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[1,6,0] PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE SIXIÈME : DU BEAU.
| [1,6,0] PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE SIXIÈME : DU BEAU.
| [1,6,1] Τὸ καλὸν ἔστι μὲν ἐν ὄψει πλεῖστον, ἔστι δ´ ἐν ἀκοαῖς κατά τε λόγων
συνθέσεις, ἔστι δὲ καὶ ἐν μουσικῇ καὶ ἁπάσῃ· καὶ γὰρ μέλη καὶ ῥυθμοί εἰσι
καλοί· ἔστι δὲ καὶ προιοῦσι πρὸς τὸ ἄνω ἀπὸ τῆς αἰσθήσεως καὶ ἐπιτηδεύματα
καλὰ καὶ πράξεις καὶ ἕξεις καὶ ἐπιστῆμαί τε καὶ τὸ τῶν ἀρετῶν κάλλος. Εἰ
δέ τι καὶ πρὸ τούτων, αὐτὸ δείξει. Τί οὖν δὴ τὸ πεποιηκὸς καὶ τὰ σώματα
καλὰ φαντάζεσθαι καὶ τὴν ἀκοὴν ἐπινεύειν ταῖς φωναῖς, ὡς καλαί; Καὶ ὅσα
ἐφεξῆς ψυχῆς ἔχεται, πῶς ποτε πάντα καλά; Καὶ ἆρά γε ἑνὶ καὶ τῷ αὐτῷ καλῷ
τὰ πάντα, ἢ ἄλλο μὲν ἐν σώματι τὸ κάλλος, ἄλλο δὲ ἐν ἄλλῳ; Καὶ τίνα ποτὲ
ταῦτα ἢ τοῦτο; Τὰ μὲν γὰρ οὐ παρ´ αὐτῶν τῶν ὑποκειμένων καλά, οἷον τὰ
σώματα, ἀλλὰ μεθέξει, τὰ δὲ κάλλη αὐτά, ὥσπερ ἀρετῆς ἡ φύσις. Σώματα μὲν
γὰρ τὰ αὐτὰ ὁτὲ μὲν καλά, ὁτὲ δὲ οὐ καλὰ φαίνεται, ὡς ἄλλου ὄντος τοῦ
σώματα εἶναι, ἄλλου δὲ τοῦ καλά. Τί οὖν ἐστι τοῦτο τὸ παρὸν τοῖς σώμασι;
Πρῶτον γὰρ περὶ τούτου σκεπτέον. Τί οὖν ἐστιν, ὃ κινεῖ τὰς ὄψεις τῶν
θεωμένων καὶ ἐπιστρέφει πρὸς αὑτὸ καὶ ἕλκει καὶ εὐφραίνεσθαι τῇ θέᾳ ποιεῖ;
Τοῦτο γὰρ εὑρόντες τάχ´ ἂν ἐπιβάθρᾳ αὐτῷ χρώμενοι καὶ τὰ ἄλλα θεασαίμεθα.
