| [1,8,9] Τίνι οὖν ἐγνωρίσαμεν ταῦτα; Καὶ πρῶτον κακίαν τίνι; Ἀρετὴν μὲν γὰρ νῷ 
αὐτῷ καὶ φρονήσει· αὑτὴν γὰρ γνωρίζει· κακίαν δὲ πῶς; Ἢ ὥσπερ κανόνι τὸ 
ὀρθὸν καὶ μή, οὕτω καὶ τὸ μὴ ἐναρμόζον τῇ ἀρετῇ {κακίαν}. Βλέποντες οὖν 
αὐτὸ ἢ μὴ βλέποντες, τὴν κακίαν λέγω; Ἢ τὴν μὲν παντελῆ κακίαν οὐ 
βλέποντες· καὶ γὰρ ἄπειρον· ἀφαιρέσει οὖν τὸ μηδαμοῦ τοῦτο· τὴν δὲ μὴ 
παντελῆ τῷ ἐλλείπειν τούτῳ. Μέρος οὖν ὁρῶντες τῷ παρόντι μέρει τὸ ἀπὸν 
λαμβάνοντες, ὅ ἐστι μὲν ἐν τῷ ὅλῳ εἴδει, ἐκεῖ δὲ ἄπεστιν, οὕτω κακίαν 
λέγομεν, ἐν ἀορίστῳ τὸ ἐστερημένον καταλιπόντες. Καὶ δὴ ἐπὶ τῆς ὕλης οἷον 
αἰσχρόν τι πρόσωπον ἰδόντες, οὐ κρατήσαντος ἐν αὐτῷ τοῦ λόγου, ὥστε κρύψαι 
τὸ τῆς ὕλης αἶσχος, αἰσχρὸν φανταζόμεθα τῇ τοῦ εἴδους ἐλλείψει. Ὃ δὲ 
μηδαμῇ εἴδους τετύχηκε, πῶς; Ἢ τὸ παράπαν 〈πᾶν〉 εἶδος ἀφαιροῦντες {πᾶν 
εἶδος}, ᾧ μὴ ταῦτα πάρεστι, λέγομεν εἶναι ὕλην, ἀμορφίαν καὶ αὐτοὶ ἐν ἡμῖν 
λαβόντες ἐν τῷ πᾶν εἶδος ἀφελεῖν, εἰ ἐμέλλομεν ὕλην θεάσασθαι. Διὸ καὶ 
νοῦς ἄλλος οὗτος, οὐ νοῦς, τολμήσας ἰδεῖν τὰ μὴ αὐτοῦ. Ὥσπερ ὄμμα 
ἀποστῆσαν αὑτὸ φωτός, ἵνα ἴδῃ τὸ σκότος καὶ μὴ ἴδῃ - τὸ καταλιπεῖν τὸ φῶς, 
ἵνα ἴδῃ τὸ σκότος, μεθ´ οὗ οὐκ ἦν ἰδεῖν αὐτό· οὐδ´ αὖ ἄνευ του οἷόν τε ἦν 
ἰδεῖν, ἀλλὰ μὴ ἰδεῖν - ἵνα γένηται αὐτῷ ὡς οἷόν τε ἰδεῖν, οὕτως οὖν καὶ 
νοῦς, εἴσω αὑτοῦ τὸ αὑτοῦ καταλιπὼν φῶς καὶ οἷον ἔξω αὑτοῦ προελθὼν εἰς τὰ 
μὴ αὑτοῦ ἐλθών, μὴ ἐπαγόμενος τὸ ἑαυτοῦ φῶς ἔπαθε τοὐναντίον ἤ ἐστιν, ἵν´ 
ἴδῃ τὸ αὐτῷ ἐναντίον.
 | [1,8,9] Comment connaissons-nous le vice et la vertu ? Pour la vertu, nous 
la connaissons par l'intelligence même et par la sagesse : car la sagesse 
se connaît elle–même. Mais le vice, comment pouvons-nous le connaître? Le 
voici : De même que nous nous apercevons qu'un objet n'est pas droit en 
lui appliquant une règle, nous discernons le vice à ce caractère qu'il 
n'est pas d'accord avec la vertu. Mais en avons-nous ou non l'intuition 
directe? Nous n'avons pas l'intuition du vice absolu parce qu'il est 
infini. Nous le connaissons donc par une sorte d'abstraction (g-aphheiresei), 
en remarquant que la vertu manque tout à fait; et nous connaissons le vice 
relatif, en remarquant qu'il manque quelque partie de la vertu : voyant 
une partie de la vertu et jugeant, par cette partie, de ce qui manque pour 
constituer complètement la forme (de la vertu), nous appelons vice ce 
qu'il en manque, laissant dans l'indéterminé (le mal) ce qui est privé de 
la vertu. Il en est de même de la matière : si nous apercevons, par 
exemple, une figure qui est laide parce que la raison(séminale), faute de 
dominer la matière, n'a pu en cacher la difformité, nous nous représentons 
la laideur par ce qui manque de la forme.
Mais comment connaissons-nous ce qui est absolument sans forme? Nous 
faisons abstraction de toute espèce de forme, et nous appelons matière ce 
qui reste; nous laissons pénétrer ainsi en nous une sorte de manque de 
forme (g-amorphia), par cela seul que nous faisons abstraction de toute forme 
pour nous représenter la matière. Aussi, l'intelligence devient-elle 
autre, cesse-t-elle d'être la véritable intelligence quand elle ose 
regarder de cette façon ce qui n'est pas de son domaine. Elle ressemble à 
l'oeil qui s'éloigne de la lumière pour voir les ténèbres, et qui par cela 
même ne voit pas : car il ne peut voir les ténèbres avec la lumière, et 
cependant sans elle il ne voit pas; de cette manière, en ne voyant pas, il 
voit les ténèbres autant qu'il est naturellement capable de les voir. 
Ainsi l'intelligence qui cache dans son sein sa lumière et qui sort 
d'elle-même pour ainsi dire, en s'avançant vers des choses étrangères à sa 
nature sans emporter sa lumière avec elle, se place dans un état contraire 
à son essence pour connaître une nature contraire à la sienne.
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