Texte grec :
[389] Οὔτε ἄρα ἀνθρώπους ἀξίους λόγου κρατουμένους ὑπὸ (389a)
γέλωτος ἄν τις ποιῇ, ἀποδεκτέον, πολὺ δὲ ἧττον, ἐὰν θεούς.
Πολὺ μέντοι, ἦ δ’ ὅς.
Οὐκοῦν ῾Ομήρου οὐδὲ τὰ τοιαῦτα ἀποδεξόμεθα περὶ θεῶν :
ἄσβεστος δ’ ἄρ’ ἐνῶρτο γέλως μακάρεσσι θεοῖσιν,
ὡς ἴδον ῞Ηφαιστον διὰ δώματα ποιπνύοντα·
οὐκ ἀποδεκτέον κατὰ τὸν σὸν λόγον.
Εἰ σύ, ἔφη, βούλει ἐμὸν τιθέναι· οὐ γὰρ οὖν δὴ (b) ἀποδεκτέον.
Ἀλλὰ μὴν καὶ ἀλήθειάν γε περὶ πολλοῦ ποιητέον. εἰ γὰρ ὀρθῶς
ἐλέγομεν ἄρτι, καὶ τῷ ὄντι θεοῖσι μὲν ἄχρηστον ψεῦδος, ἀνθρώποις δὲ
χρήσιμον ὡς ἐν φαρμάκου εἴδει, δῆλον ὅτι τό γε τοιοῦτον ἰατροῖς δοτέον,
ἰδιώταις δὲ οὐχ ἁπτέον.
Δῆλον, ἔφη.
Τοῖς ἄρχουσιν δὴ τῆς πόλεως, εἴπερ τισὶν ἄλλοις, προσήκει ψεύδεσθαι
ἢ πολεμίων ἢ πολιτῶν ἕνεκα ἐπ’ ὠφελίᾳ τῆς πόλεως, τοῖς δὲ ἄλλοις πᾶσιν
οὐχ ἁπτέον τοῦ τοιούτου· (c) ἀλλὰ πρός γε δὴ τοὺς τοιούτους ἄρχοντας
ἰδιώτῃ ψεύσασθαι ταὐτὸν καὶ μεῖζον ἁμάρτημα φήσομεν ἢ κάμνοντι πρὸς
ἰατρὸν ἢ ἀσκοῦντι πρὸς παιδοτρίβην περὶ τῶν τοῦ αὑτοῦ σώματος
παθημάτων μὴ τἀληθῆ λέγειν, ἢ πρὸς κυβερνήτην περὶ τῆς νεώς τε καὶ
τῶν ναυτῶν μὴ τὰ ὄντα λέγοντι ὅπως ἢ αὐτὸς ἤ τις τῶν συνναυτῶν
πράξεως ἔχει.
Ἀληθέστατα, ἔφη.
(d) ῍Αν ἄρ’ ἄλλον τινὰ λαμβάνῃ ψευδόμενον ἐν τῇ πόλει :
τῶν οἳ δημιοεργοὶ ἔασι,
μάντιν ἢ ἰητῆρα κακῶν ἢ τέκτονα δούρων,
κολάσει ὡς ἐπιτήδευμα εἰσάγοντα πόλεως ὥσπερ νεὼς ἀνατρεπτικόν τε
καὶ ὀλέθριον.
᾿Εάνπερ, ἦ δ’ ὅς, ἐπί γε λόγῳ ἔργα τελῆται.
Τί δέ; σωφροσύνης ἆρα οὐ δεήσει ἡμῖν τοῖς νεανίαις;
Πῶς δ’ οὔ;
Σωφροσύνης δὲ ὡς πλήθει οὐ τὰ τοιάδε μέγιστα, ἀρχόν(e)των μὲν
ὑπηκόους εἶναι, αὐτοὺς δὲ ἄρχοντας τῶν περὶ πότους καὶ ἀφροδίσια καὶ
περὶ ἐδωδὰς ἡδονῶν;
῎Εμοιγε δοκεῖ.
Τὰ δὴ τοιάδε φήσομεν οἶμαι καλῶς λέγεσθαι, οἷα καὶ ῾Ομήρῳ
Διομήδης λέγει :
τέττα, σιωπῇ ἧσο, ἐμῷ δ’ ἐπιπείθεο μύθῳ,
καὶ τὰ τούτων ἐχόμενα, τὰ :
ἴσαν μένεα πνείοντες Ἀχαιοί,
σιγῇ δειδιότες σημάντορας,
καὶ ὅσα ἄλλα τοιαῦτα.
Καλῶς.
Τί δέ; τὰ τοιάδε :
οἰνοβαρές, κυνὸς ὄμματ’ ἔχων, κραδίην δ’ ἐλάφοιο
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Traduction française :
[389] Qu'on représente donc des hommes dignes d'estime (389a)
dominés par le rire, est inadmissible, et ce l'est beaucoup
plus s'il s'agit des dieux.
Bien plus assurément.
Donc, nous n'approuverons pas ce passage d'Homère sur les dieux :
"Un rire inextinguible s'éleva parmi les dieux bienheureux
quand ils virent Héphaïstos s'empresser à travers le palais".
On ne peut l'approuver, suivant ton raisonnement.
Si tu veux bien, dit-il, que ce raisonnement soit de (389b)
moi ! En effet, on ne peut l'approuver.
Mais nous devons aussi faire grand cas de la vérité. Car
si nous avions raison tout à l'heure, si réellement le
mensonge est inutile aux dieux, mais utile aux hommes
sous forme de remède, il est évident que l'emploi d'un tel
remède doit être réservé aux médecins, et que les
profanes n'y doivent point toucher.
C'est évident, dit-il.
C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient,
comme à personne au monde, de recourir à la fausseté
pour tromper, dans l'intérêt de la cité, les ennemis
ou les citoyens ; à toute autre personne le mensonge (389c)
est interdit, et nous affirmerons que le particulier qui
ment aux gouvernants commet une faute de même nature, mais
plus grave même, que le malade qui ne dit pas la vérité au
médecin, que l'élève qui cache au pedotribe ses dispositions physiques,
ou que le matelot qui trompe le capitaine sur l'état du vaisseau
et de l'équipage en ne l'informant pas de sa propre activité ni
de celle de ses compagnons.
C'est tout à fait vrai, reconnut-il.
Par conséquent, si le chef surprend en flagrant délit de
mensonge quelque citoyen (389d) de la classe des artisans,
soit devin, soit médecin ou charpentier, le punira,
comme introduisant une pratique propre à renverser et à
perdre une cité aussi bien qu'un vaisseau.
Il le punira, dit-il, si ses actions répondent à ses paroles.
Mais quoi ! la tempérance ne sera-t-elle pas nécessaire à nos jeunes gens ?
Comment non ?
Or, pour la masse des hommes les principaux points de
la tempérance ne sont-ils pas les suivants : obéir aux
chefs, et être maître de soi-même en ce qui concerne les
(389e) plaisirs du vin, de l'amour et de la table ?
Il me semble.
Alors nous approuverons, je pense, ce passage où
Homère fait dire à Diomède :
"Ami, assieds-toi en silence et obéis à ma parole" !
et le passage qui vient après :
"... Les Achéens, respirant la force, allaient en silence, craignant
leurs chefs", et tous les endroits semblables.
Bien.
Mais que penser de ce vers :
"Sac à vin, aux yeux de chien, au coeur de biche!" et de ce qui suit ?
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