Texte grec :
[242] (242a) (Ξένος)
Διὰ ταῦτα μέντοι τολμητέον ἐπιτίθεσθαι τῷ πατρικῷ λόγῳ νῦν, ἢ τὸ
παράπαν ἐατέον, εἰ τοῦτό τις εἴργει δρᾶν ὄκνος.
(Θεαίτητος)
Ἀλλ' ἡμᾶς τοῦτό γε μηδὲν μηδαμῇ εἴρξῃ.
(Ξένος)
Τρίτον τοίνυν ἔτι σε σμικρόν τι παραιτήσομαι.
(Θεαίτητος)
Λέγε μόνον.
(Ξένος)
Εἶπόν που νυνδὴ λέγων ὡς πρὸς τὸν περὶ ταῦτ' ἔλεγχον ἀεί τε
ἀπειρηκὼς ἐγὼ τυγχάνω καὶ δὴ καὶ τὰ νῦν.
(Θεαίτητος)
Εἶπες.
(Ξένος)
Φοβοῦμαι δὴ τὰ εἰρημένα, μή ποτε διὰ ταῦτά σοι μανικὸς εἶναι δόξω
παρὰ πόδα μεταβαλὼν ἐμαυτὸν ἄνω καὶ (242b) κάτω. σὴν γὰρ δὴ χάριν
ἐλέγχειν τὸν λόγον ἐπιθησόμεθα, ἐάνπερ ἐλέγχωμεν.
(Θεαίτητος)
Ὡς τοίνυν ἔμοιγε μηδαμῇ δόξων μηδὲν πλημμελεῖν, ἂν ἐπὶ τὸν ἔλεγχον
τοῦτον καὶ τὴν ἀπόδειξιν ἴῃς, θαῤῥῶν ἴθι τούτου γε ἕνεκα.
(Ξένος)
Φέρε δή, τίνα ἀρχήν τις ἂν ἄρξαιτο παρακινδυνευτικοῦ λόγου; δοκῶ
μὲν γὰρ τήνδ', ὦ παῖ, τὴν ὁδὸν ἀναγκαιοτάτην ἡμῖν εἶναι τρέπεσθαι.
(Θεαίτητος)
Ποίαν δή;
(Ξένος)
Τὰ δοκοῦντα νῦν ἐναργῶς ἔχειν ἐπισκέψασθαι πρῶτον (242c) μή πῃ
τεταραγμένοι μὲν ὦμεν περὶ ταῦτα, ῥᾳδίως δ' ἀλλήλοις ὁμολογῶμεν ὡς
εὐκρινῶς ἔχοντες.
(Θεαίτητος)
Λέγε σαφέστερον ὃ λέγεις.
(Ξένος)
Εὐκόλως μοι δοκεῖ Παρμενίδης ἡμῖν διειλέχθαι καὶ πᾶς ὅστις πώποτε
ἐπὶ κρίσιν ὥρμησε τοῦ τὰ ὄντα διορίσασθαι πόσα τε καὶ ποῖά ἐστιν.
(Θεαίτητος)
Πῇ;
(Ξένος)
Μῦθόν τινα ἕκαστος φαίνεταί μοι διηγεῖσθαι παισὶν ὡς οὖσιν ἡμῖν, ὁ
μὲν ὡς τρία τὰ ὄντα, πολεμεῖ δὲ ἀλλήλοις (242d) ἐνίοτε αὐτῶν ἄττα πῃ, τοτὲ
δὲ καὶ φίλα γιγνόμενα γάμους τε καὶ τόκους καὶ τροφὰς τῶν ἐκγόνων
παρέχεται· δύο δὲ ἕτερος εἰπών, ὑγρὸν καὶ ξηρὸν ἢ θερμὸν καὶ ψυχρόν,
συνοικίζει τε αὐτὰ καὶ ἐκδίδωσι· τὸ δὲ παρ' ἡμῖν Ἐλεατικὸν ἔθνος, ἀπὸ
Ξενοφάνους τε καὶ ἔτι πρόσθεν ἀρξάμενον, ὡς ἑνὸς ὄντος τῶν πάντων
καλουμένων οὕτω διεξέρχεται τοῖς μύθοις. Ἰάδες δὲ καὶ Σικελαί τινες
ὕστερον Μοῦσαι συνενόησαν ὅτι συμπλέκειν (242e) ἀσφαλέστατον
ἀμφότερα καὶ λέγειν ὡς τὸ ὂν πολλά τε καὶ ἕν ἐστιν, ἔχθρᾳ δὲ καὶ φιλίᾳ
συνέχεται. Διαφερόμενον γὰρ ἀεὶ συμφέρεται, φασὶν αἱ συντονώτεραι τῶν
Μουσῶν· αἱ δὲ μαλακώτεραι τὸ μὲν ἀεὶ ταῦτα οὕτως ἔχειν ἐχάλασαν,
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Traduction française :
[242] L'ÉTRANGER.
