[4,3,5] Ἀλλὰ πῶς ἔτι ἡ μὲν σή, ἡ δὲ τοῦδε, ἡ δὲ ἄλλου ἔσται; ἆρ´ οὖν τοῦδε μὲν
κατὰ τὸ κάτω, οὐ τοῦδε δέ, ἀλλ´ ἐκείνου κατὰ τὸ ἄνω; Ἀλλ´ οὕτω γε Σωκράτης
μὲν ἔσται ὅταν ἐν σώματι καὶ ἡ Σωκράτους ψυχή· ἀπολεῖται δέ, ὅταν μάλιστα
γένηται ἐν τῷ ἀρίστῳ. Ἢ ἀπολεῖται οὐδὲν τῶν ὄντων· ἐπεὶ κἀκεῖ οἱ νόες οὐκ
ἀπολοῦνται, ὅτι μή εἰσι σωματικῶς μεμερισμένοι, εἰς ἕν, ἀλλὰ μένει ἕκαστον
ἐν ἑτερότητι ἔχον τὸ αὐτὸ ὅ ἐστιν εἶναι. Οὕτω τοίνυν καὶ ψυχαὶ ἐφεξῆς καθ´
ἕκαστον νοῦν ἐξηρτημέναι, λόγοι νῶν οὖσαι καὶ ἐξειλιγμέναι μᾶλλον ἢ
ἐκεῖνοι, οἷον πολὺ ἐξ ὀλίγου γενόμεναι, συναφεῖς τῷ ὀλίγῳ οὖσαι ἀμερεστέρῳ
ἐκείνων ἑκάστῳ, μερίζεσθαι ἤδη θελήσασαι καὶ οὐ δυνάμεναι εἰς πᾶν μερισμοῦ
ἰέναι, τὸ ταὐτὸν καὶ ἕτερον σῴζουσαι, μένει τε ἑκάστη ἓν καὶ ὁμοῦ ἓν
πᾶσαι. Εἴρηται δὴ κεφάλαιον τοῦ λόγου, ὅτι ἐκ μιᾶς, καὶ αἱ ἐκ μιᾶς πολλαὶ
κατὰ τὰ αὐτὰ τῷ νῷ, κατὰ τὰ αὐτὰ μερισθεῖσαι καὶ οὐ μερισθεῖσαι, καὶ λόγος
εἷς τοῦ νοῦ ἡ μένουσα καὶ ἀπ´ αὐτῆς λόγοι μερικοὶ καὶ ἄυλοι, ὥσπερ ἐκεῖ.
| [4,3,5] Mais {demandera-t-on}, comment l'Âme universelle peut-elle être à la fois ton âme, l'âme de celui-ci, l'âme de celui-là? Sera-t-elle l'âme de celui-ci par sa partie inférieure, l'âme de celui-là par sa partie supérieure ?
Professer une pareille doctrine, ce serait admettre que l'âme de Socrate vivrait tant qu'elle serait dans un corps, tandis qu'elle serait anéantie {en allant se perdre dans le sein de l'Âme universelle} au moment même où {par suite de sa séparation d'avec le corps} elle se trouverait dans ce qu'il y a de meilleur {dans le monde intelligible} Non : nul des êtres véritables ne périt. Les intelligences elles-mêmes ne se perdent pas là-haut {dans l'Intelligence divine} parce qu'elles n'y sont pas divisées à la manière des corps, et qu'elles y subsistent chacune avec leur caractère propre, joignant à leur différence cette identité qui constitue l'être. Étant placées au-dessous des intelligences particulières auxquelles elles sont suspendues, les âmes particulières sont les raisons {nées} des intelligences, sont des intelligences plus développées ; de peu multiples, elles deviennent très multiples, tout en restant unies aux essences peu multiples ; comme elles tendent à introduire la séparation dans ces essences moins divisibles {les intelligences}, et qu'elles ne peuvent cependant arriver aux dernières limites de la division, elles conservent à la fois leur identité et leur différence : chacune demeure une, et toutes ensemble forment une unité.
Nous avons ainsi établi déjà le point important de la discussion, savoir que toutes les âmes procèdent d'une seule Âme, que d'une elles deviennent multiples, comme cela a lieu pour les intelligences, divisées de la même façon et en même temps indivises. L'Âme qui demeure dans le monde intelligible est la Raison une et indivisible {née} de l'Intelligence, et de cette Âme procèdent les raisons particulières et immatérielles, de la même manière que là-haut {les intelligences particulières procèdent de l'Intelligence une et absolue}.
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