Λέγεται μὲν δὴ παρὰ πάντων, ὡς εἰπεῖν, ὡς συμμετρία τῶν μερῶν πρὸς ἄλληλα
καὶ πρὸς τὸ ὅλον τό τε τῆς εὐχροίας προστεθὲν τὸ πρὸς τὴν ὄψιν κάλλος
ποιεῖ καὶ ἔστιν αὐτοῖς καὶ ὅλως τοῖς ἄλλοις πᾶσι τὸ καλοῖς εἶναι τὸ
συμμέτροις καὶ μεμετρημένοις ὑπάρχειν· οἷς ἁπλοῦν οὐδέν, μόνον δὲ τὸ
σύνθετον ἐξ ἀνάγκης καλὸν ὑπάρξει· τό τε ὅλον ἔσται καλὸν αὐτοῖς, τὰ δὲ
μέρη ἕκαστα οὐχ ἕξει παρ´ ἑαυτῶν τὸ καλὰ εἶναι, πρὸς δὲ τὸ ὅλον
συντελοῦντα, ἵνα καλὸν ᾖ· καίτοι δεῖ, εἴπερ ὅλον, καὶ τὰ μέρη καλὰ εἶναι·
οὐ γὰρ δὴ ἐξ αἰσχρῶν, ἀλλὰ πάντα κατειληφέναι τὸ κάλλος. Τά τε χρώματα
αὐτοῖς τὰ καλά, οἷον καὶ τὸ τοῦ ἡλίου φῶς, ἁπλᾶ ὄντα, οὐκ ἐκ συμμετρίας
ἔχοντα τὸ κάλλος ἔξω ἔσται τοῦ καλὰ εἶναι. Χρυσός τε δὴ πῶς καλόν; Καὶ
νυκτὸς ἡ ἀστραπὴ ἢ ἄστρα ὁρᾶσθαι τῷ καλά; Ἐπί τε τῶν φωνῶν ὡσαύτως τὸ
ἁπλοῦν οἰχήσεται, καίτοι ἑκάστου φθόγγου πολλαχῇ τῶν ἐν τῷ ὅλῳ καλῷ καλοῦ
καὶ αὐτοῦ ὄντος. Ὅταν δὲ δὴ καὶ τῆς αὐτῆς συμμετρίας μενούσης ὁτὲ μὲν
καλὸν τὸ αὐτὸ πρόσωπον, ὁτὲ δὲ μὴ φαίνηται, πῶς οὐκ ἄλλο δεῖ ἐπὶ τῷ
συμμέτρῳ λέγειν τὸ καλὸν εἶναι, καὶ τὸ σύμμετρον καλὸν εἶναι δι´ ἄλλο; Εἰ
δὲ δὴ μεταβαίνοντες καὶ ἐπὶ τὰ ἐπιτηδεύματα καὶ τοὺς λόγους τοὺς καλοὺς τὸ
σύμμετρον καὶ ἐπ´ αὐτῶν αἰτιῷντο, τίς ἂν λέγοιτο ἐν ἐπιτηδεύμασι συμμετρία
καλοῖς ἢ νόμοις ἢ μαθήμασιν ἢ ἐπιστήμαις; Θεωρήματα γὰρ σύμμετρα πρὸς
ἄλληλα πῶς ἂν εἴη; Εἰ δ´ ὅτι σύμφωνά ἐστι, καὶ κακῶν ἔσται ὁμολογία τε καὶ
συμφωνία. Τῷ γὰρ τὴν σωφροσύνην ἠλιθιότητα εἶναι τὸ τὴν δικαιοσύνην
γενναίαν εἶναι εὐήθειαν σύμφωνον καὶ συνῳδὸν καὶ ὁμολογεῖ πρὸς ἄλληλα.
Κάλλος μὲν οὖν ψυχῆς ἀρετὴ πᾶσα καὶ κάλλος ἀληθινώτερον ἢ τὰ πρόσθεν· ἀλλὰ
πῶς σύμμετρα; Οὔτε γὰρ ὡς μεγέθη οὔτε ὡς ἀριθμὸς σύμμετρα· καὶ πλειόνων
μερῶν τῆς ψυχῆς ὄντων, ἐν ποίῳ γὰρ λόγῳ ἡ σύνθεσις ἢ ἡ κρᾶσις τῶν μερῶν ἢ
τῶν θεωρημάτων; Τὸ δὲ τοῦ νοῦ κάλλος μονουμένου τί ἂν εἴη;
| [1,6,1] Le beau affecte principalement le sens de la vue. Cependant l'oreille
le perçoit aussi, soit dans l'harmonie des paroles, soit dans les divers
genres de musique : car des chants et des rythmes sont également beaux.
