[4,3,10] Οὕτω δὴ ἀκούσαντας χρὴ πάλιν ἐπὶ τὸ ἀεὶ οὕτως ἐλθόντας ὁμοῦ λαβεῖν
πάντα ὄντα· οἷον τὸν ἀέρα, τὸ φῶς, τὸν ἥλιον, ἢ τὴν σελήνην καὶ τὸ φῶς καὶ
πάλιν τὸν ἥλιον ὁμοῦ πάντα, τάξιν δὲ πρώτων καὶ δευτέρων καὶ τρίτων
ἔχοντα, καὶ ἐνταῦθα ψυχὴν ἀεὶ ἑστῶσαν ἢ τὰ πρῶτα καὶ τὰ ἐφεξῆς ὡς πυρὸς
ἔσχατα, εἰς ὕστερον τοῦ πρώτου ἐκ τοῦ ἐσχάτου νοουμένου πυρὸς σκιᾶς, εἶτα
ἐπιφωτιζομένου ἅμα καὶ τούτου, ὥστε οἷον εἶδος ἐπιθεῖν τῷ ἐπιβληθέντι
πρώτῳ γενομένῳ παντάπασιν ἀμυδρῷ. Ἐκοσμεῖτο δὲ κατὰ λόγον ψυχῆς δυνάμει
ἐχούσης ἐν αὐτῇ δι´ ὅλης δύναμιν κατὰ λόγους κοσμεῖν· οἷα καὶ οἱ ἐν
σπέρμασι λόγοι πλάττουσι καὶ μορφοῦσι τὰ ζῷα οἷον μικρούς τινας κόσμους. Ὅ
τι γὰρ ἂν ἐφάψηται ψυχῆς, οὕτω ποιεῖται ὡς ἔχει φύσεως ψυχῆς ἡ οὐσία· ἡ δὲ
ποιεῖ οὐκ ἐπακτῷ γνώμῃ οὐδὲ βουλὴν ἢ σκέψιν ἀναμείνασα· οὕτω γὰρ ἂν οὐ
κατὰ φύσιν, ἀλλὰ κατ´ ἐπακτὸν τέχνην ἂν ποιοῖ. Τέχνη γὰρ ὑστέρα αὐτῆς καὶ
μιμεῖται ἀμυδρὰ καὶ ἀσθενῆ ποιοῦσα μιμήματα, παίγνια ἄττα καὶ οὐ πολλοῦ
ἄξια, μηχαναῖς πολλαῖς εἰς εἴδωλον φύσεως προσχρωμένη. Ἡ δὲ οὐσίας δυνάμει
κυρία σωμάτων εἰς τὸ γενέσθαι τε καὶ οὕτως ἔχειν ὡς αὐτὴ ἄγει, οὐ
δυναμένων τῶν ἐξ ἀρχῆς ἐναντιοῦσθαι τῇ αὐτῆς βουλήσει. Ἐν γὰρ τοῖς
ὑστέροις ἄλληλα ἐμποδίζοντα πολλάκις ἀποστερεῖται τοῦ τυχεῖν μορφῆς τῆς
οἰκείας, ἣν ὁ λόγος ὁ ἐν σμικρῷ θέλει· ἐκεῖ δὲ γιγνομένης καὶ τῆς ὅλης
μορφῆς ὑπ´ αὐτῆς καὶ τάξιν τῶν γενομένων ἅμα ἐχόντων ἀπόνως τὸ γενόμενον
καὶ ἀνεμποδίστως καλόν ἐστι. Κατεσκευάσατο δὲ ἐν αὐτῷ τὰ μὲν θεῶν
ἀγάλματα, τὰ δὲ ἀνθρώπων οἰκήματα, τὰ δὲ ἄλλα ἄλλοις. Τί γὰρ ἔδει γίνεσθαι
παρὰ ψυχῆς, ἢ ὧν τὴν δύναμιν εἰς τὸ ποιεῖν ἔχει; Πυρὸς μὲν γὰρ θερμὰ
ποιεῖν, καὶ τὸ ψύχειν ἄλλου· ψυχῆς δὲ τὸ μὲν ἐν αὐτῇ τὸ δὲ ἐξ αὐτῆς εἰς
ἄλλο. Τοῖς μὲν γὰρ ἀψύχοις τὸ μὲν {ἐξ αὐτῶν} οἷον εὕδει κείμενον ἐν
αὐτοῖς, τὸ δὲ ἐξ αὐτῶν εἰς ἄλλο ὁμοιῶσαι πρὸς αὐτὸ τὸ παθεῖν δυνάμενον·
καὶ κοινὸν δὴ τοῦτο παντὶ τῷ ὄντι εἰς ὁμοίωσιν ἑαυτῷ ἄγειν. Ψυχῆς δὲ ἔργον
καὶ τὸ ἐν αὐτῇ ἐγρηγορός τι καὶ τὸ εἰς ἄλλο ὡσαύτως. Ζῆν οὖν καὶ τὰ ἄλλα
ποιεῖ, ὅσα μὴ ζῇ παρ´ αὐτῶν, καὶ τοιαύτην ζωήν, καθ´ ἣν αὐτὴ ζῇ. Ζῶσα οὖν
ἐν λόγῳ λόγον δίδωσι τῷ σώματι, εἴδωλον οὗ ἔχει — καὶ γὰρ καὶ εἴδωλον
ζωῆς, ὅσον δίδωσι τῷ σώματι — καὶ μορφὰς σωμάτων, ὧν τοὺς λόγους ἔχει·
ἔχει δὲ καὶ θεῶν καὶ πάντων. Διὸ πάντα καὶ ὁ κόσμος ἔχει.
