| Texte grec :
 
 
  
  
   | [378] ὅ τε αὖ Κρόνος (378a) ὡς ἐτιμωρήσατο αὐτόν. τὰ δὲ δὴ τοῦ 
 Κρόνου ἔργα καὶ πάθη ὑπὸ τοῦ ὑέος, οὐδ’ ἂν εἰ ἦν ἀληθῆ ᾤμην δεῖν 
 ῥᾳδίως οὕτως λέγεσθαι πρὸς ἄφρονάς τε καὶ νέους, ἀλλὰ μάλιστα μὲν 
 σιγᾶσθαι, εἰ δὲ ἀνάγκη τις ἦν λέγειν, δι’ ἀπορρήτων ἀκούειν ὡς 
 ὀλιγίστους, θυσαμένους οὐ χοῖρον ἀλλά τι μέγα καὶ ἄπορον θῦμα, ὅπως 
 ὅτι ἐλαχίστοις συνέβη ἀκοῦσαι.
  Καὶ γάρ, ἦ δ’ ὅς, οὗτοί γε οἱ λόγοι χαλεποί.
  (b) Καὶ οὐ λεκτέοι γ’, ἔφην, ὦ ᾿Αδείμαντε, ἐν τῇ ἡμετέρᾳ πόλει. οὐδὲ 
 λεκτέον νέῳ ἀκούοντι ὡς ἀδικῶν τὰ ἔσχατα οὐδὲν ἂν θαυμαστὸν ποιοῖ, 
 οὐδ’ αὖ ἀδικοῦντα πατέρα κολάζων παντὶ τρόπῳ, ἀλλὰ δρῴη ἂν ὅπερ 
 θεῶν οἱ πρῶτοί τε καὶ μέγιστοι.
  Οὐ μὰ τὸν Δία, ἦ δ’ ὅς, οὐδὲ αὐτῷ μοι δοκεῖ ἐπιτήδεια εἶναι λέγειν.
  Οὐδέ γε, ἦν δ’ ἐγώ, τὸ παράπαν ὡς θεοὶ θεοῖς πολεμοῦσί (c) τε καὶ 
 ἐπιβουλεύουσι καὶ μάχονται—οὐδὲ γὰρ ἀληθῆ—εἴ γε δεῖ ἡμῖν τοὺς 
 μέλλοντας τὴν πόλιν φυλάξειν αἴσχιστον νομίζειν τὸ ῥᾳδίως ἀλλήλοις 
 ἀπεχθάνεσθαι—πολλοῦ δεῖ γιγαντομαχίας τε μυθολογητέον αὐτοῖς καὶ 
 ποικιλτέον, καὶ ἄλλας ἔχθρας πολλὰς καὶ παντοδαπὰς θεῶν τε καὶ 
 ἡρώων πρὸς συγγενεῖς τε καὶ οἰκείους αὐτῶν—ἀλλ’ εἴ πως μέλλομεν 
 πείσειν ὡς οὐδεὶς πώποτε πολίτης ἕτερος ἑτέρῳ ἀπήχθετο οὐδ’ ἔστιν 
 τοῦτο ὅσιον, τοιαῦτα λεκτέα μᾶλλον πρὸς (d) τὰ παιδία εὐθὺς καὶ γέρουσι 
 καὶ γραυσί, καὶ πρεσβυτέροις γιγνομένοις καὶ τοὺς ποιητὰς ἐγγὺς τούτων 
 ἀναγκαστέον λογοποιεῖν. 
 ῞Ηρας δὲ δεσμοὺς ὑπὸ ὑέος καὶ ῾Ηφαίστου ῥίψεις ὑπὸ πατρός, μέλλοντος 
 τῇ μητρὶ τυπτομένῃ ἀμυνεῖν, καὶ θεομαχίας ὅσας ῞Ομηρος πεποίηκεν οὐ 
 παραδεκτέον εἰς τὴν πόλιν, οὔτ’ ἐν ὑπονοίαις πεποιημένας οὔτε ἄνευ 
 ὑπονοιῶν. 
