| [1,8,6] Ἐπισκεπτέον δὲ καὶ πῶς λέγεται μὴ ἂν ἀπολέσθαι τὰ κακά, ἀλλ´ εἶναι ἐξ 
ἀνάγκης· καὶ ἐν θεοῖς μὲν οὐκ εἶναι, περιπολεῖν δὲ τὴν θνητὴν φύσιν καὶ 
τόνδε τὸν τόπον ἀεί. Ἆρ´ οὖν οὕτως εἴρηται, ὡς τοῦ μὲν οὐρανοῦ καθαροῦ 
κακῶν ὄντος ἀεὶ ἐν τάξει ἰόντος καὶ κόσμῳ φερομένου καὶ μήτε ἀδικίας ἐκεῖ 
οὔσης μήτε ἄλλης κακίας μήτε ἀδικοῦντα ἄλληλα, κόσμῳ δὲ φερόμενα, ἐν γῇ δὲ 
τῆς ἀδικίας καὶ τῆς ἀταξίας οὔσης; Τοῦτο γάρ ἐστιν ἡ θνητὴ φύσις καὶ ὅδε ὁ 
τόπος. Ἀλλὰ τὸ ἐντεῦθεν φεύγειν δεῖ οὐκέτι περὶ τῶν ἐπὶ γῆς λέγεται. Φυγὴ 
γάρ, φησιν, οὐ τὸ ἐκ γῆς ἀπελθεῖν, ἀλλὰ καὶ ὄντα ἐπὶ γῆς δίκαιον καὶ ὅσιον 
εἶναι μετὰ φρονήσεως, ὡς εἶναι τὸ λεγόμενον φεύγειν κακίαν δεῖν, ὥστε τὰ 
κακὰ αὐτῷ ἡ κακία καὶ ὅσα ἐκ κακίας· καὶ τοῦ προσδιαλεγομένου δὲ ἀναίρεσιν 
λέγοντος κακῶν ἔσεσθαι, εἰ πείθοι τοὺς ἀνθρώπους ἃ λέγει, ὁ δέ φησι μὴ 
δύνασθαι τοῦτο γενέσθαι· τὰ γὰρ κακὰ εἶναι ἀνάγκῃ, ἐπείπερ τοὐναντίον τι 
δεῖ εἶναι τῷ ἀγαθῷ. Τὴν μὲν οὖν κακίαν τὴν περὶ ἄνθρωπον πῶς οἷόν τε 
ἐναντίον εἶναι ἐκείνῳ τῷ ἀγαθῷ; Ἐναντίον γὰρ τοῦτο τῇ ἀρετῇ, αὕτη δὲ οὐ τὸ 
ἀγαθόν, ἀλλὰ ἀγαθόν, ὃ κρατεῖν τῆς ὕλης ποιεῖ. Ἐκείνῳ δὲ τῷ ἀγαθῷ πῶς ἄν 
τι εἴη ἐναντίον; Οὐ γὰρ δὴ ποιόν. Εἶτα τίς ἀνάγκη πανταχοῦ, εἰ θάτερον τῶν 
ἐναντίων, καὶ θάτερον; Ἐνδεχέσθω μὲν γὰρ καὶ ἔστω γε καὶ τὸ ἐναντίον τοῦ 
ἐναντίου αὐτῷ ὄντος - οἷον ὑγιείας οὔσης ἐνδέχεται καὶ νόσον εἶναι - οὐ 
μὴν ἐξ ἀνάγκης. Ἢ οὐκ ἀνάγκη λέγειν αὐτόν, ὡς ἐπὶ παντὸς ἐναντίου τοῦτο 
ἀληθές, ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ ἀγαθοῦ εἴρηται. Ἀλλ´ εἰ οὐσία τἀγαθόν, πῶς ἐστιν αὐτῷ 
τι ἐναντίον; ἢ τῷ ἐπέκεινα οὐσίας; Τὸ μὲν οὖν μὴ εἶναι μηδὲν οὐσίᾳ 
ἐναντίον ἐπὶ τῶν καθ´ ἕκαστα οὐσιῶν ἐστι πιστὸν τῇ ἐπαγωγῇ δεδειγμένον· 
ὅλως δὲ οὐσίᾳ οὐκ ἔστι δεδειγμένον. Ἀλλὰ τί τῇ καθόλου οὐσίᾳ ἔσται 
