Texte grec :
[358] (358a) ᾿Εγὼ μὲν οἶμαι, ἦν δ’ ἐγώ, ἐν τῷ καλλίστῳ, ὃ καὶ δι’ αὑτὸ καὶ
διὰ τὰ γιγνόμενα ἀπ’ αὐτοῦ ἀγαπητέον τῷ μέλλοντι μακαρίῳ ἔσεσθαι.
Οὐ τοίνυν δοκεῖ, ἔφη, τοῖς πολλοῖς, ἀλλὰ τοῦ ἐπιπόνου εἴδους, ὃ
μισθῶν θ’ ἕνεκα καὶ εὐδοκιμήσεων διὰ δόξαν ἐπιτηδευτέον, αὐτὸ δὲ δι’
αὑτὸ φευκτέον ὡς ὂν χαλεπόν.
Οἶδα, ἦν δ’ ἐγώ, ὅτι δοκεῖ οὕτω καὶ πάλαι ὑπὸ Θρασυμάχου ὡς
τοιοῦτον ὂν ψέγεται, ἀδικία δ’ ἐπαινεῖται· ἀλλ’ ἐγώ τις, ὡς ἔοικε,
δυσμαθής.
(b) ῎Ιθι δή, ἔφη, ἄκουσον καὶ ἐμοῦ, ἐάν σοι ἔτι ταὐτὰ δοκῇ.
Θρασύμαχος γάρ μοι φαίνεται πρῳαίτερον τοῦ δέοντος ὑπὸ σοῦ ὥσπερ
ὄφις κηληθῆναι, ἐμοὶ δὲ οὔπω κατὰ νοῦν ἡ ἀπόδειξις γέγονεν περὶ
ἑκατέρου· ἐπιθυμῶ γὰρ ἀκοῦσαι τί τ’ ἔστιν ἑκάτερον καὶ τίνα ἔχει δύναμιν
αὐτὸ καθ’ αὑτὸ ἐνὸν ἐν τῇ ψυχῇ, τοὺς δὲ μισθοὺς καὶ τὰ γιγνόμενα ἀπ’
αὐτῶν ἐᾶσαι χαίρειν. οὑτωσὶ οὖν ποιήσω, ἐὰν καὶ σοὶ δοκῇ·
ἐπανανεώ(c)σομαι τὸν Θρασυμάχου λόγον, καὶ πρῶτον μὲν ἐρῶ
δικαιοσύνην οἷον εἶναί φασιν καὶ ὅθεν γεγονέναι, δεύτερον δὲ ὅτι πάντες
αὐτὸ οἱ ἐπιτηδεύοντες ἄκοντες ἐπιτηδεύουσιν ὡς ἀναγκαῖον ἀλλ’ οὐχ ὡς
ἀγαθόν, τρίτον δὲ ὅτι εἰκότως αὐτὸ δρῶσι· πολὺ γὰρ ἀμείνων ἄρα ὁ τοῦ
ἀδίκου ἢ ὁ τοῦ δικαίου βίος, ὡς λέγουσιν. ἐπεὶ ἔμοιγε, ὦ Σώκρατες, οὔ τι
δοκεῖ οὕτως· ἀπορῶ μέντοι διατεθρυλημένος τὰ ὦτα ἀκούων Θρασυμάχου
καὶ μυρίων ἄλλων, τὸν δὲ ὑπὲρ τῆς δικαιοσύνης λόγον, ὡς (d) ἄμεινον
ἀδικίας, οὐδενός πω ἀκήκοα ὡς βούλομαι—βούλομαι δὲ αὐτὸ καθ’ αὑτὸ
ἐγκωμιαζόμενον ἀκοῦσαι—μάλιστα δ’ οἶμαι ἂν σοῦ πυθέσθαι. διὸ
κατατείνας ἐρῶ τὸν ἄδικον βίον ἐπαινῶν, εἰπὼν δὲ ἐνδείξομαί σοι ὃν
τρόπον αὖ βούλομαι καὶ σοῦ ἀκούειν ἀδικίαν μὲν ψέγοντος, δικαιοσύνην
δὲ ἐπαινοῦντος. ἀλλ’ ὅρα εἴ σοι βουλομένῳ ἃ λέγω.