| [4,3,10] Maintenant, revenons à ce qui a toujours été ce qu'il est. Embrassons par la pensée tous les êtres, comme l'air, la lumière, le soleil, la lune. Représentons-nous encore le soleil, la lumière, etc., comme étant toutes choses, sans oublier toutefois qu'il y a des choses qui occupent le premier rang, d'autres le second ou le troisième. Au sommet de cette série des êtres, concevons l'Âme universelle subsistant éternellement. Plaçons ensuite ce qui tient le premier rang après elle, et continuons ainsi jusqu'à ce que nous arrivions aux choses qui occupent le dernier rang, et qui sont en quelque sorte les dernières lueurs de la lumière que répand l'Âme ; représentons-nous ces choses comme une étendue d'abord ténébreuse, puis illuminée par la forme qui vient s'ajouter à un fond primitivement obscur. Ce fond est embelli par la Raison en vertu de la puissance que l'Âme universelle tout entière a par elle-même d'embellir la matière au moyen des raisons, comme les raisons séminales façonnent et forment elles-mêmes les animaux et en font de petits mondes. L'Âme donne à tout ce qu'elle touche une forme selon sa nature ; elle produit sans conception adventice, sans les lenteurs de la délibération ni celles de la détermination volontaire. Sinon, elle n'agirait plus selon sa nature, mais selon les préceptes d'un art emprunté. L'art en effet est postérieur à la nature : il l'imite en produisant d'obscures et faibles imitations de ses œuvres, des jouets sans prix ni mérite, et il emploie d'ailleurs un grand appareil de machines pour produire ces images. L'Âme universelle, au contraire, dominant les corps par la vertu de son essence, les fait devenir et être ce qu'elle veut : car les choses mêmes qui existent depuis le commencement ne peuvent opposer de résistance à sa volonté. Souvent, dans les choses inférieures, par suite de l'obstacle qu'elles se font les unes aux autres, la matière ne reçoit pas la forme propre que la raison {séminale} contient en germe. Mais, comme l'Âme universelle produit la forme universelle, et que toutes choses y sont coordonnées ensemble, l'œuvre est belle parce qu'elle est réalisée sans peine ni obstacle. Il y a dans l'univers des temples pour les dieux, des maisons pour les hommes, et d'autres objets adaptés aux besoins des autres êtres. Que pouvait en effet créer l'Âme, sinon ce qu'elle a la puissance de créer? Comme le feu échauffe, comme la neige refroidit, l'Âme agit tantôt en elle-même, tantôt hors d'elle-même et sur d'autres objets. L'action que les êtres inanimés tirent d'eux-mêmes sommeille en quelque sorte en eux, et celle qu'ils exercent sur les autres consiste à rendre semblable à eux-mêmes ce qui peut pâtir. C'est en effet le caractère commun de tout être de rendre le reste semblable à soi. Quant à l'Âme, la puissance qu'elle a d'agir soit en elle, soit sur les autres choses, est une faculté vigilante. Elle communique la vie aux êtres qui ne l'ont point par eux-mêmes, et la vie qu'elle leur communique est semblable à sa propre vie. Or, vivant dans la Raison, elle donne au corps une raison, qui est une image de celle qu'elle-même possède : en effet, ce qu'elle communique aux corps est une image de la vie. Elle leur donne également les formes dont elle possède les raisons. Or, elle possède les raisons de toutes choses, même des dieux. C'est pourquoi le monde contient toutes choses.
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