Texte grec :
[399] (399a) Ταύταις οὖν, ὦ φίλε, ἐπὶ πολεμικῶν ἀνδρῶν ἔσθ’ ὅτι χρήσῃ;
Οὐδαμῶς, ἔφη· ἀλλὰ κινδυνεύει σοι δωριστὶ λείπεσθαι καὶ φρυγιστί.
Οὐκ οἶδα, ἔφην ἐγώ, τὰς ἁρμονίας, ἀλλὰ κατάλειπε ἐκείνην τὴν
ἁρμονίαν, ἣ ἔν τε πολεμικῇ πράξει ὄντος ἀνδρείου καὶ ἐν πάσῃ βιαίῳ
ἐργασίᾳ πρεπόντως ἂν μιμήσαιτο φθόγγους τε καὶ προσῳδίας, καὶ
ἀποτυχόντος ἢ εἰς τραύματα ἢ εἰς (b) θανάτους ἰόντος ἢ εἴς τινα ἄλλην
συμφορὰν πεσόντος, ἐν πᾶσι τούτοις παρατεταγμένως καὶ καρτερούντως
ἀμυνομένου τὴν τύχην· καὶ ἄλλην αὖ ἐν εἰρηνικῇ τε καὶ μὴ βιαίῳ ἀλλ’ ἐν
ἑκουσίᾳ πράξει ὄντος, ἢ τινά τι πείθοντός τε καὶ δεομένου, ἢ εὐχῇ θεὸν ἢ
διδαχῇ καὶ νουθετήσει ἄνθρωπον, ἢ τοὐναντίον ἄλλῳ δεομένῳ ἢ
διδάσκοντι ἢ μεταπείθοντι ἑαυτὸν ἐπέχοντα, καὶ ἐκ τούτων πράξαντα
κατὰ νοῦν, καὶ μὴ ὑπερηφάνως ἔχοντα, ἀλλὰ σωφρόνως τε καὶ μετρίως ἐν
πᾶσι τούτοις (c) πράττοντά τε καὶ τὰ ἀποβαίνοντα ἀγαπῶντα. ταύτας δύο
ἁρμονίας, βίαιον, ἑκούσιον, δυστυχούντων, εὐτυχούντων, σωφρόνων,
ἀνδρείων (ἁρμονίας) αἵτινες φθόγγους μιμήσονται κάλλιστα, ταύτας λεῖπε.
Ἀλλ’, ἦ δ’ ὅς, οὐκ ἄλλας αἰτεῖς λείπειν ἢ ἃς νυνδὴ ἐγὼ ἔλεγον.
Οὐκ ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, πολυχορδίας γε οὐδὲ παναρμονίου ἡμῖν δεήσει ἐν
ταῖς ᾠδαῖς τε καὶ μέλεσιν.
Οὔ μοι, ἔφη, φαίνεται.
Τριγώνων ἄρα καὶ πηκτίδων καὶ πάντων ὀργάνων ὅσα (d)
πολύχορδα καὶ πολυαρμόνια, δημιουργοὺς οὐ θρέψομεν.
Οὐ φαινόμεθα.
Τί δέ; αὐλοποιοὺς ἢ αὐλητὰς παραδέξῃ εἰς τὴν πόλιν; ἢ οὐ τοῦτο
πολυχορδότατον, καὶ αὐτὰ τὰ παναρμόνια αὐλοῦ τυγχάνει ὄντα μίμημα;
Δῆλα δή, ἦ δ’ ὅς.
Λύρα δή σοι, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ κιθάρα λείπεται (καὶ) κατὰ πόλιν
χρήσιμα· καὶ αὖ κατ’ ἀγροὺς τοῖς νομεῦσι σύριγξ ἄν τις εἴη.
῾Ως γοῦν, ἔφη, ὁ λόγος ἡμῖν σημαίνει.
(e) Οὐδέν γε, ἦν δ’ ἐγώ, καινὸν ποιοῦμεν, ὦ φίλε, κρίνοντες τὸν
Ἀπόλλω καὶ τὰ τοῦ Ἀπόλλωνος ὄργανα πρὸ Μαρσύου τε καὶ τῶν ἐκείνου
ὀργάνων.
