Texte grec :
[4,3,16] Τὰ μὲν οὖν γινόμενα τιμωρήματα εἰς τοὺς πονηροὺς μετὰ δίκης τῇ τάξει
ἀποδιδόναι προσήκει ὡς κατὰ τὸ δέον ἀγούσῃ· ὅσα δὲ τοῖς ἀγαθοῖς συμβαίνει
ἔξω δίκης, οἷον κολάσεις ἢ πενίαι ἢ νόσοι, ἆρα διὰ προτέρας ἁμαρτίας
λεκτέον γίνεσθαι; Συμπέπλεκται γὰρ ταῦτα καὶ προσημαίνεται, ὡς καὶ αὐτὰ
κατὰ λόγον γίγνεσθαι. Ἢ οὐ κατὰ λόγους φυσικοὺς ταῦτα, οὐδ´ ἦν ἐν τοῖς
προηγουμένοις, ἀλλ´ ἑπόμενα ἐκείνοις· οἷον πιπτούσης τινὸς οἰκοδομίας τὸν
ὑποπεσόντα ἀποθανεῖν ὁποῖός ποτ´ ἂν ᾖ, ἢ καὶ ἵππων δύο κατὰ τάξιν
φερομένων ἢ καὶ ἑνὸς τὸ ἐμπεσὸν τρωθῆναι ἢ πατηθῆναι. Ἢ καὶ τὸ ἄδικον
τοῦτο οὐ κακὸν ὂν τῷ παθόντι πρὸς τὴν τοῦ ὅλου χρήσιμον πλοκήν. Ἢ οὐδὲ
ἄδικον ἐκ τῶν πρόσθεν ἔχον τὴν δικαίωσιν. Οὐ γὰρ τὰ μὲν δεῖ νομίζειν
συντετάχθαι, τὰ δὲ κεχαλάσθαι εἰς τὸ αὐτεξούσιον. Εἰ γὰρ κατ´ αἰτίας
γίγνεσθαι δεῖ καὶ φυσικὰς ἀκολουθίας καὶ κατὰ λόγον ἕνα καὶ τάξιν μίαν,
καὶ τὰ σμικρότερα δεῖ συντετάχθαι καὶ συνυφάνθαι νομίζειν. Καὶ τὸ ἄδικον
δὴ τὸ παρ´ ἄλλου εἰς ἄλλον αὐτῷ μὲν τῷ ποιήσαντι ἄδικον, καὶ οὐκ ἀφείθη
αἰτίας ὁ δράσας, συντεταγμένον δ´ ἐν τῷ παντὶ οὐκ ἄδικον ἐν ἐκείνῳ οὐδ´
εἰς τὸν παθόντα, ἀλλ´ οὕτως ἐχρῆν. Εἰ δ´ ἀγαθὸς ὁ παθών, εἰς ἀγαθὸν ἡ
τελευτὴ τούτων. Δεῖ γὰρ τήνδε τὴν σύνταξιν <οὐκ ἀθεεὶ> οὐδὲ ἄδικον, ἀλλ´
ἀκριβῆ εἰς τὴν τοῦ προσήκοντος ἀπόδοσιν νομίζειν, ἀδήλους δὲ ἔχειν τὰς
αἰτίας καὶ τοῖς οὐκ εἰδόσι παρέχειν μέμψεως αἰτίας.
|
|
Traduction française :
[4,3,16] Les châtiments qui frappent justement les méchants doivent donc être rapportés à cet ordre qui régit toutes choses comme la convenance l'exige. Quant aux maux qui semblent frapper les bons contre toute justice, accidents, misère, maladies, on peut dire que ce sont les conséquences de fautes antérieures. Car ces maux sont étroitement liés au cours des choses, et y ont même leurs signes, en sorte qu'ils paraissent arriver selon la Raison {de l'univers}. Il faut cependant admettre qu'ils ne sont, pas produits par des raisons naturelles, qu'ils ne sont pas dans les vues de la Providence, qu'ils en sont seulement les conséquences accidentelles. Ainsi, qu'une maison vienne à tomber, elle écrase celui qui est dessous, quel qu'il soit d'ailleurs; ou bien encore, qu'un mouvement régulier fasse avancer deux choses ou même une seule, il brise ou écrase ce qu'il rencontre. Ces accidents, qui semblent injustes, ne sont pas des maux pour celui qui les souffre, si l'on considère comment ils se rattachent à l'ordre salutaire de l'univers ; peut-être même constituent-ils de justes peines, et sont-ils l'expiation de fautes antérieures. Il ne faut pas croire qu'il y ait dans l'univers une série d'êtres qui obéisse à l'ordre, et une autre série qui reste abandonnée au hasard et au caprice : si tout arrive par des causes et des conséquences naturelles, conformément à une seule raison, à un seul ordre, les plus petites choses doivent rentrer dans cet ordre et s'y rattacher. L'injustice faite à autrui est une injustice pour celui qui la commet et doit lui attirer un châtiment ; mais, par la place qu'elle tient dans l'ordre universel, ce n'est pas une injustice, même pour celui qui la souffre; il fallait qu'il en fût ainsi : si c'est un homme vertueux qui est victime de cette injustice, elle ne peut avoir pour lui qu'une fin heureuse. On ne doit pas croire que cet ordre universel ne soit ni juste ni divin, mais admettre au contraire que la justice distributive s'y exerce avec une convenance parfaite. Si certaines choses semblent blâmables, c'est qu'elles arrivent par des causes secrètes que nous ignorons.
|
|