[4,3,24] Ἀλλὰ ποῦ ἐξελθοῦσα τοῦ σώματος γενήσεται; Ἢ ἐνταῦθα μὲν οὐκ ἔσται,
οὗ οὐκ ἔστι τὸ δεχόμενον ὁπωσοῦν, οὐδὲ δύναται παραμένειν τῷ μὴ πεφυκότι
αὐτὴν δέχεσθαι, εἰ μή τι ἔχοι αὐτοῦ ὃ ἕλκει πρὸς αὐτὸ ἄφρονα οὖσαν. Ἔστι
δὲ ἐν ἐκείνῳ, εἰ ἄλλο ἔχει, κἀκεῖ ἀκολουθεῖ, οὗ πέφυκε τοῦτο εἶναι καὶ
γίνεσθαι. Ὄντος δὲ πολλοῦ καὶ ἑκάστου τόπου, καὶ παρὰ τῆς διαθέσεως ἥκειν
δεῖ τὸ διάφορον, ἥκειν δὲ καὶ παρὰ τῆς ἐν τοῖς οὖσι δίκης. Οὐ γὰρ μή ποτέ
τις ἐκφύγοι, ὃ παθεῖν ἐπ´ ἀδίκοις ἔργοις προσήκει· ἀναπόδραστος γὰρ ὁ
θεῖος νόμος ὁμοῦ ἔχων ἐν ἑαυτῷ τὸ ποιῆσαι τὸ κριθὲν ἤδη. Φέρεται δὲ καὶ
αὐτὸς ὁ πάσχων ἀγνοῶν ἐφ´ ἃ παθεῖν προσήκει, ἀστάτῳ μὲν τῇ φορᾷ πανταχοῦ
αἰωρούμενος ταῖς πλάναις, τελευτῶν δὲ ὥσπερ πολλὰ καμὼν οἷς ἀντέτεινεν εἰς
τὸν προσήκοντα αὐτῷ τόπον ἐνέπεσεν, ἑκουσίῳ τῇ φορᾷ τὸ ἀκούσιον εἰς τὸ
παθεῖν ἔχων. Εἴρηται δὲ ἐν τῷ νόμῳ καὶ ὅσον καὶ ἐφ´ ὅσον δεῖ παθεῖν, καὶ
πάλιν αὖ ὁμοῦ συνέδραμεν ἡ ἄνεσις τῆς κολάσεως καὶ ἡ δύναμις τοῦ ἀναφυγεῖν
ἐξ ἐκείνων τῶν τόπων, ἁρμονίας δυνάμει τῆς κατεχούσης τὰ πάντα. Ἔχουσαι δὲ
σῶμα καὶ τὸ ἀντιλαμβάνεσθαι τῶν σωματικῶν κολάσεων ἔχουσι· ταῖς δὲ τῶν
ψυχῶν καθαραῖς οὔσαις καὶ μηδὲν μηδαμῇ ἐφελκομέναις τοῦ σώματος ἐξ ἀνάγκης
καὶ οὐδαμοῦ σώματος ὑπάρξει εἶναι. Εἰ οὖν εἰσι {καὶ} μηδαμοῦ σώματος —
οὐδὲ γὰρ ἔχουσι σῶμα — οὗ ἐστιν ἡ οὐσία καὶ τὸ ὂν καὶ τὸ θεῖον — ἐν τῷ θεῷ
— ἐνταῦθα καὶ μετὰ τούτων καὶ ἐν τούτῳ ἡ τοιαύτη ψυχὴ ἔσται. Εἰ δ´ ἔτι
ζητεῖς ποῦ, ζητητέον σοι ποῦ ἐκεῖνα· ζητῶν δὲ ζήτει μὴ τοῖς ὄμμασι μηδ´ ὡς
ζητῶν σώματα.
| [4,3,24] Où passera l'âme quand elle sera sortie du corps ? — Elle n'ira pas là où il n'y a rien qui puisse la recevoir. Elle ne saurait passer dans ce qui n'est pas naturellement disposé pour la recevoir, à moins qu'il n'y ait quelque chose qui attire une âme insensée. Dans ce cas, l'âme demeure dans ce qui est capable de la recevoir et le suit là où par sa nature il peut exister et être engendré. Or, comme il y a des lieux divers, il est nécessaire que la différence {des demeures dans lesquelles les âmes viennent habiter} provienne de la disposition de chaque âme et de la justice qui règne sur les êtres. Nul en effet ne saurait échapper à la punition que méritent d'injustes actions. La loi divine est inévitable et possède la puissance d'accomplir les jugements {rendus d'après ses décrets}. L'homme destiné à subir une peine est entraîné à son insu vers cette peine et ballotté ça et là par un mouvement qui ne s'arrête pas; enfin, comme fatigué de lutter contre les choses auxquelles il voulait résister, il se rend dans le lieu qui lui convient, et arrive par un mouvement volontaire à subir une souffrance involontaire. La loi prescrit la grandeur et la durée de la peine. Plus tard, par suite de l'harmonie qui régit tout dans l'univers, la fin du châtiment qu'endure l'âme concourt avec la faculté qu'elle reçoit de quitter les lieux où elle était.
Les âmes qui ont un corps sentent par cela même les châtiments corporels qu'elles subissent. Quant à celles qui sont pures, qui n'entraînent avec elles rien de corporel, elles ont nécessairement le privilège de n'être dans rien de corporel. Si elles ne sont dans rien de corporel (car elles n'ont pas .de corps), elles résident là où est l'essence, l'être et le divin, c'est-à-dire en Dieu. C'est là, c'est en Dieu que l'âme pure habite, avec les essences intelligibles. Si tu cherches encore où est une telle âme, cherche aussi où sont les intelligibles ; et si tu les cherches, ne les cherche pas avec les yeux comme si c'étaient des corps.
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