Μὰ Δία, ἦ δ’ ὅς, οὔ μοι φαινόμεθα.
Καὶ νὴ τὸν κύνα, εἶπον, λελήθαμέν γε διακαθαίροντες πάλιν ἣν ἄρτι
τρυφᾶν ἔφαμεν πόλιν.
Σωφρονοῦντές γε ἡμεῖς, ἦ δ’ ὅς.
῎Ιθι δή, ἔφην, καὶ τὰ λοιπὰ καθαίρωμεν. ἑπόμενον γὰρ δὴ ταῖς
ἁρμονίαις ἂν ἡμῖν εἴη τὸ περὶ ῥυθμούς, μὴ ποικίλους αὐτοὺς διώκειν μηδὲ
παντοδαπὰς βάσεις, ἀλλὰ βίου ῥυθμοὺς ἰδεῖν κοσμίου τε καὶ ἀνδρείου τίνες εἰσίν·
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Traduction française :
[399] (399a) Eh bien ! mon ami, t'en serviras-tu pour former des
guerriers ?
En aucune façon, dit-il ; seulement je crains qu'il ne
te reste que la dorienne et la phrygienne.
Je ne me connais pas en harmonies, avouai-je; mais
laisse-nous celle qui imite comme il convient, d'un brave
engagé dans la bataille ou dans toute autre action
violente, les tons et les accents, lorsque par infortune il
court au-devant des blessures, de la mort, ou tombe dans
quelque autre malheur, et qu'en toutes ces conjonctures,
ferme (399b) à son rang et résolu, il repousse les attaques
du sort. Laisse-nous une autre harmonie pour imiter
l'homme engagé dans une action pacifique, non pas
violente mais volontaire, qui cherche à persuader pour
obtenir ce qu'il demande, soit un dieu par ses prières,
soit un homme par ses leçons et ses conseils, ou au
contraire, prié, enseigné, persuadé, se soumet à un autre,
et par ces moyens ayant réussi à son gré, n'en conçoit pas
d'orgueil, mais se conduit en toutes ces circonstances
avec sagesse et modération, content de ce qui lui arrive.
Ces deux harmonies, la (399c) violente et la volontaire, qui
imiteront avec le plus de beauté les accents des malheureux,
des heureux, des sages et des braves, celles-là laisse-les.
Mais, répondit-il, les harmonies que tu me demandes de
laisser ne sont autres que celles dont je viens de faire mention.
Donc, repris-je, nous n'aurons pas besoin, pour nos
chants et nos mélodies, d'instruments à cordes
nombreuses, qui rendent toutes les harmonies.
Il ne me le semble pas, dit-il.
Et par suite nous n'aurons pas à entretenir des fabricants
de triangles, de pectis et autres instruments (399d)
polychordes et polyharmoniques.
Non, apparemment.
Mais quoi ? les fabricants de flûtes et les aulètes, les
admettras-tu dans la cité ? Cet instrument n'est-il pas
celui qui peut émettre le plus de sons, et les instruments
qui rendent toutes les harmonies ne sont-ils pas des
imitations de la flûte?
C'est évident.
Il te reste donc, repris-je, la lyre et la cithare, utiles à la
ville ; aux champs, les bergers auront la syrinx.
C'est, dit-il, une conséquence de notre raisonnement.
Au reste, mon ami, nous n'innovons pas en préférant
(399e) Appollon et les instruments d'Apollon à Marsyas et
à ses instruments.
Non, par Zeus ! je ne crois pas que nous innovions.
Mais, par le chien ! m'écriai-je, nous avons, sans nous en
apercevoir, purifié la cité que, tout à l'heure, nous
disions adonnée à la mollesse.
Et nous avons sagement agi, dit-il.
Or çà donc, repris-je, achevons de la purifier. Après les
harmonies il nous reste à examiner les rythmes ; nous ne
devons pas les rechercher variés, ni formant des mesures
de toute sorte, mais discerner ceux qui expriment une vie
réglée et courageuse;
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