[1,4,6] Ἀλλ´ εἰ μὲν τὸ εὐδαιμονεῖν ἐν τῷ μὴ ἀλγεῖν μηδὲ νοσεῖν μηδὲ δυστυχεῖν
μηδὲ συμφοραῖς μεγάλαις περιπίπτειν ἐδίδου ὁ λόγος, οὐκ ἦν τῶν ἐναντίων
παρόντων εἶναι ὁντινοῦν εὐδαίμονα· εἰ δ´ ἐν τῇ τοῦ ἀληθινοῦ ἀγαθοῦ κτήσει
τοῦτό ἐστι κείμενον, τί δεῖ παρέντας τοῦτο καὶ τὸ πρὸς τοῦτο βλέποντας
κρίνειν τὸν εὐδαίμονα τὰ ἄλλα ζητεῖν, ἃ μὴ ἐν τῷ εὐδαιμονεῖν ἠρίθμηται; Εἰ
μὲν γὰρ συμφόρησις ἦν ἀγαθῶν καὶ ἀναγκαίων ἢ καὶ οὐκ ἀναγκαίων, ἀλλ´
ἀγαθῶν καὶ τούτων λεγομένων, ἐχρῆν καὶ ταῦτα παρεῖναι ζητεῖν· εἰ δὲ τὸ
τέλος ἕν τι εἶναι ἀλλ´ οὐ πολλὰ δεῖ - οὕτω γὰρ ἂν οὐ τέλος, ἀλλὰ τέλη ἂν
ζητοῖ - ἐκεῖνο χρὴ λαμβάνειν μόνον, ὃ ἔσχατόν τέ ἐστι καὶ τιμιώτατον καὶ ὃ
ἡ ψυχὴ ζητεῖ ἐν αὑτῇ ἐγκολπίσασθαι. Ἡ δὲ ζήτησις αὕτη καὶ ἡ βούλησις οὐχὶ
τὸ μὴ ἐν τούτῳ εἶναι· ταῦτα γὰρ οὐκ αὐτῇ φύσει, ἀλλὰ παρόντα μόνον φεύγει
ὁ λογισμὸς ἀποικονομούμενος ἢ καὶ προσλαμβάνων ζητεῖ· αὐτὴ δὲ ἡ ἔφεσις
πρὸς τὸ κρεῖττον αὐτῆς, οὗ ἐγγενομένου ἀποπεπλήρωται καὶ ἔστη, καὶ οὗτος ὁ
βουλητὸς ὄντως βίος. Τῶν δ´ ἀναγκαίων τι παρεῖναι οὐ βούλησις ἂν εἴη, εἰ
κυρίως τὴν βούλησιν ὑπολαμβάνοι, ἀλλὰ μὴ καταχρώμενος ἄν τις λέγοι, ἐπειδὴ
καὶ ταῦτα παρεῖναι ἀξιοῦμεν. Ἐπεὶ καὶ ὅλως τὰ κακὰ ἐκκλίνομεν, καὶ οὐ
δήπου βουλητὸν τὸ τῆς ἐκκλίσεως τῆς τοιαύτης· μᾶλλον γὰρ βουλητὸν τὸ μηδὲ
δεηθῆναι τῆς ἐκκλίσεως τῆς τοιαύτης. Μαρτυρεῖ δὲ καὶ αὐτά, ὅταν παρῇ· οἷον
ὑγίεια καὶ ἀνωδυνία. Τί γὰρ τούτων ἐπαγωγόν ἐστι; Καταφρονεῖται γοῦν
ὑγίεια παροῦσα καὶ τὸ μὴ ἀλγεῖν. Ἃ δὲ παρόντα μὲν οὐδὲν ἐπαγωγὸν ἔχει οὐδὲ
προστίθησί τι πρὸς τὸ εὐδαιμονεῖν, ἀπόντα δὲ διὰ τὴν τῶν λυπούντων
παρουσίαν ζητεῖ〈ται〉, εὔλογον ἀναγκαῖα, ἀλλ´ οὐκ ἀγαθὰ φάσκειν εἶναι. Οὐδὲ
συναριθμητέα τοίνυν τῷ τέλει, ἀλλὰ καὶ ἀπόντων αὐτῶν καὶ τῶν ἐναντίων
παρόντων ἀκέραιον τὸ τέλος τηρητέον.
| [1,4,6] Si la raison faisait consister le bonheur à être exempt de douleur, de
maladie, à ne pas éprouver de revers ni de grandes infortunes, il nous
serait impossible de goûter le bonheur quand nous serions exposés à
quelqu'un de ces maux. Mais si le bonheur est la possession du véritable
bien, pourquoi oublier ce bien pour regarder ses accessoires? Pourquoi,
dans l'appréciation de ce bien, chercher des choses qui ne sont pas
comptées au nombre de ses éléments? S'il consistait à réunir, avec les
biens véritables, des choses qui sont seulement nécessaires à nos besoins,
ou qui sans l'être sont cependant nommées biens, il faudrait travailler à
posséder aussi ces deniers. Mais comme l'homme doit avoir une fin unique
et non multiple (autrement on ne dirait pas qu'il tend à sa fin, mais à
ses fins), il faut rechercher seulement ce qu'il y a de plus élevé et de
plus précieux, ce que l'âme désire enfermer en quelque sorte dans son
sein. Son inclination, sa volonté ne peuvent aspirer à rien qui ne soit le
souverain bien. Si la raison évite certains maux et recherche
certains avantages, c'est qu'elle y est provoquée par leur présence, mais
elle n'y est pas portée par sa nature. La tendance principale de l'âme est
dirigée vers ce qu'il y a de meilleur; quand elle le possède, elle est
rassasiée et elle s'arrête; elle jouit alors d'une vie véritablement
conforme à sa volonté. En effet, la volonté n'a pas pour but de posséder
les choses nécessaires à nos besoins, si l'on prend le terme de volonté
dans son sens propre et non dans un sens abusif. Sans doute nous
jugeons convenable de nous procurer les choses nécessaires, comme en
général nous évitons les maux. Mais les éviter n'est pas l'objet de notre
volonté : ce serait plutôt de ne pas avoir besoin de les éviter. C'est ce
qui a lieu, par exemple, quand on possède la santé et quand on est exempt
de souffrance. Lequel de ces avantages nous attire vers lui? Tant qu'on
jouit de la santé, tant qu'on ne souffre pas, on y attache peu de prix.
Or, des avantages qui, présents, n'ont nul attrait pour l'âme et
n'ajoutent rien à son bonheur, qui, absents, sont recherchés à cause de la
souffrance qui naît de la présence de leurs contraires, doivent
raisonnablement être appelés des choses nécessaires plutôt que des biens
et ne pas être comptés au nombre des éléments de notre fin. Lorsqu'ils
sont absents et remplacés par leurs contraires, notre fin n'en reste pas
moins tout à fait la même.
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