| [607] (607a) φιλεῖν μὲν χρὴ καὶ ἀσπάζεσθαι ὡς ὄντας 
βελτίστους εἰς ὅσον δύνανται, καὶ συγχωρεῖν ῞Ομηρον ποιητικώτατον 
εἶναι καὶ πρῶτον τῶν τραγῳδοποιῶν, εἰδέναι δὲ ὅτι ὅσον μόνον ὕμνους 
θεοῖς καὶ ἐγκώμια τοῖς ἀγαθοῖς ποιήσεως παραδεκτέον εἰς πόλιν· εἰ δὲ τὴν 
ἡδυσμένην Μοῦσαν παραδέξῃ ἐν μέλεσιν ἢ ἔπεσιν, ἡδονή σοι καὶ λύπη ἐν 
τῇ πόλει βασιλεύσετον ἀντὶ νόμου τε καὶ τοῦ κοινῇ ἀεὶ δόξαντος εἶναι 
βελτίστου λόγου.
 ᾿Αληθέστατα, ἔφη.
 (b.) Ταῦτα δή, ἔφην, ἀπολελογήσθω ἡμῖν ἀναμνησθεῖσιν περὶ 
ποιήσεως, ὅτι εἰκότως ἄρα τότε αὐτὴν ἐκ τῆς πόλεως ἀπεστέλλομεν 
τοιαύτην οὖσαν· ὁ γὰρ λόγος ἡμᾶς ᾕρει. προσείπωμεν δὲ αὐτῇ, μὴ καί τινα 
σκληρότητα ἡμῶν καὶ ἀγροικίαν καταγνῷ, ὅτι παλαιὰ μέν τις διαφορὰ 
φιλοσοφίᾳ τε καὶ ποιητικῇ· καὶ γὰρ ἡ “λακέρυζα πρὸς δεσπόταν κύων” 
ἐκείνη “κραυγάζουσα” καὶ “μέγας ἐν ἀφρόνων κενε(c.)αγορίαισι” καὶ ὁ 
“τῶν διασόφων ὄχλος κρατῶν” καὶ οἱ “λεπτῶς μεριμνῶντες,” ὅτι ἄρα 
“πένονται,” καὶ ἄλλα μυρία σημεῖα παλαιᾶς ἐναντιώσεως τούτων. ὅμως 
δὲ εἰρήσθω ὅτι ἡμεῖς γε, εἴ τινα ἔχοι λόγον εἰπεῖν ἡ πρὸς ἡδονὴν ποιητικὴ 
καὶ ἡ μίμησις, ὡς χρὴ αὐτὴν εἶναι ἐν πόλει εὐνομουμένῃ, ἅσμενοι ἂν 
καταδεχοίμεθα, ὡς σύνισμέν γε ἡμῖν αὐτοῖς κηλουμένοις ὑπ’ αὐτῆς· ἀλλὰ 
γὰρ τὸ δοκοῦν ἀληθὲς οὐχ ὅσιον προδιδόναι. ἦ γάρ, ὦ φίλε, οὐ κηλῇ ὑπ’ 
αὐτῆς (d.) καὶ σύ, καὶ μάλιστα ὅταν δι’ ῾Ομήρου θεωρῇς αὐτήν;
 Πολύ γε.
 Οὐκοῦν δικαία ἐστὶν οὕτω κατιέναι, ἀπολογησαμένη ἐν μέλει ἤ τινι 
ἄλλῳ μέτρῳ;
 Πάνυ μὲν οὖν.
 Δοῖμεν δέ γέ που ἂν καὶ τοῖς προστάταις αὐτῆς, ὅσοι μὴ ποιητικοί, 
φιλοποιηταὶ δέ, ἄνευ μέτρου λόγον ὑπὲρ αὐτῆς εἰπεῖν, ὡς οὐ μόνον ἡδεῖα 
ἀλλὰ καὶ ὠφελίμη πρὸς τὰς πολιτείας καὶ τὸν βίον τὸν ἀνθρώπινόν ἐστιν· 
καὶ εὐμενῶς ἀκου(e.)σόμεθα. κερδανοῦμεν γάρ που ἐὰν μὴ μόνον ἡδεῖα 
φανῇ ἀλλὰ καὶ ὠφελίμη.
