Texte grec :
[6,491] καὶ μετὰ (491a) τοῦτο αὖ τὰς μιμουμένας ταύτην
καὶ εἰς τὸ ἐπιτήδευμα καθισταμένας αὐτῆς, οἷαι οὖσαι φύσεις ψυχῶν εἰς
ἀνάξιον καὶ μεῖζον ἑαυτῶν ἀφικνούμεναι ἐπιτήδευμα, πολλαχῇ
πλημμελοῦσαι, πανταχῇ καὶ ἐπὶ πάντας δόξαν οἵαν λέγεις φιλοσοφίᾳ
προσῆψαν.
Τίνας δέ, ἔφη, τὰς διαφθορὰς λέγεις;
᾿Εγώ σοι, εἶπον, ἂν οἷός τε γένωμαι, πειράσομαι διελθεῖν. τόδε μὲν
οὖν οἶμαι πᾶς ἡμῖν ὁμολογήσει, τοιαύτην φύσιν καὶ πάντα ἔχουσαν ὅσα
προσετάξαμεν νυνδή, εἰ τελέως (491b) μέλλοι φιλόσοφος γενέσθαι, ὀλιγάκις
ἐν ἀνθρώποις φύεσθαι καὶ ὀλίγας. ἢ οὐκ οἴει;
Σφόδρα γε.
Τούτων δὴ τῶν ὀλίγων σκόπει ὡς πολλοὶ ὄλεθροι καὶ μεγάλοι.
Τίνες δή;
῝Ο μὲν πάντων θαυμαστότατον ἀκοῦσαι, ὅτι ἓν ἕκαστον ὧν
ἐπῃνέσαμεν τῆς φύσεως ἀπόλλυσι τὴν ἔχουσαν ψυχὴν καὶ ἀποσπᾷ
φιλοσοφίας. λέγω δὲ ἀνδρείαν, σωφροσύνην καὶ πάντα ἃ διήλθομεν.
῎Ατοπον, ἔφη, ἀκοῦσαι.
(491c) ῎Ετι τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, πρὸς τούτοις τὰ λεγόμενα ἀγαθὰ πάντα
φθείρει καὶ ἀποσπᾷ, κάλλος καὶ πλοῦτος καὶ ἰσχὺς σώματος καὶ
συγγένεια ἐρρωμένη ἐν πόλει καὶ πάντα τὰ τούτων οἰκεῖα· ἔχεις γὰρ τὸν
τύπον ὧν λέγω.
῎Εχω, ἔφη· καὶ ἡδέως γ’ ἂν ἀκριβέστερον ἃ λέγεις πυθοίμην.
Λαβοῦ τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, ὅλου αὐτοῦ ὀρθῶς, καί σοι εὔδηλόν τε
φανεῖται καὶ οὐκ ἄτοπα δόξει τὰ προειρημένα περὶ αὐτῶν.
Πῶς οὖν, ἔφη, κελεύεις;
(491d) Παντός, ἦν δ’ ἐγώ, σπέρματος πέρι ἢ φυτοῦ, εἴτε ἐγγείων εἴτε τῶν
ζῴων, ἴσμεν ὅτι τὸ μὴ τυχὸν τροφῆς ἧς προσήκει ἑκάστῳ μηδ’ ὥρας μηδὲ
τόπου, ὅσῳ ἂν ἐρρωμενέστερον ᾖ, τοσούτῳ πλειόνων ἐνδεῖ τῶν
πρεπόντων· ἀγαθῷ γάρ που κακὸν ἐναντιώτερον ἢ τῷ μὴ ἀγαθῷ.
Πῶς δ’ οὔ;
῎Εχει δὴ οἶμαι λόγον τὴν ἀρίστην φύσιν ἐν ἀλλοτριωτέρᾳ οὖσαν
τροφῇ κάκιον ἀπαλλάττειν τῆς φαύλης.
῎Εχει.
(491e) Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ ᾿Αδείμαντε, καὶ τὰς ψυχὰς οὕτω φῶμεν τὰς
εὐφυεστάτας κακῆς παιδαγωγίας τυχούσας διαφερόντως κακὰς
γίγνεσθαι; ἢ οἴει τὰ μεγάλα ἀδικήματα καὶ τὴν ἄκρατον πονηρίαν ἐκ
φαύλης ἀλλ’ οὐκ ἐκ νεανικῆς φύσεως τροφῇ διολομένης γίγνεσθαι,
ἀσθενῆ δὲ φύσιν μεγάλων οὔτε ἀγαθῶν οὔτε κακῶν αἰτίαν ποτὲ ἔσεσθαι;
Οὔκ, ἀλλά, ἦ δ’ ὅς, οὕτως.
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Traduction française :
[6,491] nous considérerons ensuite celui qui affecte de (491a) l'imiter et s'attribue son rôle
: quels sont les naturels qui, usurpant une profession dont ils sont indignes et qui les dépasse,
donnent dans mille écarts, et attachent à la philosophie cette fâcheuse réputation que
tu signales.
Mais, demanda-t-il, quelles sont les dégradations dont tu parles?
J'essaierai, répondis-je, si j'en suis capable, de te les décrire. Tout le monde
conviendra avec nous, j'espère, que ces naturels, réunissant toutes les qualités que
nous (491b) avons exigées du philosophe accompli, apparaissent rarement et en petit
nombre; ne le penses-tu pas?
Si fait.
Pour ces rares natures, considère à présent combien sont nombreuses et puissantes
les causes de destruction.
Quelles sont-elles?
Ce qui est le plus étrange à entendre, c'est que chacune des qualités que nous avons
louées perd l'âme qui la possède et l'arrache à la philosophie : je veux dire le courage,
la tempérance et les autres vertus que nous avons énumérées.
C'est bien étrange à entendre, avoua-t-il. (491c) Outre cela, repris-je, tout ce à quoi on
donne le nom de biens pervertit l'âme et la détourne de la philosophie : beauté,
richesse, puissantes alliances dans la cité, et tous autres avantages de cette espèce;
tu as sans doute une idée générale des choses dont je parle.
Oui, mais j'aurais plaisir à te voir préciser davantage.
Saisis donc bien ce principe général : il te paraîtra très clair, et ce que je viens de dire
à ce sujet n'aura rien d'étrange pour toi.
Comment, demanda-t-il, veux-tu que je fasse?
(491d) Tout germe, répondis-je, ou tout rejeton - qu'il s'agisse de plantes ou d'animaux - qui
ne trouve pas la nourriture, le climat et le lieu qui lui conviennent, demande, nous le
savons, d'autant plus de soins qu'il est plus vigoureux, car le mal est plus contraire à
ce qui est bon qu'à ce qui ne l'est pas.
Sans doute.
Il est donc conforme à la raison qu'une nature excellente, soumise à un régime
contraire, devienne pire qu'une nature médiocre.
Oui.
Ne dirons-nous pas aussi, Adimante, que les âmes les (491e) plus heureusement
douées, lorsqu'elles reçoivent une mauvaise éducation, deviennent mauvaises au
dernier point? ou bien penses-tu que les grands crimes et la perversité sans
mélange viennent d'une médiocre et non pas d'une vigoureuse nature, et qu'une âme
faible fasse jamais de grandes choses, soit en bien, soit en mal?
Non, je pense comme toi.
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