 ὁ γὰρ νέος οὐχ οἷός τε κρίνειν ὅτι τε ὑπόνοια καὶ ὃ μή, ἀλλ’ ἃ ἂν τηλικοῦτος 
 ὢν λάβῃ ἐν ταῖς δόξαις δυσέκ(e)νιπτά τε καὶ ἀμετάστατα φιλεῖ γίγνεσθαι· 
 ὧν δὴ ἴσως ἕνεκα περὶ παντὸς ποιητέον ἃ πρῶτα ἀκούουσιν ὅτι κάλλιστα 
 μεμυθολογημένα πρὸς ἀρετὴν ἀκούειν.
  ῎Εχει γάρ, ἔφη, λόγον. ἀλλ’ εἴ τις αὖ καὶ ταῦτα ἐρωτῴη ἡμᾶς, ταῦτα 
 ἅττα τ’ ἐστὶν καὶ τίνες οἱ μῦθοι, τίνας ἂν φαῖμεν;
  Καὶ ἐγὼ εἶπον· |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [378] et comment Kronos en tira vengeance. Quand même la 
conduite de Kronos et la manière dont il fut (378a) traité par son 
fils seraient vraies, je crois qu'il ne faudrait pas les raconter si 
légèrement à des êtres dépourvus de raison et à des enfants, 
mais qu'il vaudrait mieux les ensevelir dans le silence ; et s'il 
est nécessaire d'en parler, on doit le faire en secret, devant le 
plus petit nombre possible d'auditeurs, après avoir immolé, 
non un porc, mais quelque grande victime difficile à se 
procurer, afin qu'il n'y ait que très peu d'initiés. 
Et en effet, dit-il, ces récits-là sont fâcheux. 
Et ils ne sont pas à raconter, Adimante, dans notre cité. (378b) Il 
ne faut pas dire devant un jeune auditeur qu'en commettant 
les pires crimes et en châtiant un père injuste de la plus cruelle 
façon, il ne fait rien d'extraordinaire et agit comme les 
premiers et les plus grands des dieux (378c). 
Non, par Zeus, s'écria-t-il, il ne me semble pas, à moi non plus, 
que ces choses soient bonnes à dire ! 
Il faut encore éviter absolument, repris-je, de dire que les 
dieux aux dieux font la guerre, se tendent des pièges et 
combattent entre eux - aussi bien cela n'est point vrai - si nous 
voulons que les futurs gardiens de notre cité regardent comme 
le comble de la honte de se quereller à la légère. Et il s'en faut 
de beaucoup qu'on doive leur raconter ou représenter pour 
eux sur des tapisseries les combats des géants et ces haines 
innombrables et de toute sorte qui ont armé les dieux et les 
héros contre leurs proches et leurs amis. Au contraire, si nous 
voulons leur persuader que jamais un citoyen n'en a haï un 
autre et qu'une telle chose est impie, nous devons le leur faire 
dire dès l'enfance, par les vieillards et par les vieilles (378d) 
femmes, et, quand ils deviennent grands, obliger les poètes à 
composer pour eux des fables qui tendent au même but. 
Mais qu'on raconte l'histoire d'Héra enchaînée par son fils, 
d'Héphaïstos précipité du ciel par son père, pour avoir 
défendu sa mère que celui-ci frappait, et les combats de dieux 
qu'Homère imagina, voilà ce que nous n'admettrons pas 
dans la cité, que ces fictions soient allégoriques ou non. 
L'enfant, en effet, ne peut discerner ce qui est allégorie de ce 
qui ne l'est pas, et les opinions qu'il reçoit à cet âge 
deviennent, d'ordinaire, indélébiles (378e) et inébranlables. C'est 
sans doute à cause de cela qu'il faut faire tout son possible 
pour que les premières fables qu'il entend soient les plus belles 
et les plus propres à lui enseigner la vertu. 
Tes propos sont sensés, reconnut-il. Mais si l'on nous 
demandait encore ce que nous entendons par là et quelles sont 
ces fables, que dirions-nous ? 
Je lui répondis : |  |