 Πῶς δ’ οὐ μέλλομεν, ἔφη, κερδαίνειν;
 Εἰ δέ γε μή, ὦ φίλε ἑταῖρε, ὥσπερ οἱ ποτέ του ἐρασθέντες, ἐὰν 
ἡγήσωνται μὴ ὠφέλιμον εἶναι τὸν ἔρωτα, βίᾳ μέν, ὅμως δὲ ἀπέχονται, καὶ 
ἡμεῖς οὕτως, διὰ τὸν ἐγγεγονότα μὲν ἔρωτα τῆς τοιαύτης ποιήσεως 
 | [607] et de vivre en réglant d'après lui 607a toute son  
existence, tu dois certes les saluer et les accueillir amicalement,  
comme des hommes qui sont aussi vertueux que possible, et leur  
accorder qu'Homère est le prince de la poésie et le premier des  
poètes tragiques, mais savoir aussi qu'en fait de poésie il ne faut  
admettre dans la cité que les hymnes en l'honneur des dieux et  
les éloges des gens de bien. Si, au contraire, tu admets la  
Muse voluptueuse, le plaisir et la douleur seront les rois de ta  
cité, à la place de la loi et de ce principe que, d'un commun  
accord, on a toujours regardé comme le meilleur, la raison.  
C'est très vrai.  
Que cela donc soit dit pour nous justifier, puisque nous 607b en  
sommes venus à reparler de la poésie, d'avoir banni de notre État  
un art de cette nature : la raison nous le prescrivait. Et disons-lui  
encore, afin qu'elle ne nous accuse point de dureté et de  
rusticité, que la dissidence est ancienne entre la philosophie et la  
poésie. Témoins les traits que voici : « la chienne hargneuse qui  
aboie contre son maître», « celui qui passe pour un grand  
homme dans les vains bavardages des fous », « la troupe des  
têtes trop sages», « les gens qui se tourmentent à 607c  
subtiliser parce qu'ils sont dans la misère et mille autres  
qui marquent leur vieille opposition. Déclarons néanmoins que si  
la poésie imitative peut nous prouver par de bonnes raisons  
qu'elle a sa place dans une cité bien policée, nous l'y recevrons  
avec joie, car nous avons conscience du charme qu'elle exerce  
sur nous - mais il serait impie de trahir ce qu'on regarde comme  
la vérité. Autrement, mon ami, ne te charme-t-elle pas toi aussi,  
surtout quand tu la vois à travers Homère? 607d  
Beaucoup.  
Il est donc juste qu'elle puisse rentrer à cette condition : après  
qu'elle se sera justifiée, soit dans une ode, soit en des vers de  
tout autre mètre.  
Sans doute.  
Nous permettrons même à ses défenseurs qui ne sont point  
poètes, mais qui aiment la poésie, de parler pour elle en prose, et  
de nous montrer qu'elle n'est pas seulement agréable, mais  
encore utile au gouvernement des États et à la vie humaine; et  
nous les écouterons avec 607e bienveillance, car ce sera profit  
pour nous si elle se révèle aussi utile qu'agréable.  
Certainement, dit-il, nous y gagnerons.  
Mais si, mon cher camarade, elle ne nous apparaît point sous ce  
jour, nous ferons comme ceux qui se sont aimés, mais qui, ayant  
reconnu que leur amour n'était point profitable, s'en détachent -  
par force certes, mais s'en détachent pourtant. Nous aussi, par  
un effet de l'amour qu'a fait naître en nous pour une telle poésie  
l'éducation de nos belles républiques,  
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