[3,2,7] Πρῶτον τοίνυν ληπτέον ὡς τὸ καλῶς ἐν τῷ μικτῷ ζητοῦντας χρὴ μὴ πάντη
ἀπαιτεῖν ὅσον τὸ καλῶς ἐν τῷ ἀμίκτῳ ἔχει, μηδ´ ἐν δευτέροις ζητεῖν τὰ
πρῶτα, ἀλλ´ ἐπειδὴ καὶ σῶμα ἔχει, συγχωρεῖν καὶ παρὰ τούτου ἰέναι τι εἰς
τὸ πᾶν, ἀγαπᾶν δὲ παρὰ τοῦ λόγου, ὅσον ἐδύνατο δέξασθαι τὸ μίγμα, εἰ μηδὲν
τούτου ἐλλείπει· οἷον, εἴ τις ἐσκόπει τὸν ἄνθρωπον τὸν αἰσθητὸν ὅστις
κάλλιστος, οὐκ ἂν δήπου τῷ ἐν νῷ ἀνθρώπῳ ἠξίωσε τὸν αὐτὸν εἶναι, ἀλλ´
ἐκεῖνο ἀποδεδέχθαι τοῦ ποιητοῦ, εἰ ὅμως ἐν σαρξὶ καὶ νεύροις καὶ ὀστέοις
ὄντα κατέλαβε τῷ λόγῳ, ὥστε καὶ ταῦτα καλλῦναι καὶ τὸν λόγον δυνηθῆναι
ἐπανθεῖν τῇ ὕλῃ. Ταῦτα τοίνυν ὑποθέμενον χρὴ προιέναι τὸ ἐντεῦθεν ἐπὶ τὰ
ἐπιζητούμενα· τάχα γὰρ ἂν ἐν τούτοις τὸ θαυμαστὸν ἀνεύροιμεν τῆς προνοίας
καὶ τῆς δυνάμεως, παρ´ οὗ ὑπέστη τὸ πᾶν τόδε. Ὅσα μὲν οὖν ἔργα ψυχῶν, ἃ δὴ
ἐν αὐταῖς ἵσταται ταῖς ἐργαζομέναις τὰ χείρω, οἷον ὅσα κακαὶ ψυχαὶ ἄλλας
ἔβλαψαν καὶ ὅσα ἀλλήλας αἱ κακαί, εἰ μὴ καὶ τοῦ κακὰς ὅλως αὐτὰς εἶναι τὸ
προνοοῦν αἰτιῷτο, ἀπαιτεῖν λόγον οὐδὲ εὐθύνας προσήκει «αἰτία ἑλομένου»
διδόντας· εἴρηται γὰρ ὅτι ἔδει καὶ ψυχὰς κινήσεις οἰκείας ἔχειν καὶ ὅτι οὐ
ψυχαὶ μόνον, ἀλλὰ ζῷα ἤδη, καὶ δὴ καὶ οὐδὲν θαυμαστὸν οὔσας ὅ εἰσιν
ἀκόλουθον βίον ἔχειν· οὐδὲ γάρ, ὅτι κόσμος ἦν, ἐληλύθασιν, ἀλλὰ πρὸ κόσμου
τὸ κόσμου εἶναι εἶχον καὶ ἐπιμελεῖσθαι καὶ ὑφιστάναι καὶ διοικεῖν καὶ
ποιεῖν ὅστις τρόπος, εἴτε ἐφεστῶσαι καὶ διδοῦσαί τι παρ´ αὐτῶν εἴτε
κατιοῦσαι εἴτε αἱ μὲν οὕτως, αἱ δ´ οὕτως· οὐ γὰρ ἂν τὰ νῦν περὶ τούτων,
ἀλλ´ ὅτι, ὅπως πότ´ ἂν ᾖ, τήν γε πρόνοιαν ἐπὶ τούτοις οὐ μεμπτέον. Ἀλλ´
ὅταν πρὸς τοὺς ἐναντίους τὴν παράθεσιν τῶν κακῶν τις θεωρῇ, πένητας
ἀγαθοὺς καὶ πονηροὺς πλουσίους καὶ πλεονεκτοῦντας ἐν οἷς ἔχειν δεῖ
ἀνθρώπους ὄντας τοὺς χείρους καὶ κρατοῦντας, καὶ ἑαυτῶν καὶ τὰ ἔθνη καὶ
τὰς πόλεις; Ἆρ´ οὖν, ὅτι μὴ μέχρι γῆς φθάνει; Ἀλλὰ τῶν ἄλλων γινομένων
λόγῳ μαρτύριον τοῦτο καὶ μέχρι γῆς ἰέναι· καὶ γὰρ ζῷα καὶ φυτὰ καὶ λόγου
καὶ ψυχῆς καὶ ζωῆς μεταλαμβάνει. Ἀλλὰ φθάνουσα οὐ κρατεῖ; Ἀλλὰ ζῴου ἑνὸς
ὄντος τοῦ παντὸς ὅμοιον ἂν γένοιτο, εἴ τις κεφαλὴν μὲν ἀνθρώπου καὶ
πρόσωπον ὑπὸ φύσεως καὶ λόγου γίνεσθαι λέγοι κρατοῦντος, τὸ δὲ λοιπὸν
ἄλλαις ἀναθείη αἰτίαις, τύχαις ἢ ἀνάγκαις, καὶ φαῦλα διὰ τοῦτο ἢ δι´
ἀδυναμίαν φύσεως γεγονέναι. Ἀλλ´ οὐδὲ ὅσιον οὐδ´ εὐσεβὲς ἐνδόντας τῷ μὴ
καλῶς ταῦτα ἔχειν καταμέμφεσθαι τῷ ποιήματι.