Si nous nous élevons du domaine des sens à une région supérieure,
nous retrouvons également le beau dans les occupations, dans les actions,
dans les habitudes, dans les sciences, aussi bien que dans les vertus. Y
a-t-il encore une beauté supérieure? c'est ce que nous découvrirons par la
discussion. Quelle est donc la cause qui fait que certains corps nous
paraissent beaux, que notre oreille écoute avec plaisir des rhythmes
qu'elle juge mélodieux, que nous aimons des beautés purement morales? La
beauté de tous les objets dérive-t-elle d'un principe unique, immuable, ou
bien reconnaîtrons-nous tel principe de beauté pour le corps, tel autre
pour une autre chose? Quels sont alors ces principes, s'il y en a
plusieurs? Quel est ce principe, s'il n'y en a qu'un?
D'abord il y a des objets, les corps par exemple, chez lesquels la beauté,
au lieu d'être inhérente à l'essence même du sujet, n'existe que par
participation; d'autres au contraire sont beaux par eux-mêmes : telle
est, par exemple, la vertu. En effet, les mêmes corps nous paraissent
tantôt beaux, tantôt dépourvus (le beauté, en sorte qu'être corps est une
chose fort différente d'être beau. Quel est donc le principe dont la
présence dans un corps y produit la beauté? voilà la première question à
résoudre. Qu'est-ce qui dans les corps émeut le spectateur, attire,
attache et charme son regard ? Une fois ce principe trouvé, nous nous en
servirons comme d'un point d'appui pour résoudre les autres questions.
Est-ce, comme tous le répètent, la proportion des parties relativement les
unes aux autres et relativement à l'ensemble, jointe à la grâce des
couleurs, qui constitue la beauté quand elle s'adresse à la vue? Dans
ce cas, la beauté des corps en général consistant dans la symétrie et la
juste proportion de leurs parties, elle ne saurait se trouver dans rien de
simple, elle ne peut nécessairement apparaître que dans le composé.
L'ensemble seul sera beau ; les parties n'auront par elles-mêmes aucune
beauté : elles ne seront belles que par leur rapport avec l'ensemble.
Cependant, si l'ensemble est beau, il paraît nécessaire que les parties
aussi soient belles; le beau ne saurait en effet résulter de l'assemblage
de choses laides. Il faut donc que la beauté soit répandue sur toutes les
parties. Dans le même système, les couleurs qui sont belles, comme la
lumière du soleil, mais qui sont simples, et qui n'empruntent pas leur
beauté à la proportion, seront exclues du domaine de la beauté. Comment
l'or sera-t-il beau? Comment l'éclair brillant dans la nuit, comment les
astres seront-ils beaux à contempler? Il faudra prétendre de même que,
dans les sons, ce qui est simple n'a point de beauté.
Cependant dans une belle harmonie, chaque son, même isolé, a sa beauté
propre. Tout en gardant les mêmes proportions, un même visage parait
tantôt beau, tantôt laid. Comment ne pas convenir alors que la proportion
n'est pas la beauté même, mais qu'elle emprunte elle-même sa beauté à un
principe supérieur? Passons maintenant aux occupations, aux discours.
Prétend-on que leur beauté dépende aussi de la proportion? Alors en quoi
fait-on consister la proportion quand il s'agit d'occupations, de lois,
d'études, de sciences? Comment les spéculations de la science
peuvent-elles avoir entre elles des rapports de proportion? Dira-t-on que
ces rapports consistent dans l'accord que ces spéculations ont entre
elles? Mais les choses mauvaises elles-mêmes peuvent avoir entre elles un
certain accord, une certaine harmonie : ainsi prétendre par exemple que la
sagesse est simplicité d'esprit et que la justice est une sottise
généreuse, ce sont là deux assertions qui s'accordent parfaitement, qui
sont tout à fait en harmonie et en rapport l'une avec l'autre. Ensuite,
toute vertu est une beauté de l'âme beaucoup plus vraie que celles que
nous avons précédemment examinées : comment peut-il y avoir proportion
dans la vertu puisqu'on n'y trouve ni grandeur, ni nombre? L'âme étant
divisée en plusieurs facultés, qui déterminera dans quel rapport doit
s'effectuer, pour produire la beauté, la combinaison de ces facultés ou
des spéculations auxquelles l'âme se livre? Enfin comment y aura-t-il
beauté dans l'intelligence pure (si la beauté n'est que la proportion)?
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