[1,4,10] Λανθάνει δὲ ἴσως τῷ μὴ περὶ ὁτιοῦν τῶν αἰσθητῶν· διὰ γὰρ τῆς
αἰσθήσεως ὥσπερ μέσης περὶ ταῦτα ἐνεργεῖν δοκεῖ καὶ περὶ τούτων. Αὐτὸς δὲ
ὁ νοῦς διὰ τί οὐκ ἐνεργήσει καὶ ἡ ψυχὴ περὶ αὐτὸν ἡ πρὸ αἰσθήσεως καὶ ὅλως
ἀντιλήψεως; Δεῖ γὰρ τὸ πρὸ ἀντιλήψεως ἐνέργημα εἶναι, εἴπερ « τὸ αὐτὸ τὸ
νοεῖν καὶ εἶναι ». Καὶ ἔοικεν ἡ ἀντίληψις εἶναι καὶ γίνεσθαι ἀνακάμπτοντος
τοῦ νοήματος καὶ τοῦ ἐνεργοῦντος τοῦ κατὰ τὸ ζῆν τῆς ψυχῆς οἷον ἀπωσθέντος
πάλιν, ὥσπερ ἐν κατόπτρῳ περὶ τὸ λεῖον καὶ λαμπρὸν ἡσυχάζον. Ὡς οὖν ἐν
τοῖς τοιούτοις παρόντος μὲν τοῦ κατόπτρου ἐγένετο τὸ εἴδωλον, μὴ παρόντος
δὲ ἢ μὴ οὕτως ἔχοντος ἐνεργείᾳ πάρεστιν οὗ τὸ εἴδωλον ἦν ἄν, οὕτω καὶ περὶ
ψυχὴν ἡσυχίαν μὲν ἄγοντος τοῦ ἐν ἡμῖν τοιούτου, ᾧ ἐμφαίνεται τὰ τῆς
διανοίας καὶ τοῦ νοῦ εἰκονίσματα, ἐνορᾶται ταῦτα καὶ οἷον αἰσθητῶς
γινώσκεται μετὰ τῆς προτέρας γνώσεως, ὅτι ὁ νοῦς καὶ ἡ διάνοια ἐνεργεῖ.
Συγκλασθέντος δὲ τούτου διὰ τὴν τοῦ σώματος ταραττομένην ἁρμονίαν ἄνευ
εἰδώλου ἡ διάνοια καὶ ὁ νοῦς νοεῖ καὶ ἄνευ φαντασίας ἡ νόησις τότε· ὥστε
καὶ τοιοῦτον ἄν τι νοοῖτο μετὰ φαντασίας τὴν νόησιν γίνεσθαι οὐκ οὔσης τῆς
νοήσεως φαντασίας. Πολλὰς δ´ ἄν τις εὕροι καὶ ἐγρηγορότων καλὰς ἐνεργείας
καὶ θεωρίας καὶ πράξεις, ὅτε θεωροῦμεν καὶ ὅτε πράττομεν, τὸ παρακολουθεῖν
ἡμᾶς αὐταῖς οὐκ ἐχούσας. Οὐ γὰρ τὸν ἀναγινώσκοντα ἀνάγκη παρακολουθεῖν ὅτι
ἀναγινώσκει καὶ τότε μάλιστα, ὅτε μετὰ τοῦ συντόνου ἀναγινώσκοι· οὐδὲ ὁ
ἀνδριζόμενος ὅτι ἀνδρίζεται καὶ κατὰ τὴν ἀνδρίαν ἐνεργεῖ ὅσῳ ἐνεργεῖ· καὶ
ἄλλα μυρία· ὥστε τὰς παρακολουθήσεις κινδυνεύειν ἀμυδροτέρας αὐτὰς τὰς
ἐνεργείας αἷς παρακολουθοῦσι ποιεῖν, μόνας δὲ αὐτὰς οὔσας καθαρὰς τότε
εἶναι καὶ μᾶλλον ἐνεργεῖν καὶ μᾶλλον ζῆν καὶ δὴ καὶ ἐν τῷ τοιούτῳ πάθει
τῶν σπουδαίων γενομένων μᾶλλον τὸ ζῆν εἶναι, οὐ κεχυμένον εἰς αἴσθησιν,
ἀλλ´ ἐν τῷ αὐτῷ ἐν ἑαυτῷ συνηγμένον.
| [1,4,10] Si l'activité de l'intelligence nous reste cachée, c'est sans doute
parce qu'elle n'est pas sentie : car ce n'est que par l'intermédiaire du
sentiment que cette activité peut se manifester ; mais pourquoi (même sans
être sentie), l'intelligence cesserait-elle d'agir? Pourquoi de son côté
l'âme ne pourrait-elle tourner vers elle son activité avant de l'avoir
sentie on perçue? Il faut bien qu'il y ait quelque acte antérieur à la
perception, puisque (pour l'intelligence) penser et exister sont
identiques. La perception paraît ne pouvoir naître que lorsque la pensée
se replie sur elle-même; et que le principe dont l'activité constitue la
vie de l'âme retourne pour ainsi dire en arrière et se réfléchit, comme
l'image d'un objet placé devant un miroir se reflète dans sa surface polie
et brillante. De même que, si le miroir est placé en face de l'objet, il
se forme une image, et que, si le miroir est éloigné ou qu'il soit mal
disposé, il n'y a plus d'image bien que l'objet lumineux continue d'agir;
de même, quand la faculté de l'âme qui nous représente les images de la
raison discursive et de l'intelligence est dans un état convenable de
calme, nous en avons l'intuition, la connaissance en quelque sorte
sensible, avec la connaissance antérieure de l'activité de l'intelligence
et de la raison discursive; mais quand ce principe est agité par un
trouble survenu dans l'harmonie des organes, la raison discursive et
l'intelligence continuent d'agir sans qu'il y ait d'image, et la pensée ne
se réfléchit pas dans l'imagination. Aussi faut-il admettre que la pensée
est accompagnée d'une image sans cependant en être une elle-même. Il nous
arrive souvent, pendant que nous sommes éveillés, de faire des choses
louables, de méditer et d'agir, sans avoir conscience de ces opérations au
moment où nous les produisons. Quand, par exemple, on fait une lecture, on
n'a pas nécessairement conscience de l'action de lire, surtout si l'on est
fort attentif à ce qu'on lit. Celui qui exécute un acte de courage ne
pense pas non plus, pendant qu'il agit, qu'il agit avec courage. Il en est
de même dans une foule d'autres cas; de sorte qu'il semble que la
conscience qu'on a d'un acte en affaiblisse l'énergie, et que, quand
l'acte est seul (sans conscience), il soit dans son état de pureté et ait
plus de force et de vie. Quand des hommes vertueux sont dans cet état où
il y a absence de conscience, leur vie est plus intense parce qu'au lieu
de se mêler au sentiment elle se concentre en elle-même.
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