[1,4,7] Διὰ τί οὖν ὁ εὐδαιμονῶν ταῦτα ἐθέλει παρεῖναι καὶ τὰ ἐναντία
ἀπωθεῖται; Ἢ φήσομεν οὐχ ὅτι πρὸς τὸ εὐδαιμονεῖν εἰσφέρεταί τινα μοῖραν,
ἀλλὰ μᾶλλον πρὸς τὸ εἶναι· τὰ δ´ ἐναντία τούτων ἢ πρὸς τὸ μὴ εἶναι ἢ ὅτι
ἐνοχλεῖ τῷ τέλει παρόντα, οὐχ ὡς ἀφαιρούμενα αὐτό, ἀλλ´ ὅτι ὁ ἔχων τὸ
ἄριστον αὐτὸ μόνον βούλεται ἔχειν, οὐκ ἄλλο τι μετ´ αὐτοῦ, ὃ ὅταν παρῇ,
οὐκ ἀφῄρηται μὲν ἐκεῖνο, ἔστι δ´ ὅμως κἀκείνου ὄντος. Ὅλως δὲ οὐκ, εἴ τι ὁ
εὐδαίμων μὴ ἐθέλοι, παρείη δὲ τοῦτο, ἤδη παραιρεῖταί τι τῆς εὐδαιμονίας· ἢ
οὕτω γε καθ´ ἑκάστην τὴν ἡμέραν μεταπίπτοι ἂν καὶ ἐκπίπτοι τῆς
εὐδαιμονίας· οἷον εἰ καὶ παῖδα ἀποβάλλοι ἢ καὶ ὁτιοῦν τῶν κτημάτων. Καὶ
μυρία ἂν εἴη ἃ οὐ κατὰ γνώμην ἐκβάντα οὐδέν τι παρακινεῖ τοῦ παρόντος
τέλους αὐτῷ. Ἀλλὰ τὰ μεγάλα, φασί, καὶ οὐ τὰ τυχόντα. Τί δ´ ἂν εἴη τῶν
ἀνθρωπίνων μέγα, ὥστ´ ἂν μὴ καταφρονηθῆναι ὑπὸ τοῦ ἀναβεβηκότος πρὸς τὸ
ἀνωτέρω ἁπάντων τούτων καὶ οὐδενὸς ἔτι τῶν κάτω ἐξηρτημένου; Διὰ τί γὰρ
τὰς μὲν εὐτυχίας, ἡλίκαι οὖν ἐὰν ὦσιν, οὐ μεγάλας ἡγεῖται, οἷον βασιλείας
καὶ πόλεων καὶ ἐθνῶν ἀρχάς, οὐδὲ οἰκίσεις καὶ κτίσεις πόλεων, οὐδ´ εἰ ὑπ´
αὐτοῦ γίγνοιντο, ἐκπτώσεις δὲ ἀρχῶν καὶ πόλεως αὐτοῦ κατασκαφὴν ἡγήσεταί
τι εἶναι μέγα; Εἰ δὲ δὴ καὶ κακὸν μέγα ἢ ὅλως κακόν, γελοῖος ἂν εἴη τοῦ
δόγματος καὶ οὐκ ἂν ἔτι σπουδαῖος εἴη ξύλα καὶ λίθους καὶ νὴ Δία θανάτους
θνητῶν μέγα ἡγούμενος, ᾧ φαμεν δεῖν δόγμα παρεῖναι περὶ θανάτου τὸ ἄμεινον
ζωῆς τῆς μετὰ σώματος εἶναι. Αὐτὸς δὲ εἰ τυθείη, κακὸν οἰήσεται αὐτῷ τὸν
θάνατον, ὅτι παρὰ βωμοῖς τέθνηκεν; Ἀλλ´ εἰ μὴ ταφείη, πάντως που καὶ ὑπὲρ
γῆς καὶ ὑπὸ γῆν τεθὲν τὸ σῶμα σαπείη. Εἰ δ´ ὅτι μὴ πολυδαπάνως, ἀλλ´
ἀνωνύμως τέθαπται οὐκ ἀξιωθεὶς ὑψηλοῦ μνήματος, τῆς μικρολογίας. Ἀλλ´ εἰ
αἰχμάλωτος ἄγοιτο, « πάρ τοί » ἐστιν « ὁδὸς » ἐξιέναι, εἰ μὴ εἴη
εὐδαιμονεῖν. Εἰ δὲ οἰκεῖοι αὐτῷ αἰχμάλωτοι, οἷον « ἑλκόμεναι νυοὶ καὶ
θυγατέρες » - τί οὖν, φήσομεν, εἰ ἀποθνῄσκοι μηδὲν τοιοῦτον ἑωρακώς; Ἆρ´
ἂν οὕτω δόξης ἔχοι ἀπιών, ὡς μὴ ἂν τούτων ἐνδεχομένων γενέσθαι; Ἀλλ´
ἄτοπος ἂν εἴη. Οὐκ ἂν οὖν δοξάσειεν, ὡς ἐνδέχεται τοιαύταις τύχαις τοὺς
οἰκείους περιπεσεῖν; Ἆρ´ οὖν διὰ τὸ οὕτως ἂν δόξαι ὡς καὶ γενησομένου ἂν
οὐκ εὐδαίμων; Ἢ καὶ δοξάζων οὕτως εὐδαίμων· ὥστε καὶ γινομένου. Ἐνθυμοῖτο
γὰρ ἄν, ὡς ἡ τοῦδε τοῦ παντὸς φύσις τοιαύτη, οἵα καὶ τὰ τοιαῦτα φέρειν,
καὶ ἕπεσθαι χρή. Καὶ πολλοὶ δὴ καὶ ἄμεινον αἰχμάλωτοι γενόμενοι πράξουσι.
