Texte grec :
[4,3,6] Διὰ τί δὲ ἡ μὲν τοῦ παντὸς ψυχὴ ὁμοειδὴς οὖσα πεποίηκε κόσμον, ἡ δὲ
ἑκάστου οὔ, ἔχουσα καὶ αὐτὴ πάντα ἐν ἑαυτῇ; Τὸ γὰρ δύνασθαι ἐν πολλοῖς
γίνεσθαι ἅμα καὶ εἶναι εἴρηται. Νῦν δὲ λεκτέον — τάχα γὰρ καὶ πῶς ταὐτὸν
ἐν ἄλλῳ καὶ ἄλλῳ τὸ μὲν τοδί, τὸ δὲ τοδὶ ποιεῖ ἢ πάσχει ἢ ἄμφω,
γνωσθήσεται· ἢ καθ´ αὑτό γε τοῦτο ἐπισκεπτέον — πῶς οὖν καὶ διὰ τί κόσμον
πεποίηκεν, αἱ δὲ μέρος τι κόσμου διοικοῦσιν; Ἢ θαυμαστὸν οὐδὲν τοὺς τὴν
αὐτὴν ἐπιστήμην ἔχοντας τοὺς μὲν πλειόνων, τοὺς δὲ ἐλαττόνων ἄρχειν. Ἀλλὰ
διὰ τί, εἰπεῖν ἂν ἔχοι τις. Ἀλλ´ ἔστιν, εἴποι τις ἄν, καὶ ψυχῶν διαφορά, ἢ
μᾶλλον, καθὸ ἡ μὲν οὐκ ἀπέστη τῆς ὅλης, ἀλλ´ ἔσχεν ἐκεῖ οὖσα περὶ αὐτὴν τὸ
σῶμα, αἱ δὲ ἤδη ὄντος οἷον ἀδελφῆς ψυχῆς ἀρχούσης μοίρας διέλαχον, οἷον
προπαρασκευασάσης ταύτης αὐταῖς οἰκήσεις. Ἔστι δὲ καὶ τὴν μὲν πρὸς τὸν
ὅλον νοῦν ἰδεῖν, τὰς δὲ μᾶλλον πρὸς τοὺς αὑτῶν τοὺς ἐν μέρει. Τάχα δ´ ἂν
καὶ αὗται δύναιντο ποιεῖν, τῆς δὲ ποιησάσης οὐκέτι οἷόν τε καὶ αὐταῖς,
πρώτης ἐκείνης ἀρξάσης. Τὸ δ´ αὐτὸ ἄν τις ἠπόρησε, καὶ εἰ ἡτισοῦν καὶ ἄλλη
πρώτη κατεῖχε. Βέλτιον δὲ λέγειν τῷ ἐξηρτῆσθαι μᾶλλον τῶν ἄνω· τῶν γὰρ
ἐκεῖ νενευκότων ἡ δύναμις μείζων. Σῴζουσαι γὰρ αὑτὰς ἐπ´ ἀσφαλοῦς ἐκ τοῦ
ῥᾴστου ποιοῦσι· δυνάμεως γὰρ μείζονος μὴ πάσχειν ἐν οἷς ποιεῖ· ἡ δὲ
δύναμις ἐκ τοῦ ἄνω μένειν. Μένουσα οὖν ἐν αὐτῇ ποιεῖ προσιόντων, αἱ δὲ
αὐταὶ προσῆλθον. Ἀπέστησαν οὖν εἰς βάθος. Ἢ πολὺ αὐτῶν καθελκυσθὲν
συνεφειλκύσατο καὶ αὐτὰς ταῖς γνώμαις εἰς τὸ κάτω εἶναι. Τὸ γὰρ <δευτέρας
καὶ τρίτας> τῷ ἐγγύθεν καὶ τῷ πορρώτερον ὑπονοητέον εἰρῆσθαι, ὥσπερ καὶ
παρ´ ἡμῖν οὐχ ὁμοίως πάσαις ψυχαῖς ὑπάρχει τὸ πρὸς τὰ ἐκεῖ, ἀλλ´ οἱ μὲν
ἑνοῖντο ἄν, οἱ δὲ βάλλοιεν ἂν ἐγγὺς ἐφιέμενοι, οἷς δὲ ἧττον ἂν ἔχοι τοῦτο,
καθὸ ταῖς δυνάμεσιν οὐ ταῖς αὐταῖς ἐνεργοῦσιν, ἀλλ´ οἱ μὲν τῇ πρώτῃ, οἱ δὲ
τῇ μετ´ ἐκείνην, οἱ δὲ τῇ τρίτῃ, ἁπάντων τὰς πάσας ἐχόντων.
