[2,4,7] Ἐμπεδοκλῆς δὲ τὰ στοιχεῖα ἐν ὕλῃ θέμενος ἀντιμαρτυροῦσαν ἔχει τὴν φθορὰν αὐτῶν. Ἀναξαγόρας δὲ τὸ μίγμα ὕλην ποιῶν, οὐκ ἐπιτηδειότητα πρὸς πάντα, ἀλλὰ πάντα ἐνεργείᾳ ἔχειν λέγων ὃν εἰσάγει νοῦν ἀναιρεῖ οὐκ αὐτὸν τὴν μορφὴν καὶ τὸ εἶδος διδόντα ποιῶν οὐδὲ πρότερον τῆς ὕλης ἀλλ´ ἅμα. Ἀδύνατον δὲ τὸ ἅμα. Εἰ γὰρ μετέχει τὸ μίγμα τοῦ εἶναι, πρότερον τὸ ὄν· εἰ δὲ καὶ τοῦτο ὂν τὸ μίγμα, κἀκεῖνο, ἄλλου ἐπ´ αὐτοῖς δεήσει τρίτου. Εἰ οὖν πρότερον ἀνάγκη τὸν δημιουργὸν εἶναι, τί ἔδει τὰ εἴδη κατὰ σμικρὰ ἐν τῇ ὕλῃ εἶναι, εἶτα τὸν νοῦν διὰ πραγμάτων ἀνηνύτων διακρίνειν ἐξὸν ἀποίῳ οὔσῃ τὴν ποιότητα καὶ τὴν μορφὴν ἐπὶ πᾶσαν ἐκτεῖναι; Τό τε πᾶν ἐν παντὶ εἶναι πῶς οὐκ ἀδύνατον;
Ὁ δὲ τὸ ἄπειρον ὑποθεὶς τί ποτε τοῦτο λεγέτω. Καὶ εἰ οὕτως ἄπειρον, ὡς ἀδιεξίτητον, ὡς οὐκ ἔστι τοιοῦτόν τι ἐν τοῖς οὖσιν οὔτε αὐτοάπειρον οὔτε ἐπ´ ἄλλῃ φύσει ὡς συμβεβηκὸς σώματί τινι, τὸ μὲν αὐτοάπειρον, ὅτι καὶ τὸ μέρος αὐτοῦ ἐξ ἀνάγκης ἄπειρον, τὸ δὲ ὡς συμβεβηκός, ὅτι τὸ ᾧ συμβέβηκεν ἐκεῖνο οὐκ ἂν καθ´ ἑαυτὸ ἄπειρον εἴη οὐδὲ ἁπλοῦν οὐδὲ ὕλη ἔτι, δῆλον.
Ἀλλ´ οὐδὲ αἱ ἄτομοι τάξιν ὕλης ἕξουσιν αἱ τὸ παράπαν οὐκ οὖσαι· τμητὸν γὰρ πᾶν σῶμα κατὰ πᾶν· καὶ τὸ συνεχὲς δὲ τῶν σωμάτων καὶ τὸ ὑγρὸν καὶ τὸ μὴ οἷόν τε ἄνευ νοῦ ἕκαστα καὶ ψυχῆς, ἣν ἀδύνατον ἐξ ἀτόμων εἶναι, ἄλλην τε φύσιν παρὰ τὰς ἀτόμους ἐκ τῶν ἀτόμων δημιουργεῖν οὐχ οἷόν τε, ἐπεὶ καὶ οὐδεὶς δημιουργὸς ποιήσει τι ἐξ οὐχ ὕλης συνεχοῦς, καὶ μυρία ἂν λέγοιτο πρὸς ταύτην τὴν ὑπόθεσιν καὶ εἴρηται· διὸ ἐνδιατρίβειν περιττὸν ἐν τούτοις.
| [2,4,7] Empédocle fait consister la matière dans les éléments: la corruption à laquelle ils sont exposés réfute cette opinion.
Anaxagore suppose que la matière est un mélange, et, au lieu de dire que celle-ci est la capacité de devenir toutes choses, il affirme qu'elle contient toutes choses en acte; il anéantit ainsi l'Intelligence qu'il avait introduite dans le monde : car, selon lui, l'Intelligence ne donne pas au reste la forme et la figure : elle est contemporaine de la matière, au lieu de lui être antérieure. Or, il est impossible que l'Intelligence soit contemporaine de la matière : car si le mélange participe à l'être, l'être est antérieur ; si l'être lui-même est le mélange, il leur faudra un troisième principe. Donc si le Démiurge est nécessairement antérieur, quel besoin y avait-il que les formes fussent en petit dans la matière, qu'ensuite l'Intelligence en démêlât l'inextricable confusion, quand il est; possible de donner des qualités à la matière (puisqu'elle n'en possède aucune) et de la soumettre tout entière à la forme? Enfin, comment tout peut-il être dans tout?
Quant à celui qui admet que la matière est l'infini, qu'il explique en quoi consiste cet infini. Par infini entend-il l'immensité? Rien de tel ne saurait exister dans la réalité : l'infini n'existe ni par soi, ni dans une autre nature, par exemple, comme accident d'un corps. L'infini n'existe pas par soi, parce que chacune de ses parties serait nécessairement infinie. L'infini n'existe pas non plus comme accident, parce que ce dont il serait l'accident ne serait par lui-même ni infini ni simple, et, par conséquent, ne serait pas la matière.
Les atomes {de Démocrite} ne sauraient non plus remplir le rôle de matière parce qu'ils ne sont rien : car tout corps est divisible à l'infini. On pourrait alléguer encore {contre le système des atomes} la continuité des corps et leur humidité. D'ailleurs il est impossible qu'il existe quelque chose sans l'intelligence et l'âme, qui ne sauraient être composées d'atomes ; il est impossible qu'une autre nature que les atomes produise quelque chose avec les atomes, parce que nul Démiurge ne saurait produire quelque chose avec une matière sans continuité. On pourrait faire et on a fait mille autres objections contre ce système. Mais il est superflu de prolonger cette discussion.
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