Texte grec :
[228] (228a) (Ξένος)
Τὸ μὲν οἷον νόσον ἐν σώματι, τὸ δ' οἷον αἶσχος ἐγγιγνόμενον.
(Θεαίτητος)
Οὐκ ἔμαθον.
(Ξένος)
Νόσον ἴσως καὶ στάσιν οὐ ταὐτὸν νενόμικας;
(Θεαίτητος)
Οὐδ' αὖ πρὸς τοῦτο ἔχω τί χρή με ἀποκρίνασθαι.
(Ξένος)
Πότερον ἄλλο τι στάσιν ἡγούμενος ἢ τὴν τοῦ φύσει συγγενοῦς ἔκ
τινος διαφθορᾶς διαφοράν;
(Θεαίτητος)
Οὐδέν.
(Ξένος)
Ἀλλ' αἶσχος ἄλλο τι πλὴν τὸ τῆς ἀμετρίας πανταχοῦ δυσειδὲς ἐνὸν
γένος;
(228b) (Θεαίτητος)
Οὐδαμῶς ἄλλο.
(Ξένος)
Τί δέ; Ἐν ψυχῇ δόξας ἐπιθυμίαις καὶ θυμὸν ἡδοναῖς καὶ λόγον λύπαις
καὶ πάντα ἀλλήλοις ταῦτα τῶν φλαύρως ἐχόντων οὐκ ᾐσθήμεθα
διαφερόμενα;
(Θεαίτητος)
Καὶ σφόδρα γε.
(Ξένος)
Συγγενῆ γε μὴν ἐξ ἀνάγκης σύμπαντα γέγονεν.
(Θεαίτητος)
Πῶς γὰρ οὔ;
(Ξένος)
Στάσιν ἄρα καὶ νόσον τῆς ψυχῆς πονηρίαν λέγοντες ὀρθῶς ἐροῦμεν.
(Θεαίτητος)
Ὀρθότατα μὲν οὖν.
(228c) (Ξένος)
Τί δ'; ὅσ' <ἂν> κινήσεως μετασχόντα καὶ σκοπόν τινα θέμενα
πειρώμενα τούτου τυγχάνειν καθ' ἑκάστην ὁρμὴν παράφορα αὐτοῦ
γίγνηται καὶ ἀποτυγχάνῃ, πότερον αὐτὰ φήσομεν ὑπὸ συμμετρίας τῆς
πρὸς ἄλληλα ἢ τοὐναντίον ὑπὸ ἀμετρίας αὐτὰ πάσχειν;
(Θεαίτητος)
Δῆλον ὡς ὑπὸ ἀμετρίας.
(Ξένος)
Ἀλλὰ μὴν ψυχήν γε ἴσμεν ἄκουσαν πᾶσαν πᾶν ἀγνοοῦσαν.
(Θεαίτητος)
Σφόδρα γε.
(Ξένος)
Τό γε μὴν ἀγνοεῖν ἐστιν ἐπ' ἀλήθειαν ὁρμωμένης (228d) ψυχῆς,
παραφόρου συνέσεως γιγνομένης, οὐδὲν ἄλλο πλὴν παραφροσύνη.
(Θεαίτητος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Ξένος)
Ψυχὴν ἄρα ἀνόητον αἰσχρὰν καὶ ἄμετρον θετέον.
(Θεαίτητος)
Ἔοικεν.
(Ξένος)
Ἔστι δὴ δύο ταῦτα, ὡς φαίνεται, κακῶν ἐν αὐτῇ γένη, τὸ μὲν πονηρία
καλούμενον ὑπὸ τῶν πολλῶν, νόσος αὐτῆς σαφέστατα ὄν.
(Θεαίτητος)
Ναί.
(Ξένος)
Τὸ δέ γε ἄγνοιαν μὲν καλοῦσι, κακίαν δὲ αὐτὸ ἐν ψυχῇ μόνον
γιγνόμενον οὐκ ἐθέλουσιν ὁμολογεῖν.
