Texte grec :
[4,3,8] Ταῦτα μὲν οὖν οὕτως ἂν ἔχοι λύσεως καὶ τοῦ τῆς συμπαθείας μὴ
ἐμποδίζοντος τὸν λόγον· ἐκ γὰρ τῆς αὐτῆς πᾶσαι οὖσαι, ἐξ ἧς καὶ ἡ τοῦ
ὅλου, συμπαθεῖς. Καὶ γὰρ εἴρηται, ὅτι καὶ μία καὶ πολλαί. Περὶ δὲ τοῦ
μέρους πρὸς τὸ ὅλον τῆς διαφορᾶς ὅπως, εἴρηται. Εἴρηται δὲ καὶ ὅλως περὶ
διαφορᾶς ψυχῆς καὶ νῦν συντόμως λεγέσθω, ὅτι καὶ παρὰ τὰ σώματα μὲν ἂν
γίγνοιτο διαφέρειν καὶ ἐν τοῖς ἤθεσι μάλιστα καὶ ἐν τοῖς τῆς διανοίας
ἔργοις καὶ ἐκ τῶν προβεβιωμένων βίων· κατὰ γὰρ τοὺς προβεβιωμένους φησὶ
τὰς αἱρέσεις ταῖς ψυχαῖς γίγνεσθαι. Εἰ δέ τις φύσιν ψυχῆς ὅλως λαμβάνοι,
καὶ ἐν ταύταις εἴρηνται αἱ διαφοραί, ἐν οἷς καὶ δεύτερα καὶ τρίτα ἐλέγετο,
καὶ ὅτι πάντα πᾶσαι, κατὰ δὲ τὸ ἐνεργῆσαν ἐν αὐτῇ ἑκάστη· τοῦτο δὲ τῷ τὴν
μὲν ἑνοῦσθαι ἐνεργείᾳ, τὴν δὲ ἐν γνώσει εἶναι, τὴν δὲ ἐν ὀρέξει, καὶ ἐν
τῷ ἄλλην ἄλλα βλέπειν καὶ ἅπερ βλέπει εἶναι καὶ γίγνεσθαι· καὶ τὸ πλῆρες
δὲ ταῖς ψυχαῖς καὶ τέλειον οὐχὶ ταὐτὸν πάσαις. Ἀλλ´ εἰ ποικίλον τὸ ὅλον
σύνταγμα αὐταῖς — εἷς γὰρ πᾶς λόγος πολὺς καὶ ποικίλος, ὥσπερ ζῷον ψυχικὸν
πολλὰς μορφὰς ἔχον — εἰ δὴ τοῦτο, καὶ σύνταξίς ἐστι, καὶ οὐ διέσπασται τὰ
ὄντα ὅλως ἀπ´ ἀλλήλων, οὐδὲ τὸ εἰκῆ ἐν τοῖς οὖσιν, ὅπου μηδὲ ἐν τοῖς
σώμασι, καὶ ἀριθμόν τινα ἀκόλουθόν ἐστιν εἶναι. Καὶ γὰρ αὖ ἑστάναι δεῖ τὰ
ὄντα, καὶ τὰ αὐτὰ τὰ νοητὰ εἶναι, καὶ ἕκαστον ἓν ἀριθμῷ εἶναι· οὕτω γὰρ τὸ
τόδε. Τοῖς μὲν γὰρ τῶν σωμάτων τῷ φύσει τοῦ καθέκαστον ῥέοντος ἅτε ἐπακτοῦ
τοῦ εἴδους ὄντος τὸ εἶναι κατ´ εἶδος ἀεὶ ὑπάρχει μιμήσει τῶν ὄντων, τοῖς
δὲ ἅτε οὐκ ἐκ
συνθέσεως οὖσι τὸ εἶναί ἐστιν ἐν τῷ ὅ ἐστιν ἀριθμῷ ἕν, ὅπερ ἐξ ἀρχῆς
ὑπάρχει, καὶ οὔτε γίνεται ὃ μὴ ἦν, οὔτε ὅ ἐστιν οὐκ ἔσται. Ἐπεὶ καὶ εἰ
ποιοῦν τι ἔσται αὐτά, ἐκ μὲν ὕλης οὐκ ἄν· εἰ δὲ καὶ τοῦτο, δεῖ τι καὶ ἐξ
αὐτοῦ οὐσιῶδες προσθεῖναι· ὥστε μεταβολὴ περὶ αὐτὸ ἐκεῖνο ἔσται, εἰ νῦν
πλέον ποιεῖ ἢ ἔλαττον. Καὶ διὰ τί νῦν, ἀλλ´ οὐκ ἀεὶ οὕτως; Καὶ τὸ
γενόμενον δὲ οὐκ ἀίδιον, εἴπερ πλέον καὶ ἔλαττον· κεῖται δὲ ἡ ψυχὴ
τοιοῦτον. Πῶς οὖν ἄπειρον, εἰ στήσεται; Ἢ τῇ δυνάμει τὸ ἄπειρον, ὅτι ἡ