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Traduction française :
[4,3,6] Si l'Âme universelle et les âmes particulières sont conformes, comment se fait-il que la première ait créé le monde et que les autres ne l'aient point créé, puisqu'elles contiennent aussi chacune toutes choses en elle-même, et que nous avons déjà montré que la puissance productrice peut exister à la fois en plusieurs êtres? Expliquons-en la raison maintenant. Nous pourrons ainsi examiner et découvrir comment la même essence peut agir, ou pâtir, ou agir et pâtir, d'une manière différente en différents êtres. Comment donc et pourquoi l'Âme universelle a-t-elle fait l'univers, tandis que les âmes particulières en administrent seulement chacune une partie ? Cela n'est pas plus étonnant que de voir des hommes qui possèdent la même science commander les uns à un plus grand nombre, les autres à un moindre. Mais pourquoi en est-il ainsi, dira-t-on? C'est, pourra-t-on répondre, qu'il existe une grande différence entre les âmes : elle consiste en ce que les unes, au lieu de se séparer de l'Âme universelle, sont restées dans le monde intelligible et ont contenu le corps {de l'univers}, tandis que les autres, lorsque le corps {de l'univers} existait déjà et que l'Âme, leur soeur, le gouvernait, ont pris les lots qui leur sont échus par le sort, comme si celle-ci leur avait préparé des demeures destinées à les recevoir. En outre, l'Âme universelle contemple l'Intelligence universelle, et les âmes particulières contemplent plutôt les intelligences particulières. Ces âmes eussent peut-être été capables aussi de faire l'univers ; mais cela ne leur est plus possible maintenant que l'Âme universelle l'a déjà fait et les a devancées. On aurait lieu d'ailleurs de faire la même question si toute autre âme eût fait l'univers la première. Peut-être est-il préférable d'admettre que, si l'Âme universelle a créé l'univers, c'est parce qu'elle est plus étroitement attachée aux choses intelligibles : car les âmes qui inclinent vers elles ont plus de puissance ; en se maintenant dans cette région tranquille, elles agissent avec plus de facilité ; or, c'est le signe d'une plus grande puissance d'agir sans pâtir. Ainsi, la puissance suspendue au monde intelligible demeure en elle-même, et, en demeurant en elle-même, elle produit. Les autres âmes, descendant vers les corps, s'éloignent du monde intelligible et tombent dans l'abîme {de la matière}. Peut-être aussi l'élément multiple qui est en elles, se trouvant porté vers les régions inférieures, y a entraîné les conceptions de ces âmes et les a fait descendre ici-bas. En effet, la distinction du second et du troisième rang pour les âmes doit s'entendre en ce sens que les unes sont plus près, les autres plus loin du monde intelligible. De même, parmi nous, toutes les âmes ne sont pas également disposées à l'égard de ce monde : les unes parviennent à s'y unir; d'autres s'en rapprochent par leurs aspirations ; d'autres enfin y réussissent moins, parce qu'elles ne se servent pas des mêmes facultés et que les unes emploient la première, les autres la seconde, celles-là la troisième, quoiqu'elles possèdent également toutes ces puissances.
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