[1,1,4] IV. Θῶμεν τοίνυν μεμῖχθαι. Ἀλλ´ εἰ μέμικται, τὸ μὲν χεῖρον ἔσται βέλτιον, τὸ σῶμα,
τὸ δὲ χεῖρον, ἡ ψυχή· καὶ βέλτιον μὲν τὸ σῶμα ζωῆς μεταλαβόν, χεῖρον δὲ ἡ ψυχὴ θανάτου καὶ
ἀλογίας. Τὸ δὴ ἀφαιρεθὲν ὁπωσοῦν ζωῆς πῶς ἂν προσθήκην λάβοι τὸ αἰσθάνεσθαι; Τοὐναντίον δ´
ἂν τὸ σῶμα ζωὴν λαβὸν τοῦτο ἂν εἴη τὸ αἰσθήσεως καὶ τῶν ἐξ αἰσθήσεως παθημάτων
μεταλαμβάνον. Τοῦτο τοίνυν καὶ ὀρέξεται - τοῦτο γὰρ καὶ ἀπολαύσει ὧν ὀρέγεται - καὶ
φοβήσεται περὶ αὑτοῦ· τοῦτο γὰρ καὶ οὐ τεύξεται τῶν ἡδέων καὶ φθαρήσεται.
Ζητητέον δὲ καὶ τὸν τρόπον τῆς μίξεως, μήποτε οὐ δυνατὸς ᾖ, ὥσπερ ἂν εἴ τις λέγοι
μεμῖχθαι λευκῷ γραμμήν, φύσιν ἄλλην ἄλλῃ. Τὸ δὲ «διαπλακεῖσα» οὐ ποιεῖ ὁμοιοπαθῆ
τὰ διαπλακέντα, ἀλλ´ ἔστιν ἀπαθὲς εἶναι τὸ διαπλακὲν καὶ ἔστι ψυχὴν διαπεφοιτηκυῖαν
μήτοι πάσχειν τὰ ἐκείνου πάθη, ὥσπερ καὶ τὸ φῶς, καὶ μάλιστα, εἰ οὕτω, δι´ ὅλου ὡς
διαπεπλέχθαι· οὐ παρὰ τοῦτο οὖν πείσεται τὰ σώματος πάθη, ὅτι διαπέπλεκται. Ἀλλ´
ὡς εἶδος ἐν ὕλῃ ἔσται ἐν τῷ σώματι; Πρῶτον μὲν ὡς χωριστὸν εἶδος ἔσται, εἴπερ
οὐσία, καὶ μᾶλλον ἂν εἴη κατὰ τὸ χρώμενον. Εἰ δὲ ὡς τῷ πελέκει τὸ σχῆμα τὸ ἐπὶ τῷ
σιδήρῳ, καὶ τὸ συναμφότερον ὁ πέλεκυς ποιήσει ἃ ποιήσει ὁ σίδηρος ὁ οὕτως
ἐσχηματισμένος, κατὰ τὸ σχῆμα μέντοι, μᾶλλον ἂν τῷ σώματι διδοῖμεν ὅσα κοινὰ
πάθη, τῷ μέντοι τοιούτῳ, <τῷ φυσικῷ, ὀργανικῷ, δυνάμει ζωὴν ἔχοντι>. Καὶ γὰρ
ἄτοπόν φησι <τὴν ψυχὴν ὑφαίνειν λέγειν>, ὥστε καὶ ἐπιθυμεῖν καὶ λυπεῖσθαι· ἀλλὰ τὸ
ζῷον μᾶλλον.
| [1,1,4] IV. Supposons l'âme mêlée au corps. Dans ce mélange, la partie inférieure,
le corps, devra gagner, et la partie supérieure, l'âme, devra perdre : le corps gagnera en
participant à la vie, l'âme perdra en participant à une nature mortelle et
irraisonnable. L'âme, en perdant la vie jusqu'à un certain point, recevra-t-
elle, comme un accessoire, la faculté de sentir? Le corps au contraire, en
participant à la vie, ne devra-t-il pas recevoir la sensation et les passions
qui en dérivent? C'est donc le corps qui éprouvera le désir : car c'est lui qui
jouira des objets désirés; c'est le corps qui éprouvera la crainte : car c'est
lui qui pourra voir échapper les plaisirs qu'il recherche, c'est lui enfin qui
sera exposé à périr, En admettant le mélange de l'âme et du corps, si
toutefois ce mélange n'est pas impossible, comme le serait par exemple celui
d'une ligne et de la couleur blanche, c'est-à-dire de deux natures hétérogènes,
il faut encore rechercher quel est le mode de ce mélange. Si l'on suppose l'âme
répandue dans le corps, il ne s'ensuit pas qu'elle en partage les passions : car
ce qui est répandu dans une substance peut rester impassible; donc l'âme, tout
en pénétrant le corps, peut être étrangère à ses passions, comme la lumière,
partout répandue, n'en demeure pas moins impassible. Ainsi, pour être
répandue par tout le corps, l'âme ne doit pas nécessairement en subir les
passions. L'âme sera-t-elle dans le corps comme la forme est dans la matière?
Alors, en sa qualité d'essence et surtout de cause qui se sert du corps comme
d'un instrument, elle y sera une forme séparable. Si elle est dans le corps
comme la figure est dans le fer pour constituer avec lui une hache et lui
donner, par la vertu qui lui est propre, le pouvoir de faire ce que fait le fer
ainsi façonné, nous aurons une raison de plus pour attribuer au corps les
passions communes : elles appartiendront au corps vivant, à ce corps naturel
organisé qui possède la vie en puissance. Car, « s'il est absurde, comme
l'a dit Platon, de prétendre que c'est l'âme qui tisse, » il n'est pas plus
raisonnable de dire que c'est elle qui désire, qui s'afflige; c'est bien plutôt
à l'animal qu'il faut rapporter tout cela.
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