[41] (41a) (Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν τοὐναντίον, ὦ Σώκρατες, εἴρηκας. Σχεδὸν γὰρ τῷ ψεύδει μὲν οὐ
πάνυ πονηρὰς ἄν τις λύπας τε καὶ ἡδονὰς θείη, μεγάλῃ δὲ ἄλλῃ καὶ πολλῇ
συμπιπτούσας πονηρίᾳ.
(Σωκράτης)
Τὰς μὲν τοίνυν πονηρὰς ἡδονὰς καὶ διὰ πονηρίαν οὔσας τοιαύτας ὀλίγον
ὕστερον ἐροῦμεν, ἂν ἔτι δοκῇ νῷν· τὰς δὲ ψευδεῖς κατ' ἄλλον τρόπον ἐν ἡμῖν
πολλὰς καὶ πολλάκις (41b) ἐνούσας τε καὶ ἐγγιγνομένας λεκτέον. Τούτῳ γὰρ
ἴσως χρησόμεθα πρὸς τὰς κρίσεις.
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὔκ; Εἴπερ γε εἰσίν.
(Σωκράτης)
Ἀλλ', ὦ Πρώταρχε, εἰσὶν κατά γε τὴν ἐμήν. Τοῦτο δὲ τὸ δόγμα ἕως ἂν κέηται παρ'
ἡμῖν, ἀδύνατον ἀνέλεγκτον δήπου γίγνεσθαι.
(Πρώταρχος)
Καλῶς.
(Σωκράτης)
Περιιστώμεθα δὴ καθάπερ ἀθληταὶ πρὸς τοῦτον αὖ τὸν λόγον.
(Πρώταρχος)
Ἴωμεν.
(Σωκράτης)
Ἀλλὰ μὴν εἴπομεν, εἴπερ μεμνήμεθα, ὀλίγον ἐν (41c) τοῖς πρόσθεν, ὡς ὅταν αἱ
λεγόμεναι ἐπιθυμίαι ἐν ἡμῖν ὦσι, δίχα ἄρα τότε τὸ σῶμα καὶ χωρὶς τῆς ψυχῆς
τοῖς παθήμασι διείληπται.
(Πρώταρχος)
Μεμνήμεθα καὶ προερρήθη ταῦτα.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὸ μὲν ἐπιθυμοῦν ἦν ἡ ψυχὴ τῶν τοῦ σώματος ἐναντίων ἕξεων, τὸ δὲ τὴν
ἀλγηδόνα ἤ τινα διὰ πάθος ἡδονὴν τὸ σῶμα ἦν τὸ παρεχόμενον;
(Πρώταρχος)
Ἦν γὰρ οὖν.
(Σωκράτης)
Συλλογίζου δὴ τὸ γιγνόμενον ἐν τούτοις.
(Πρώταρχος)
Λέγε.
(41d) (Σωκράτης)
Γίγνεται τοίνυν, ὁπόταν ᾖ ταῦτα, ἅμα παρακεῖσθαι λύπας τε καὶ ἡδονάς, καὶ
τούτων αἰσθήσεις ἅμα παρ' ἀλλήλας ἐναντίων οὐσῶν γίγνεσθαι, ὃ καὶ νυνδὴ
ἐφάνη.
(Πρώταρχος)
Φαίνεται γοῦν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν καὶ τόδε εἴρηται καὶ συνωμολογημένον ἡμῖν ἔμπροσθε κεῖται;
(Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Ὡς τὸ μᾶλλόν τε καὶ ἧττον ἄμφω τούτω δέχεσθον, λύπη τε καὶ ἡδονή, καὶ ὅτι τῶν
ἀπείρων εἴτην.
(Πρώταρχος)
Εἴρηται. Τί μήν;
(Σωκράτης)
Τίς οὖν μηχανὴ ταῦτ' ὀρθῶς κρίνεσθαι;
(41e) (Πρώταρχος)
Πῇ δὴ καὶ πῶς;
(Σωκράτης)
Εἰ τὸ βούλημα ἡμῖν τῆς κρίσεως τούτων ἐν τοιούτοις τισὶ διαγνῶναι βούλεται
ἑκάστοτε τίς τούτων πρὸς ἀλλήλας μείζων καὶ τίς ἐλάττων καὶ τίς μᾶλλον καὶ τίς
σφοδροτέρα, λύπη τε πρὸς ἡδονὴν καὶ λύπη πρὸς λύπην καὶ ἡδονὴ πρὸς ἡδονήν.
(Πρώταρχος)
Ἀλλ' ἔστι ταῦτά τε τοιαῦτα καὶ ἡ βούλησις τῆς κρίσεως αὕτη.
| [41] (41a) PROTARQUE.
Ici, Socrate, c’est tout le contraire de ce que tu dis. Pour l’ordinaire, ce n’est guère à la
fausseté qu’on reconnaît si les peines et les plaisirs sont mauvais, mais à d’autres
défauts graves et nombreux auxquels ils peuvent être sujets.
SOCRATE.
Cela posé, nous parlerons un peu plus tard des plaisirs mauvais, et qui se trouvent
tels à cause de quelque défaut, si nous persistons dans ce sentiment. Mais nous allons
d’abord nous occuper des plaisirs faux qui se trouvent et se forment en nous souvent
et en très grand nombre d’une autre manière. (41b) Aussi bien cela nous servira-t-il
peut-être pour le jugement que nous devons porter.
PROTARQUE.
Comment ne pas nous en occuper, s’il est vrai, toutefois, qu’il y ait de tels plaisirs.
SOCRATE.
Mais, à mon avis, Protarque, il y en a ; et tant que nous admettrons ce principe, il est
impossible de ne pas l’examiner.
PROTARQUE.
Fort bien.
SOCRATE.
Ainsi, préparons-nous à attaquer ce principe, et à nous mesurer avec comme des
athlètes.
PROTARQUE.
Avançons.
SOCRATE.
Nous avons dit un peu plus haut, s’il nous en souvient, (41c) que dans ce qu’on
appelle desir, les affections qu’éprouve le corps n’ont rien de commun avec celles de
l’âme.
PROTARQUE.
Je me rappelle en effet que cela a été dit.
SOCRATE.
Nous prétendions, n’est-il pas vrai, que ce qui desire une manière d’être opposée à
celle du corps, c’est l’âme ; et que c’est le corps qui reçoit la douleur ou le plaisir, en
conséquence de l’affection qu’il éprouve ?
PROTARQUE.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Vois donc un peu ce qui arrive en cette occasion.
PROTARQUE.
Parle.
(41d) SOCRATE.
Il arrive alors que la douleur et le plaisir sont présents en nous à-la-fois, et qu’il y
a dans l’âme les sentimens opposés de ces affections qui se combattent. C’est ce que
nous avons déjà vu.
PROTARQUE.
En effet.
SOCRATE.
N’avons-nous pas dit encore ceci, et n’en sommes-nous pas convenus ?
PROTARQUE.
Quoi ?
SOCRATE.
Que la douleur et le plaisir admettent le plus et le moins, et qu’elles appartiennent
également à l’infini.
PROTARQUE.
Nous l’avons dit. Eh bien ?
SOCRATE.
Comment donc nous y prendre ici pour bien juger ?
(41e) PROTARQUE.
Où donc, et comment ?
SOCRATE.
Le but du jugement, en fait de douleur et de plaisir, n’est-il pas de discerner quel est
le plus grand et le plus petit, le plus fort et le plus intense, en opposant douleur
à plaisir, ou douleur à douleur, ou plaisir à plaisir ?
PROTARQUE.
Oui, c’est bien là le but de tout jugement.
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