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[1,3,0] PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE TROISIÈME.
DE LA DIALECTIQUE OU DES MOYENS D'ÉLEVER L'ÂME
AU MONDE INTELLIGIBLE.
| [1,3,0] PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE TROISIÈME.
DE LA DIALECTIQUE OU DES MOYENS D'ÉLEVER L'ÂME
AU MONDE INTELLIGIBLE.
| [1,3,1] Τίς τέχνη ἢ μέθοδος ἢ ἐπιτήδευσις ἡμᾶς οἷ δεῖ πορευθῆναι ἀνάγει; Ὅπου
μὲν οὖν δεῖ ἐλθεῖν, ὡς ἐπὶ τἀγαθὸν καὶ τὴν ἀρχὴν τὴν πρώτην, κείσθω
διωμολογημένον καὶ διὰ πολλῶν δεδειγμένον· καὶ δὴ καὶ δι´ ὧν τοῦτο
ἐδείκνυτο, ἀναγωγή τις ἦν. Τίνα δὲ δεῖ εἶναι τὸν ἀναχθησόμενον; Ἆρά γε τὸν
πάντα ἢ « τὸν πλεῖστά » φησιν « ἰδόντα », ὃς « ἐν τῇ πρώτῃ γενέσει εἰς
γονὴν ἀνδρὸς ἐσομένου φιλοσόφου μουσικοῦ τινος ἢ ἐρωτικοῦ; » Ὁ μὲν δὴ
φιλόσοφος τὴν φύσιν καὶ ὁ μουσικὸς καὶ ὁ ἐρωτικὸς ἀνακτέοι. Τίς οὖν ὁ
τρόπος; Ἆρά γε εἷς καὶ ὁ αὐτὸς ἅπασι τούτοις, ἢ καθ´ ἕνα εἷς τις; Ἔστι μὲν
οὖν ἡ πορεία διττὴ πᾶσιν ἢ ἀναβαίνουσιν ἢ ἄνω ἐλθοῦσιν· ἡ μὲν γὰρ προτέρα
ἀπὸ τῶν κάτω, ἡ δέ γε δευτέρα, οἷς ἤδη ἐν τῷ νοητῷ γενομένοις καὶ οἷον
ἴχνος θεῖσιν ἐκεῖ πορεύεσθαι ἀνάγκη, ἕως ἂν εἰς τὸ ἔσχατον τοῦ τόπου
ἀφίκωνται, ὃ δὴ « τέλος τῆς πορείας » ὂν τυγχάνει, ὅταν τις ἐπ´ ἄκρῳ
γένηται τῷ νοητῷ. Ἀλλ´ ἡ μὲν περιμενέτω, περὶ δὲ τῆς ἀναγωγῆς πρότερον
πειρατέον λέγειν. Πρῶτον δὴ διασταλτέον τοὺς ἄνδρας τούτους ἡμῖν
ἀρξαμένους ἀπὸ τοῦ μουσικοῦ ὅστις ἐστὶ λέγοντας τὴν φύσιν. Θετέον δὴ αὐτὸν
εὐκίνητον καὶ ἐπτοημένον μὲν πρὸς τὸ καλόν, ἀδυνατώτερον δὲ παρ´ αὐτοῦ
κινεῖσθαι, ἕτοιμον δὲ ἐκ τῶν τυχόντων οἷον ἐκτύπων, ὥσπερ οἱ δειλοὶ πρὸς
τοὺς ψόφους, οὕτω καὶ τοῦτον πρὸς τοὺς φθόγγους καὶ τὸ καλὸν τὸ ἐν τούτοις
ἕτοιμον, φεύγοντα δὲ ἀεὶ τὸ ἀνάρμοστον καὶ τὸ μὴ ἓν ἐν τοῖς ᾀδομένοις καὶ
ἐν τοῖς ῥυθμοῖς καὶ τὸ εὔρυθμον καὶ τὸ εὔσχημον διώκειν. Μετὰ τοίνυν τοὺς
αἰσθητοὺς τούτους φθόγγους καὶ ῥυθμοὺς καὶ σχήματα οὕτως ἀκτέον· χωρίζοντα
τὴν ὕλην ἐφ´ ὧν αἱ ἀναλογίαι καὶ οἱ λόγοι εἰς τὸ κάλλος τὸ ἐπ´ αὐτοῖς
ἀκτέον καὶ διδακτέον, ὡς περὶ ἃ ἐπτόητο ἐκεῖνα ἦν, ἡ νοητὴ ἁρμονία καὶ τὸ
ἐν ταύτῃ καλὸν καὶ ὅλως τὸ καλόν, οὐ τό τι καλὸν μόνον, καὶ λόγους τοὺς
φιλοσοφίας ἐνθετέον· ἀφ´ ὧν εἰς πίστιν ἀκτέον ὧν ἀγνοεῖ ἔχων. Τίνες δὲ οἱ
λόγοι, ὕστερον.