Voilà pourquoi il nous faut avoir le courage de porter la main sur la
maxime de notre père, ou, si nous en avons quelque scrupule, laisser là
toute cette affaire.
THÉÉTÈTE.
Eh bien! nous passerons par-dessus les scrupules.
L'ÉTRANGER.
J'ai encore une petite grâce à te demander; ce sera la troisième.
THÉÉTÈTE.
Parle.
L'ÉTRANGER.
Je disais, tout à l'heure, que dans tous les temps cette entreprise
avait surpassé mes forces, et qu'aujourd'hui encore j'en étais incapable.
THÉÉTÈTE.
Oui, tu l'as dit.
L'ÉTRANGER.
Je crains donc, qu'après avoir dit cela, à me voir changer tout d'un
coup de position, tu ne me prennes pour un extravagant : songe que c'est
pour l'amour de toi que nous allons essayer de réfuter cette maxime, si
toutefois nous pouvons y parvenir.
THÉÉTÈTE.
Pour moi, en vérité, tu ne me paraîtras aucunement blâmable
d'entreprendre cette réfutation et cette démonstration ; marche donc avec
assurance.
L'ÉTRANGER.
Or çà, par où aborder ce périlleux sujet? Voici, je crois, mon enfant,
le chemin qu'il nous faut prendre de toute nécessité.
THÉÉTÈTE.
Lequel?
L'ÉTRANGER.
Commençons par examiner les principes dont nous nous croyons
bien assurés, (242c) pour voir si nous ne nous abusons point à leur égard,
et si nous ne nous les accordons pas mutuellement avec plus de facilité
qu'il ne faut, comme si nous en avions fait une critique attentive.
THÉÉTÈTE.
Dis-moi plus clairement ce que tu veux dire.
L'ÉTRANGER.
Une matière que Parménide paraît avoir traitée un peu trop à son
aise, ainsi que tous ceux qui s'en sont occupés, c'est la distinction des
êtres, combien d'espèces il y en a et quelles elles sont.
THÉÉTÈTE.
Comment?
L'ÉTRANGER.
Il semble que chacun nous ait débité sa fable comme à des
enfants. L'un nous présente les êtres au nombre de trois, se faisant de
temps en temps la guerre; (242d) d'autres fois, redevenus amis, se
mariant, engendrant, nourrissant les fruits de leurs unions. Un autre
n'en compte que deux, le sec et l'humide, ou bien le chaud et le froid,
et il les marie et les met en ménage. Nos Éléates, à partir de Xénophane
et même de plus loin, arrangent leur fable en réduisant à un seul être ce
qu'on appelle l'univers. Plus tard des Muses d'Ionie et de Sicile ont
pensé qu'il serait plus sûr de combiner les deux opinions, et de dire que
l'être est à la fois un et multiple, et qu'il se maintient par la haine et par
l'amitié ; car tout se sépare et se réunit sans cesse, disent celles de ces
Muses qui chantent sur le ton le plus hardi; (242e) celles qui le prennent
sur un ton plus doux, ne prétendent plus que les choses soient toujours ainsi,
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