle a contemplée pour créer. Il était donc également impossible qu'il y eût ici-bas quelque chose qui ne participât pas de la Divinité, et que celle-ci descendît ici-bas : car elle est l'Intelligence, le Soleil qui brille là-haut. Considérons-la comme le modèle de la Raison. Au-dessous de l'Intelligence est l'Âme, qui en dépend, qui subsiste par elle et avec elle. L'Âme tient à ce Soleil {à l'Intelligence} : elle est l'intermédiaire par lequel les êtres d'ici-bas se rattachent aux êtres intelligibles, l'interprète des choses qui descendent du monde intelligible dans le monde sensible et des choses du monde sensible qui remontent dans le monde intelligible. En effet les choses intelligibles ne sont pas éloignées les unes des autres ; elles sont seulement distinguées par leur différence et leur constitution; elles sont chacune en elle-même, sans aucune relation avec le lieu ; elles sont à la fois unies et distinctes. Les êtres que nous appelons des dieux méritent d'être regardés comme tels parce que jamais ils ne s'écartent des intelligibles, qu'ils sont suspendus à l'Âme universelle considérée dans son principe, au moment même où elle sort de l'Intelligence. Ainsi, ces êtres sont des dieux en vertu même du principe auquel ils doivent leur existence, et parce qu'ils se livrent à la contemplation de l'Intelligence, dont l'Âme universelle elle-même ne détache point ses regards.
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