ἐναντίον καὶ ὅλως τοῖς πρώτοις; Ἢ τῇ μὲν οὐσίᾳ ἡ μὴ οὐσία, τῇ δὲ ἀγαθοῦ 
φύσει ἥτις ἐστὶ κακοῦ φύσις καὶ ἀρχή· ἀρχαὶ γὰρ ἄμφω, ἡ μὲν κακῶν, ἡ δὲ 
ἀγαθῶν· καὶ πάντα τὰ ἐν τῇ φύσει ἑκατέρᾳ ἐναντία· ὥστε καὶ τὰ ὅλα ἐναντία 
καὶ μᾶλλον ἐναντία ἢ τὰ ἄλλα. Τὰ μὲν γὰρ ἄλλα ἐναντία ἢ ἐν τῷ αὐτῷ εἴδει 
ὄντα ἢ ἐν τῷ αὐτῷ γένει καὶ κοινοῦ τινός ἐστι μετειληφότα ἐν οἷς ἐστιν· 
ὅσα δὲ χωρίς ἐστι, καὶ ἃ τῷ ἑτέρῳ ἐστὶ συμπληρώσει τοῦ ὅ ἐστι, τούτων τὰ 
ἐναντία ἐν τῷ ἑτέρῳ ἐστί, πῶς οὐ μάλιστα ἂν εἴη ἐναντία, εἴπερ ἐναντία τὰ 
πλεῖστον ἀλλήλων ἀφεστηκότα; Πέρατι δὴ καὶ μέτρῳ καὶ {τὰ ἄλλα} ὅσα ἔνεστιν 
ἐν τῇ θείᾳ φύσει, ἀπειρία καὶ ἀμετρία καὶ τὰ ἄλλα, ὅσα ἔχει ἡ κακὴ φύσις, 
ἐναντία· ὥστε καὶ τὸ ὅλον τῷ ὅλῳ ἐναντίον. Καὶ τὸ εἶναι δὲ ψευδόμενον ἔχει 
καὶ πρώτως καὶ ὄντως ψεῦδος· τῷ δὲ τὸ εἶναι τὸ ἀληθῶς εἶναι· ὥστε καὶ καθὰ 
τὸ ψεῦδος τῷ ἀληθεῖ ἐναντίον καὶ τὸ 〈μὴ〉 κατ´ οὐσίαν τῷ κατ´ οὐσίαν αὐτῆς 
ἐναντίον. Ὥστε ἡμῖν ἀναπέφανται τὸ μὴ πανταχοῦ οὐσίᾳ μηδὲν εἶναι ἐναντίον· 
ἐπεὶ καὶ ἐπὶ πυρὸς καὶ ὕδατος ἐδεξάμεθα ἂν εἶναι ἐναντία, εἰ μὴ κοινὸν ἦν 
ἡ ὕλη ἐν αὐτοῖς, ἐφ´ ἧς τὸ θερμὸν καὶ ξηρὸν καὶ ὑγρὸν καὶ ψυχρὸν 
συμβεβηκότα ἐγίνετο· εἰ δ´ ἐπ´ αὐτῶν ἦν μόνα τὴν οὐσίαν αὐτῶν συμπληροῦντα 
ἄνευ τοῦ κοινοῦ, ἐγίγνετο ἂν ἐναντίον καὶ ἐνταῦθα, οὐσία οὐσίᾳ ἐναντίον. 
Τὰ ἄρα πάντη κεχωρισμένα καὶ μηδὲν ἔχοντα κοινὸν καὶ πλείστην ἀπόστασιν 
ἔχοντα ἐν τῇ φύσει αὐτῶν ἐναντία· ἐπείπερ ἡ ἐναντίωσις οὐχ ᾗ ποιόν τι οὐδὲ 
ὅλως ὁτιοῦν γένος τῶν ὄντων, ἀλλ´ ᾗ πλεῖστον ἀλλήλων κεχώρισται καὶ ἐξ 
ἀντιθέτων συνέστηκε καὶ τὰ ἐναντία ποιεῖ.
 | [1,8,6] Examinons en quel sens on a dit que les maux ne peuvent être détruits, 
qu'ils sont nécessaires, qu'ils ne se trouvent pas chez les dieux, mais 
qu'ils assiégent toujours la nature mortelle et le lieu que nous habitons. 
