HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, III, livre IV

Chapitre 3

 Chapitre 3

[3,4,3] Τίς οὖν δαίμων; καὶ ἐνταῦθα. Τίς δὲ θεός; ἐνταῦθα. Τὸ γὰρ ἐνεργῆσαν τοῦτο ἕκαστον ἄγει, ἅτε καὶ ἐνταῦθα ἡγούμενον. Ἆρ´ οὖν τοῦτό ἐστιν δαίμων, ὅσπερ ζῶντα εἰλήχει; οὔ, ἀλλὰ τὸ πρὸ αὐτοῦ· τοῦτο γὰρ ἐφέστηκεν ἀργοῦν, ἐνεργεῖ δὲ τὸ μετ´ αὐτόν. Καὶ εἰ μὲν τὸ ἐνεργοῦν αἰσθητικοί, καὶ δαίμων τὸ λογικόν· εἰ δὲ κατὰ τὸ λογικὸν ζῴημεν, δαίμων τὸ ὑπὲρ τοῦτο ἐφεστὼς ἀργὸς συγχωρῶν τῷ ἐργαζομένῳ. Ὀρθῶς οὖν λέγεται ἡμᾶς αἱρήσεσθαιΤὸν γὰρ ὑπερκείμενον κατὰ τὴν ζωὴν αἱρούμεθα. Διὰ τί οὖν αὐτὸς ἄγει; τὸν βιοτεύσαντα οὐκ ἔστιν ἄγειν, ἀλλὰ πρὸ τοῦ μὲν ἄγειν, ὅτε ἔζη, παυσάμενον δὲ τοῦ ζῆν ἄλλῳ παραχωρεῖν τὴν ἐνέργειαν τεθνηκότα τὴν αὐτοῦ κατ´ ἐνέργειαν ζωήν. μὲν οὖν ἐθέλει ἄγειν καὶ κρατήσας ζῇ αὐτὸς ἄλλον καὶ αὐτὸς ἔχων δαίμονα· εἰ δὲ βαρύνοιτο τῇ ῥώσει τοῦ χείρονος ἤθους, ἔχει ἐκεῖνο τὴν δίκην. Ταύτῃ καὶ κακὸς ἐπὶ τὸ χεῖρον βρίσαντος πρὸς τὴν ὁμοιότητα τοῦ ἐνεργήσαντος ἐν τῇ ζωῇ εἰς βίον θήρειον. Εἰ δὲ ἕπεσθαι δύναιτο τῷ δαίμονι τῷ ἄνω αὐτοῦ, ἄνω γίνεται ἐκεῖνον ζῶν καὶ ἐφ´ ἄγεται κρεῖττον μέρος αὐτοῦ ἐν προστασίᾳ θέμενος καὶ μετ´ ἐκεῖνον ἄλλον ἕως ἄνω. Ἔστι γὰρ καὶ πολλὰ ψυχὴ καὶ πάντα καὶ τὰ ἄνω καὶ τὰ κάτω αὖ μέχρι πάσης ζωῆς, καὶ ἐσμὲν ἕκαστος κόσμος νοητός, τοῖς μὲν κάτω συνάπτοντες τῷδε, τοῖς δὲ ἄνω καὶ τοῖς κόσμου τῷ νοητῷ, καὶ μένομεν τῷ μὲν ἄλλῳ παντὶ νοητῷ ἄνω, τῷ δὲ ἐσχάτῳ αὐτοῦ πεπεδήμεθα τῷ κάτω οἷον ἀπόρροιαν ἀπ´ ἐκείνου διδόντες εἰς τὸ κάτω, μᾶλλον δὲ ἐνέργειαν, ἐκείνου οὐκ ἐλαττουμένου. [3,4,3] Qu'est donc notre démon ? C'est une des puissances de notre âme. Qu'est notre dieu? C'est également une des puissances de notre âme. {Est-ce la puissance qui agit principalement en nous comme le croient quelques-uns?} Car la puissance qui agit en nous semble être ce qui nous conduit, puisque c'est le principe qui domine en nous. Est-ce là le démon auquel nous sommes échus pendant le cours de notre vie ? Non : notre démon est la puissance immédiatement supérieure à celle que nous exerçons : car elle préside à notre vie sans agir elle-même. La puissance qui agit en nous est la puissance inférieure à celle qui préside à notre vie, et c'est elle qui nous constitue essentiellement. Si donc nous vivons de la vie sensitive, nous avons pour démon la Raison ; si nous vivons de la vie rationnelle, nous avons pour démon le principe supérieur à la raison {l'Intelligence}, principe qui préside à notre vie, mais n'agit pas lui-même et laisse agir la puissance inférieure. Platon dit avec vérité que « nous choisissons notre démon» : car, par le genre de vie que nous préférons, nous choisissons le démon qui préside à notre vie. Pourquoi donc nous conduit-il? Il nous conduit durant le cours de notre vie mortelle {parce qu'il nous est donné pour nous aider à accomplir notre destinée} ; mais il ne peut plus nous conduire quand notre destinée est accomplie, parce que la puissance à l'exercice de laquelle il présidait laisse agir à sa place une autre puissance (car elle est morte, puisque la vie dans laquelle elle agissait est terminée). Cette autre puissance veut agir à son tour, et, après avoir établi sa prépondérance, elle s'exerce durant le cours d'une nouvelle vie, ayant elle-même un autre démon. Si nous venons alors à nous dégrader en laissant prévaloir en nous une puissance inférieure, nous en sommes punis. En effet, le méchant déchoit, parce que la puissance qu'il a développée dans sa vie le fait descendre à l'existence de la brute en le rendant semblable à elle par ses mœurs. S'il pouvait suivre le démon qui lui est supérieur, il deviendrait lui-même supérieur en partageant sa vie. Il prendrait ensuite pour guide une partie de lui-même supérieure à celle qui le gouverne, puis une autre partie supérieure encore, jusqu'à ce qu'il fût parvenu à la plus élevée. En effet, l'âme est plusieurs choses, ou plutôt, elle est toutes choses : elle est à la fois les choses inférieures et les choses supérieures ; elle contient tous les degrés de la vie. Nous sommes chacun en quelque sorte le monde intelligible : nous sommes liés par notre partie inférieure au monde sensible, et par notre partie supérieure au monde intelligible ; nous demeurons là-haut par ce qui constitue notre essence intelligible; nous sommes attachés ici-bas par les puissances qui tiennent le dernier rang dans l'âme. Nous faisons passer ainsi de l'intelligible dans le sensible une émanation ou plutôt un acte qui ne fait rien perdre à l'intelligible.


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Dernière mise à jour : 5/05/2010