δύναμις ἄπειρος, οὐχ ὡς μερισθησομένης εἰς ἄπειρον. Ἐπεὶ καὶ ὁ θεὸς οὐ
πεπερασμένος. Καὶ αὗται τοίνυν οὐ πέρατι ἀλλοτρίῳ ἐστὶν ἑκάστη ὅ ἐστιν,
οἷον τοσαύτη, ἀλλ´ αὐτή ἐστιν ὅσον θέλει, καὶ οὐ μή ποτε γένηται προιοῦσα
ἔξω αὐτῆς, ἀλλὰ φθάνει μὲν πανταχοῦ, ὃ πέφυκεν αὐτῆς ἐπὶ τὰ σώματα {εἰς τὰ
σώματα} φθάνειν· οὐ μὴν διέσπασται ἀφ´ ἑαυτῆς, ὅταν ᾖ καὶ ἐν τῷ δακτυλίῳ
καὶ ἐν τῷ ποδί. Οὕτω δὴ καὶ ἐν τῷ παντί, εἰς ὃ ἂν φθάνῃ, ἐν ἄλλῳ καὶ ἄλλῳ
μέρει φυτοῦ καὶ ἀποτετμημένου, ὥστε εἶναι καὶ ἐν τῷ ἐξ ἀρχῆς φυτῷ καὶ τῷ
ἀπ´ αὐτοῦ τετμημένῳ· ἓν γὰρ τὸ σῶμα τοῦ παντός, καὶ ὡς ἐν ἑνί ἐστιν αὐτοῦ
πανταχοῦ. Καὶ σαπέντος δὲ ζῴου εἰ πολλὰ ἐξ αὐτοῦ, ἐκείνη μὲν οὐκέτι ἐστὶν
ἡ τοῦ παντὸς ζῴου ψυχὴ ἐν τῷ σώματι· οὐ γὰρ ἔχει αὖ τὸ δεκτικὸν αὐτῆς· οὐ
γὰρ ἂν ἀπέθανε. Τὰ δὲ ἐκ τῆς φθορᾶς ἐπιτηδείως ἔχοντα πρὸς γενέσεις ζῴων,
τὰ μὲν τῶνδε, τὰ δὲ τῶνδε, ἴσχει ψυχὴν οὐδενὸς ὄντος ὅτου ἀποστατεῖ, ὄντος
δὲ τοῦ μὲν δέχεσθαι, τοῦ δὲ μὴ δέχεσθαι δυναμένου. Καὶ τὰ γιγνόμενα οὕτως
ἔμψυχα οὐ πλείους ἐποίησε ψυχάς· ἐξήρτηται γὰρ τῆς μιᾶς, ἣ μένει μία·
ὥσπερ καὶ ἐν ἡμῖν ἀποτεμνομένων τινῶν, ἄλλων δὲ ἀντ´ αὐτῶν φυομένων, τῶν
μὲν ἀπέστη ἡ ψυχή, τοῖς δὲ προσεγένετο, ἕως ἡ μία μένει. Ἐν δὲ τῷ παντὶ
μένει ἀεὶ ἡ μία· τὰ δὲ ἐντὸς τὰ μὲν ἴσχει, τὰ δὲ ἀποτίθεται, τῶν αὐτῶν
ψυχικῶν μενόντων.
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Traduction française :
[4,3,8] Telle est la solution que nous avons à proposer. On ne saurait nous objecter la sympathie qui existe entre les âmes. Cette sympathie s'explique par ce fait que toutes les âmes dérivent du même principe dont dérive aussi l'Âme universelle. Nous avons déjà montré qu'il y a une Âme {l'Âme universelle} et plusieurs âmes {les âmes particulières} ; nous avons également déterminé la différence qu'il y a entre les parties et le tout. Enfin nous avons aussi parlé de la différence qui existe entre les âmes. Maintenant, revenons brièvement sur ce dernier point.