Assurément le ciel est pur de tout mal parce qu'il se meut 
éternellement avec régularité, dans un ordre parfait, parce que dans les 
astres il n'y ni injustice ni aucune autre espèce de mal, qu'il ne se 
nuisent pas réciproquement dans leur chute et qu'à leur révolution préside 
la plus belle harmonie, tandis que la terre offre le spectacle de 
l'injustice, du désordre, parce que notre nature est mortelle et que nous 
habitons un lieu inférieur. Mais quand Platon dit : il faut fuir d'ici-bas, 
cela ne signifie pas qu'il faille quitter la terre: il suffit, tout 
en y restant de s'y montrer juste, pieux, sage. C'est la méchanceté qu'il 
faut fuir parce que c'est en elle et dans ses conséquences que consiste le 
mal de l'homme.
Quand l'interlocuteur Théodore dit à Socrate que les maux seraient 
anéantis si les hommes faisaient ce que prescrit ce sage, Socrate répond 
que cela n'est pas possible, que le Mal est nécessaire parce qu'il faut 
que le Bien ait son contraire. Mais comment se fait-il que le mal de 
l'homme, que la méchanceté soit le contraire du bien ? c'est que c'est le 
contraire de la vertu. Or la vertu, sans être le Bien en soi, est un bien 
cependant, un bien qui nous fait dominer la matière. Mais comment le Bien 
en soi peut-il avoir un contraire ? car il n'est pas une qualité. En 
outre, pourquoi l'existence d'une chose nécessite-t-elle celle de son 
contraire? Admettons toutefois que cela soit possible, que quand une chose 
existe, son contraire puisse exister aussi, que par exemple, quand un 
homme est en bonne santé, il puisse tomber malade : il ne s'en suit pas 
cependant que ce soit nécessaire. Aussi Platon ne prétend-il pas que 
l'existence de chaque chose de cette espèce entraîne nécessairement celle 
de son contraire : il n'affirme cela que du Bien. Mais comment le 
Bien peut-il avoir un contraire s'il est l'essence, ou plutôt s'il est 
au-dessus de l'essence? Qu'il n'y ait rien de contraire à l'essence, c'est 
ce qui paraît évident quand il s'agit d'essences particulières et ce que 
démontre l'induction; mais on ne l'a pas prouvé pour l'essence 
universelle. Quel sera donc le contraire de l'essence universelle et des 
premiers principes en général? Le contraire de l'essence, c'est le 
non-être; le contraire de la nature du Bien, c'est la nature et le 
principe du Mal. En effet ces deux natures sont l'une, le principe des 
maux, et l'autre, le principe des biens. Tous leurs éléments sont opposés 
entre eux, en sorte que ces deux natures, considérées dans leur ensemble, 
sont encore plus opposées que les autres contraires. Ces derniers en effet 
appartiennent à la même forme, au même genre, et, quels que soient les 
sujets où ils se trouvent, ils ont entre eux quelque chose de commun. 
Quant aux contraires qui sont séparés par nature, qui ont chacun leur 
essence constituée par des éléments opposés aux éléments constitutifs de 
l'essence de l'autre, ils sont absolument opposés entre eux, puisqu'on 
appelle opposées les choses qui sont aussi éloignées que possible. Or à la 
mesure, à la détermination, et aux autres caractères de la nature divine 
sont opposés le défaut de mesure, l'indétermination, et les autres 
contraires qui constituent la nature du Mal. Chaque tout est donc le 
contraire de l'autre. L'être de l'un est ce qui est essentiellement et 
absolument faux ; celui de l'autre est l'être véritable ; la fausseté de 
l'un est donc le contraire de la vérité de l'autre. De même, ce qui 
appartient à l'essence de l'un est le contraire de ce qui appartient à 
l'essence de l'autre. Nous voyons aussi qu'il n'est pas toujours vrai de 
dire que l'essence n'a pas de contraire : car nous reconnaissons que l'eau 
et le feu sont contraires, lors même qu'ils n'auraient pas une commune 
matière dont le chaud et le froid, l'humide et le sec sont des accidents. 
S'ils existaient seuls par eux-mêmes, si leur essence était complète sans 
avoir un sujet commun, il y aurait encore opposition, et ce serait une 
opposition d'essence. Donc les choses qui sont complètement séparées, qui 
n'ont rien de commun, qui sont aussi éloignées que possible, sont 
contraires par leur nature; ce n'est pas une opposition de qualité, ni 
d'aucun genre des êtres ; c'est une opposition fondée sur ce que ces deux 
choses sont aussi éloignées que possible, sont composées de contraires, et 
communiquent ce caractère à leurs éléments.
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