| [1,3,1] Quelle méthode, quel art, quelle étude nous conduira au but qu'il faut
atteindre, et qui n'est autre que le Bien, le Premier Principe, Dieu,
comme nous l'avons solidement prouvé ailleurs, par une démonstration
qui peut servir elle-même à élever l'âme au monde supérieur?
Que doit être celui qu'il s'agit d'élever à ce monde? Il doit tout savoir,
ou du moins être le plus savant possible, comme le veut Platon. Il
doit, dans la première génération, être descendu ici-bas pour former un
philosophe, un musicien, un amant. Car ce sont là les hommes que leur
nature rend les plus propres à être élevés au monde intelligible. Mais
comment les y élever? Suffit-il d'une seule et même méthode pour tous?
N'est-il pas besoin pour chacun d'eux d'une méthode particulière? Oui,
sans doute. Il y a deux méthodes à suivre : l'une pour ceux qui s'élèvent
d'ici-bas au monde intelligible, l'autre pour ceux qui y sont déjà
parvenus. C'est par la première de ces deux méthodes que l'on débute;
vient ensuite celle des hommes qui sont déjà parvenus dans le monde
intelligible et qui y ont pour ainsi dire pris pied. Il faut que ceux-ci
avancent sans cesse jusqu'à ce qu'ils soient arrivés au sommet : car on
ne doit s'arrêter que quand on a atteint le terme suprême.
Mais laissons en ce moment la seconde de ces deux marches, pour nous
occuper de la première, et essayons de dire comment peut s'opérer le
retour de l'âme au monde intelligible.
Trois espèces d'hommes s'offrent à notre examen : le Philosophe, le
Musicien, l'Amant. Il nous faut les bien distinguer entre eux, en
commençant par déterminer la nature et le caractère du Musicien.
Le Musicien se laisse facilement toucher par le beau et est plein
d'admiration pour lui ; mais il n'est pas capable d'arriver par lui seul à
l'intuition du beau ; il faut que des impressions extérieures viennent le
stimuler. De même que l'être craintif est réveillé par le moindre bruit,
le musicien est sensible à la beauté de la voix et des accords ; il évite
tout ce qui lui semble contraire aux lois de l'harmonie et de l'unité et
recherche le nombre et la mélodie dans les rhythmes et les chants. Il
faudra donc qu'après ces intonations, ces rhythmes et ces airs purement
sensibles, il en vienne à séparer dans ces choses la forme de la matière
et à considérer la beauté qui se trouve dans leurs proportions et leurs
rapports ; il faudra lui enseigner que ce qui dans ces choses excite son
admiration, c'est l'harmonie intelligible, la beauté qu'elle enferme, en
un mot le beau absolu, et non telle ou telle beauté. Il faudra enfin
emprunter à la philosophie des arguments qui le conduisent à reconnaître
des vérités qu'il ignorait tout en les possédant instinctivement. Quels
sont ces arguments, c'est ce que nous dirons plus tard.
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