Πάντων μάλιστα, ἦν δ’ ἐγώ· περὶ γὰρ τίνος ἂν μᾶλλον πολλάκις τις
νοῦν ἔχων χαίροι λέγων καὶ ἀκούων;
(e) Κάλλιστα, ἔφη, λέγεις· καὶ ὃ πρῶτον ἔφην ἐρεῖν, περὶ τούτου
ἄκουε, τί ὄν τε καὶ ὅθεν γέγονε δικαιοσύνη.
Πεφυκέναι γὰρ δή φασιν τὸ μὲν ἀδικεῖν ἀγαθόν, τὸ δὲ ἀδικεῖσθαι
κακόν, πλέονι δὲ κακῷ ὑπερβάλλειν τὸ ἀδικεῖσθαι ἢ ἀγαθῷ τὸ ἀδικεῖν,
ὥστ’ ἐπειδὰν ἀλλήλους ἀδικῶσί τε καὶ ἀδικῶνται καὶ ἀμφοτέρων γεύωνται,
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Traduction française :
[358] (358a) Mais dans la plus belle, je pense, dans celle des biens que,
pour eux-mêmes et leurs conséquences, doit aimer celui qui
veut être pleinement heureux.
Ce n'est pas l'avis de la plupart des hommes, qui mettent la
justice au rang des biens pénibles qu'il faut cultiver pour les
récompenses et les distinctions qu'ils procurent, mais qu'on
doit fuir pour eux-mêmes parce qu'ils sont difficiles.
Je sais, dis-je, que voilà l'opinion du plus grand nombre; c'est
comme tels que depuis longtemps Thrasymaque blâme ces
biens, et loue l'injustice. Mais j'ai, ce semble, la tête dure (358b)
Or çà, donc, reprit-il, écoute-moi à mon tour, si tu n'as pas
changé d'avis. Je crois en effet que Thrasymaque s'est rendu
plus tôt qu'il ne se doit, fasciné par toi comme un serpent :
pour moi, je ne suis point satisfait de votre exposé sur la
justice et l'injustice. Je désire connaître leur nature, et quel est
le pouvoir propre de chacune, prise en elle-même, dans l'âme
où elle réside, sans tenir compte des récompenses qu'elles
procurent et de leurs conséquences. Voici donc comment je
procéderai si bon (358c) te semble reprenant l'argumentation de
Thrasymaque, je dirai premièrement ce qu'on entend
communément par justice et quelle est son origine ;
deuxièmement que ceux qui la pratiquent ne le font pas
volontairement, parce qu'ils la considèrent comme une chose
nécessaire et non pas comme un bien ; troisièmement
qu'ils ont raison d'agir ainsi, car la vie de l'injuste est bien
meilleure que celle du juste, comme ils le prétendent. Quant à
moi, Socrate, je ne partage pas cette opinion. Cependant je suis
dans l'embarras, ayant les oreilles rebattues des discours de
Thrasymaque et de mille autres. Je n'ai (358d) encore entendu
personne parler de la justice et de sa supériorité sur l'injustice
comme je le voudrais - je voudrais l'entendre louer en elle-même
et pour elle-même et c'est de toi surtout que j'attends cet
éloge. C'est pourquoi, tendant toutes mes forces, je louerai la
vie de l'injuste, et ce faisant, je te montrerai de quelle manière
j'entends que tu blâmes l'injustice et que tu loues la justice.
Mais vois si cela te convient.
Très certainement, répondis-je ; et, en effet, de quel sujet un
homme sensé se plairait-il à parler et à entendre (358e) parler
plus souvent ?
Ta remarque est excellente, dit-il ; écoute donc ce que je devais
t'exposer en premier lieu : quelle est la nature et l'origine de la justice.
Les hommes prétendent que, par nature, il est bon de
commettre l'injustice et mauvais de la souffrir, mais qu'il y a
plus de mal à la souffrir que de bien à la commettre. Aussi,
lorsque mutuellement ils la commettent et la subissent, et
qu'ils goûtent des deux états,
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