[1,4,9] Ἀλλ´ ὅταν μὴ παρακολουθῇ βαπτισθεὶς ἢ νόσοις ἢ μάγων τέχναις; Ἀλλ´ εἰ
μὲν φυλάξουσιν αὐτὸν σπουδαῖον εἶναι οὕτως ἔχοντα καὶ οἷα ἐν ὕπνῳ
κοιμώμενον, τί κωλύει εὐδαίμονα αὐτὸν εἶναι; Ἐπεὶ οὐδὲ ἐν τοῖς ὕπνοις
ἀφαιροῦνται τῆς εὐδαιμονίας αὐτόν, οὐδ´ ὑπὸ λόγον ποιοῦνται τὸν χρόνον
τοῦτον, ὡς μὴ πάντα τὸν βίον εὐδαιμονεῖν λέγειν· εἰ δὲ μὴ σπουδαῖον
φήσουσιν, οὐ περὶ τοῦ σπουδαίου ἔτι τὸν λόγον ποιοῦνται. Ἡμεῖς δὲ
ὑποθέμενοι σπουδαῖον, εἰ εὐδαιμονεῖ, ἕως ἂν εἴη σπουδαῖος, ζητοῦμεν. Ἀλλ´
ἔστω σπουδαῖος, φασί· μὴ αἰσθανόμενος μηδ´ ἐνεργῶν κατ´ ἀρετήν, πῶς ἂν
εὐδαίμων εἴη; Ἀλλ´ εἰ μὲν μὴ αἰσθάνοιτο ὅτι ὑγιαίνοι, ὑγιαίνει οὐδὲν
ἧττον, καὶ εἰ μὴ ὅτι καλός, οὐδὲν ἧττον καλός· εἰ δὲ ὅτι σοφὸς μὴ
αἰσθάνοιτο, ἧττον σοφὸς ἂν εἴη; Εἰ μή πού τις λέγοι ὡς ἐν τῇ σοφίᾳ γὰρ δεῖ
τὸ αἰσθάνεσθαι καὶ παρακολουθεῖν αὐτῷ παρεῖναι· ἐν γὰρ τῇ κατ´ ἐνέργειαν
σοφίᾳ καὶ τὸ εὐδαιμονεῖν παρεῖναι. Ἐπακτοῦ μὲν οὖν ὄντος τοῦ φρονεῖν καὶ
τῆς σοφίας λέγοι ἄν τι ἴσως ὁ λόγος οὗτος· εἰ δ´ ἡ τῆς σοφίας ὑπόστασις ἐν
οὐσίᾳ τινί, μᾶλλον δὲ ἐν τῇ οὐσίᾳ, οὐκ ἀπόλωλε δὲ αὕτη ἡ οὐσία ἔν τε τῷ
κοιμωμένῳ καὶ ὅλως ἐν τῷ λεγομένῳ μὴ παρακολουθεῖν ἑαυτῷ, καὶ ἔστιν ἡ τῆς
οὐσίας αὐτὴ ἐνέργεια ἐν αὐτῷ καὶ ἡ τοιαύτη ἄυπνος ἐνέργεια, ἐνεργοῖ μὲν ἂν
καὶ τότε ὁ σπουδαῖος ᾗ τοιοῦτος· λανθάνοι δ´ ἂν αὕτη ἡ ἐνέργεια οὐκ αὐτὸν
πάντα, ἀλλά τι μέρος αὐτοῦ· οἷον καὶ τῆς φυτικῆς ἐνεργείας ἐνεργούσης οὐκ
ἔρχεται εἰς τὸν ἄλλον ἄνθρωπον ἡ τῆς τοιαύτης ἐνεργείας ἀντίληψις τῷ
αἰσθητικῷ, καί, εἴπερ ἦμεν τὸ φυτικὸν ἡμῶν ἡμεῖς, ἡμεῖς ἂν ἐνεργοῦντες
ἦμεν· νῦν δὲ τοῦτο μὲν οὐκ ἐσμέν, ἡ δὲ τοῦ νοοῦντος ἐνέργεια· ὥστε
ἐνεργοῦντος ἐκείνου ἐνεργοῖμεν ἂν ἡμεῖς.
| [1,4,9] Mais, quand le sage n'a plus sa raison, quand il est accablé par la
maladie, par les maléfices de la magie, continue-t-il d'être heureux? Si
l'on admet que dans cet état il continue d'être vertueux, qu'il est
seulement assoupi comme dans le sommeil, pourquoi ne serait-il pas
heureux, puisqu'on ne prétend pas que dans le sommeil il perde son
bonheur, qu'on ne tient nul compte du temps qu'il passe dans cet état, et
qu'on ne l'en regarde pas moins comme heureux toute sa vie? Si l'on nie
qu'il continue d'être vertueux, on sort de la question, puisque, supposant
qu'il continue d'être vertueux, ce que nous cherchons c'est s'il reste
heureux tant qu'il reste vertueux. Mais, objectera-t-on, s'il reste
vertueux sans le sentir, sans agir conformément à la vertu, comment
sera-t-il heureux? Voici notre réponse: s'il se portait bien, s'il était
beau, mais sans le sentir, en serait-il moins bien portant, moins beau? De
même, s'il était sage sans le sentir, il n'en serait pas moins sage.
Mais, dira-t-on encore, il est essentiel à la sagesse d'avoir le sentiment
et la conscience d'elle-même : car c'est dans la sagesse en acte que
réside le bonheur. Si la raison et la sagesse étaient choses adventices,
cette objection serait fondée. Mais si la substance de la sagesse consiste
dans une essence ou plutôt dans l'essence, si de plus l'essence ne périt
ni dans celui qui dort, ni dans celui qui n'a pas conscience de lui-même,
si par conséquent l'activité de l'essence continue à subsister en lui, si
par sa nature même elle veille sans cesse, il en résulte que l'homme
vertueux doit, même dans cet état (de sommeil et d'absence de conscience),
continuer d'exercer son activité. Du reste, cette activité n'est ignorée
que d'une partie de lui-même et non de lui tout entier. C'est ainsi que,
quand la force végétative s'exerce, la perception de son activité
n'est pas transmise par la sensibilité au reste de l'homme. Si c'était la
force végétative qui constituât notre personne, nous agirions dès qu'elle
agit; mais ce n'est pas elle qui nous constitue : nous sommes l'acte du
principe intellectuel, et c'est peur cela que nous agissons quand ce
principe agit.
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