(228e) (Θεαίτητος)
Κομιδῇ συγχωρητέον, ὃ νυνδὴ λέξαντος ἠμφεγνόησά σου, τὸ δύο
εἶναι γένη κακίας ἐν ψυχῇ, καὶ δειλίαν μὲν καὶ ἀκολασίαν καὶ ἀδικίαν
σύμπαντα ἡγητέον νόσον ἐν ἡμῖν, τὸ δὲ τῆς πολλῆς καὶ παντοδαπῆς
ἀγνοίας πάθος αἶσχος θετέον.
(Ξένος)
Οὐκοῦν ἔν γε σώματι περὶ δύο παθήματε τούτω δύο τέχνα τινὲ
ἐγενέσθην;
(Θεαίτητος)
Τίνε τούτω;
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Traduction française :
[228] (228a) L'ÉTRANGER.
L'une est pour l'âme ce qu'est pour le corps la maladie, l'autre ce
qu'est la laideur.
THÉÉTÈTE.
Je n'entends pas bien.
L'ÉTRANGER.
Maladie et désordre du corps, ce n'est peut-être pas la même chose
pour toi?
THÉÉTÈTE.
J'avoue encore que je ne sais comment répondre.
L'ÉTRANGER.
Distingues-tu le désordre de la désunion provenue, par suite de
quelque altération, entre des choses que la nature a faites alliées et de
même famille?
THÉÉTÈTE.
Nullement.
L'ÉTRANGER.
Et la laideur est-elle autre chose que le défaut d'harmonie, qui est
désagréable partout où il se trouve,
(228b) THÉÉTÈTE.
Pas autre chose.
L'ÉTRANGER.
Eh bien! dis-moi, ne remarquons-nous pas dans l'âme des
méchants une désunion entre les opinions et les désirs, entre le courage
et les plaisirs, entre la raison et les chagrins, un conflit véritable entre
tout cela?
THÉÉTÈTE.
Tout-à-fait.
L'ÉTRANGER.
Et cependant ces choses-là sont nécessairement faites pour être alliées.
THÉÉTÈTE.
Assurément.
L'ÉTRANGER.
En appelant donc la méchanceté désordre et maladie de l'âme, nous
parlerons avec justesse?
THÉÉTÈTE.
Avec toute justesse.
(228c) L'ÉTRANGER.
Bien; et maintenant si une chose susceptible de mouvement, et
dirigée vers un but quelconque et cherchant à l'atteindre, passe à côté et
le manque à chaque fois, est-ce par harmonie, ou n'est-ce pas plutôt
par défaut d'harmonie entre cette chose et le but, qu'il faudra dire que cela
est arrivé ?
THÉÉTÈTE.
Par défaut d'harmonie, rien n'est plus clair.
L'ÉTRANGER.
Or nous savons que pour toute âme l'ignorance est involontaire.
THÉÉTÈTE.
Très certainement.
L'ÉTRANGER.
Et l'ignorance, pour l'âme qui aspire à la vérité, (228d) n'est pas autre
chose qu'une aberration, qui fait que l'intelligence passe à côté de son but.
THÉÉTÈTE.
Nul doute.
L'ÉTRANGER.
Une âme déraisonnable est donc une âme laide et difforme.
THÉÉTÈTE.
Selon toute apparence.
L'ÉTRANGER.
Il est donc démontré qu'il y a dans l'âme deux sortes de maux; l'un,
qui s'appelle communément méchanceté, est évidemment la maladie de
l'âme.
THÉÉTÈTE.
Oui.
L'ÉTRANGER.
L'autre est ce qu'on appelle ignorance; mais on ne veut pas convenir
que, quand ce mal entre dans l'âme, il suffît à lui seul pour la rendre
mauvaise.
(228e) THÉÉTÈTE.
Il faut bien accorder, ce dont je doutais, quand tu l'as dit tout à l'heure :
qu'il existe dans l'âme deux sortes de maux, et qu'on doit considérer
comme maladie en nous toute lâcheté, tout excès, toute injustice, et
comme laideur l'ignorance à laquelle notre âme est sujette de tant de
manières.
L'ÉTRANGER.
Or n'existe-t-il pas pour le corps deux arts qui s'appliquent à ces
deux sortes de maux ?
THÉÉTÈTE.
Lesquels?
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