Καὶ ἐπ´ αὐτοῖς δὲ βαρυνομένοις ἀπελθεῖν· ἢ μένοντες ἢ εὐλόγως μένουσι καὶ
οὐδὲν δεινόν, ἢ ἀλόγως μένοντες, δέον μή, αὑτοῖς αἴτιοι. Οὐ γὰρ δὴ διὰ τὴν
τῶν ἄλλων ἄνοιαν οἰκείων ὄντων αὐτὸς ἐν κακῷ ἔσται καὶ εἰς ἄλλων εὐτυχίας
καὶ δυστυχίας ἀναρτήσεται.
| [1,4,7] Pourquoi donc l'homme heureux désire-t-il jouir de la présence de ces
avantages et de l'absence de leurs contraires? Nous répondrons que c'est
parce qu'ils contribuent, non à son bonheur, mais à son existence; que
leurs contraires tendent à lui faire perdre l'existence, qu'ils entravent
la jouissance du bien, sans l'enlever cependant; en outre, que celui qui
possède ce qu'il y a de meilleur veut le posséder uniquement, sans aucun
mélange. Toutefois, quand un obstacle étranger survient, le bien existe
encore même en présence de cet obstacle. En un mot, s'il arrive à l'homme
heureux quelque accident contre sa volonté, son bonheur n'en est en rien
altéré. Autrement, chaque jour il changerait et perdrait son bonheur, si,
par exemple, il avait à regretter un fils, s'il perdait quelques-unes de
ses possessions. Il est mille événements qui peuvent survenir contre son
désir sans le troubler dans la jouissance du bien qu'il a atteint. Mais,
dit-on, ce sont les grands malheurs, et non les accidents vulgaires (qui
peuvent troubler le bonheur du sage). Cependant, dans les choses humaines,
en est-il une assez grande pour n'être pas méprisée de celui qui s'est
élevé à un principe supérieur à tout, et qui ne dépend plus des choses
inférieures? Un tel homme ne pourra rien voir de grand dans les faveurs de
la fortune, quelles qu'elles soient, comme d'être roi, de commander à des
villes, à des peuples, de fonder et de bâtir des villes, lors même que ce
serait lui-même qui aurait cette gloire; il n'ira pas attacher de
l'importance à la perte de son pouvoir ou même à la ruine de sa patrie.
S'il regarde tout cela comme un grand mal, ou seulement comme un mal, il
aura une opinion ridicule; ce ne sera plus un homme vertueux : car, par
Jupiter, il regardera comme une grande chose du bois, des pierres, la mort
d'êtres nés mortels; tandis qu'il devrait admettre comme une vérité
incontestable que la mort est meilleure que la vie corporelle. S'il
était immolé lui-même, regarderait-il comme un mal de mourir, parce que
c'est au pied des autels qu'il mourrait? Que lui importe d'être enterré?
son corps pourrira sur la terre aussi bien que dessous. Que lui
importe d'être enseveli sans luxe et avec un appareil vulgaire, de ne pas
paraître digne d'être placé dans un tombeau magnifique? Ce serait là de la
petitesse d'esprit. S'il était emmené captif, il aurait toujours une route
ouverte pour sortir de la vie dans le cas où il ne lui serait plus permis
d'être heureux. Mais si les personnes de sa famille, par exemple, ses
filles, ses brus, étaient emmenées en captivité? Que dirions-nous
donc s'il était arrivé au terme de la vie sans avoir rien vu de pareil?
Est-ce qu'il, sortirait de ce monde en croyant que ces choses ne peuvent
arriver? Une pareille opinion serait absurde. Ne pensera-t-il pas que les
siens sont exposés à de pareils malheurs? Et s'il a l'opinion que cela
puisse arriver, en sera-t-il moins heureux? Non, il sera heureux même avec
cette croyance. Il le sera donc encore lors même que cela se réaliserait :
il réfléchira en effet que telle est la nature de ce monde qu'il faut
souffrir ces accidents et s'y soumettre. Souvent peut-être des hommes
traînés en captivité vivront mieux (qu'en liberté); et d'ailleurs, si la
captivité leur est insupportable, il est en leur pouvoir de s'en
affranchir; s'ils restent, c'est ou par raison, et alors leur sort n'est
pas trop dur; ou contre la raison, et alors ils ne doivent s'en prendre
qu'à eux-mêmes. Le sage ne sera donc pas malheureux à cause de la folie
des siens; il ne fera pas dépendre son sort dis bonheur ou du malheur d'autrui.
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