Cette différence des âmes a pour causes principales, outre la constitution des corps qu'elles animent, les murs, les opérations, les pensées et la conduite de ces âmes dans les existences antérieures. C'est en effet des existences antérieures que Platon fait dépendre pour les âmes le choix de leur condition. Si l'on considère enfin la nature des âmes en général, on trouve que Platon en assigne les différences en disant qu'il est des âmes qui occupent le second ou le troisième rang. Or, nous avons dit que toutes les âmes sont toutes choses {en puissance}, que chacune d'elles est caractérisée par la faculté qu'elle exerce principalement, c'est-à-dire que celle-ci s'unit en acte au monde intelligible, celle-là en pensée, cette autre en désir. Les âmes, contemplant ainsi divers objets, sont et deviennent ce qu'elles contemplent. La plénitude et la perfection appartiennent aussi aux âmes, mais elles ne sont pas toutes identiques sous ce rapport, parce que la variété est la loi qui préside à leur coordination. En effet, la Raison {génératrice} universelle est une d'un côté, multiple et variée de l'autre, comme un être qui est animé et qui a des formes multiples. S'il en est ainsi, il y a coordination; les êtres ne sont pas complètement séparés les uns des autres, et il n'y a pas de place pour le hasard dans les êtres réels ni même dans les corps ; par conséquent le nombre des êtres est déterminé. Il faut en effet que les êtres soient stables, que les intelligibles demeurent identiques, et que chacun d'eux soit numériquement un; c'est à cette condition qu'il sera individu. Quant aux corps, qui par leur nature sont dans un écoulement perpétuel parce que leur forme est pour eux une chose adventice, ils ne possèdent jamais l'existence formelle que par leur participation aux êtres véritables. Pour ces derniers au contraire, qui ne sont pas composés, l'existence consiste à être chacun numériquement un, à posséder cette unité qui est dès l'origine, qui ne devient pas ce qu'elle n'était pas, qui ne cessera pas d'être ce qu'elle est. En effet, s'il doit y avoir un principe qui les produise, il ne les tirera pas de la matière. Il faudra donc qu'il leur ajoute quelque chose de sa propre essence. Mais, si les intelligibles ont ainsi tantôt plus, tantôt moins de perfection, ils changeront (ce qui est en contradiction avec leur essence, qui est de demeurer identiques) ; pourquoi d'ailleurs deviendraient-ils tels maintenant et n'auraient-ils pas toujours été tels? Enfin, s'ils sont tantôt plus, tantôt moins parfaits, s'ils deviennent, ils ne sont pas éternels. Or il est admis que l'âme est éternelle {en sa qualité d'essence intelligible}.
Mais {demandera-t-on encore}, peut-on appeler infini ce qui est stable! Ce qui est stable est infini par sa puissance, parce que sa puissance est infinie sans être d'ailleurs divisée à l'infini : car Dieu aussi est infini {en ce sens qu'il n'a pas de limites}. Ainsi, chaque âme est ce qu'il est dans sa nature d'être, sans recevoir d'autrui une limite ni une quantité déterminée ; elle s'étend autant qu'elle veut; elle n'est jamais contrainte d'aller plus loin ; mais partout elle descend vers les corps et les pénètre comme c'est dans sa nature. D'ailleurs, elle ne se sépare jamais d'elle-même, quand elle est présente dans le doigt ou dans le pied. Il en est de même pour l'univers : en quelque endroit que pénètre l'Âme, elle reste toujours indivisible, comme lorsqu'elle pénètre les diverses parties d'une plante; alors, si l'on coupe une certaine partie, le principe qui lui communique la vie reste à la fois présent dans la plante et dans la partie qui en a été détachée. Le corps de l'univers est un, et l'Âme est partout dans son unité.
Si, quand un animal se putréfie, il s'y engendre une foule d'animalcules, ils ne tiennent pas leur vie de l'âme de l'animal entier : celle-ci a abandonné le corps de l'animal et n'y a plus son siège puisqu'il est mort. Mais les matériaux qui proviennent de la putréfaction, étant convenablement disposés pour la génération d'animalcules, reçoivent chacun une âme différente, parce que l'Âme ne fait défaut nulle part. Cependant, comme une partie de ce corps est capable de la recevoir, et qu'une autre partie n'en est pas capable, les parties qui deviennent ainsi animées n'augmentent pas le nombre des âmes : car ces animalcules dépendent de l'Âme une en tant qu'elle reste une {c'est-à-dire de l'Âme universelle}. C'est comme en nous : quand on coupe quelques parties de notre corps, et que d'autres poussent à la place, notre âme abandonne les premières, et s'unit aux secondes en tant qu'elle reste une. Or l'Âme de l'univers demeure toujours une, et bien que, parmi les choses qui sont contenues dans cet univers, les unes soient animées, les autres inanimées, les puissances animiques n'en restent pas moins toujours les mêmes.
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