| [3,2,7] Remarquons d'abord que pour montrer que tout est bien dans les
choses qui sont mélangées de matière (et sensibles), il ne faut pas y
chercher toute la perfection du monde qui est pur de matière (et
intelligible), ni désirer trouver dans ce qui tient le second rang les
caractères de ce qui occupe le premier. Puisque le monde a un corps,
nous devons accorder que ce corps a de l'influence sur l'ensemble, et ne
demander à la Raison de lui donner que ce que cette nature mélangée était
capable de recevoir. Par exemple, si l'on contemplait le plus bel homme
qu'il y ait ici-bas, on aurait tort de croire qu'il est identique à
l'homme intelligible et de ne pas se contenter de ce que, étant fait de
chair, de muscles, d'os, il a reçu de son auteur toute la perfection que
celui-ci pouvait lui communiquer pour embellir ces os, ces muscles, cette
chair, et faire dominer en lui la raison (séminale) sur la matière.
Prenons donc ces propositions comme accordées, et partons de là pour
expliquer les difficultés dont nous cherchons la solution. Car nous
trouverons dans le monde des traces admirables de la Providence et de la
puissance divine dont il procède.
Considérons d'abord les actions des âmes qui font librement le mal, les
actions des méchants qui, par exemple, nuisent à des hommes vertueux ou à
d'autres hommes également méchants. Ce n'est pas à la Providence qu'il
faut demander raison de la méchanceté de ces âmes et en faire remonter la
responsabilité ; il faut n'en chercher la cause que dans les
déterminations volontaires des âmes. Car nous avons prouvé que les
âmes ont des mouvements qui leur sont propres, qu'en outre ici-bas elles
ne sont pas des âmes pures, mais des animaux (des âmes unies à des corps).
Or, il n'est pas étonnant que, se trouvant dans une telle condition,
elles aient une vie conforme à cette condition. En effet, ce n'est
pas la formation du monde qui les a fait descendre ici-bas ; avant même
que le monde existât, elles étaient déjà disposées à en faire partie, à
s'en occuper, à y répandre la vie, à l'administrer et à y exercer leur
puissance d'une manière quelconque, soit en présidant au monde et en lui
communiquant quelque chose de leur puissance, soit en y descendant, soit
en agissant à l'égard du monde les unes d'une façon, et les autres de
l'autre (car cette question n'appartient pas au sujet qui nous occupe
maintenant ; il nous suffit de montrer que, de quelque manière que la
chose ait lieu, il ne faut pas accuser la Providence).
Mais comment expliquer la différence que l'on remarque entre le sort des
bons et celui des méchants? Comment se fait-il que les premiers soient
pauvres, que les autres soient riches et possèdent plus qu'il ne faut pour
satisfaire leurs besoins, qu'ils soient puissants, qu'ils gouvernent les
cités et les nations. Serait-ce que la Providence n'étendrait pas son
action jusqu'à la terre? Non, et ce qui le prouve, c'est que tout le reste
est conforme à la Raison (universelle) : car les animaux et les plantes
participent de la raison, de la vie et de l'âme. - Mais, si la Providence
étend son action jusqu'à la terre, elle n'y domine pas. Comme le
monde n'est qu'un seul animal, avancer une pareille objection, c'est
ressembler à celui qui prétendrait que la tête et le visage de l'homme
sont produits par la nature, et que la raison y domine; mais que les
autres membres sont formés par d'autres causes, telles que le hasard ou la
nécessité, et qu'ils sont mauvais soit par ce fait, soit par l'impuissance
de la nature. Mais, la sagesse et la piété ne permettent pas de prétendre
que tout n'est pas bien ici-bas et de blâmer l'oeuvre de la Providence.
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