[37] (37a) (Σωκράτης)
Διορισώμεθα δὴ σαφέστερον ἔτι τὸ νυνδὴ λεγόμενον ἡδονῆς τε πέρι καὶ δόξης.
Ἔστιν γάρ πού τι δοξάζειν ἡμῖν;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Καὶ ἥδεσθαι;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Καὶ μὴν καὶ τὸ δοξαζόμενόν ἐστί τι;
(Πρώταρχος)
Πῶς δ' οὔ;
(Σωκράτης)
Καὶ τό γε ᾧ τὸ ἡδόμενον ἥδεται;
(Πρώταρχος)
Καὶ πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὸ δοξάζον, ἄντε ὀρθῶς ἄντε μὴ ὀρθῶς δοξάζῃ, τό γε δοξάζειν ὄντως
οὐδέποτε ἀπόλλυσιν.
(37b) (Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ ἄν;
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν καὶ τὸ ἡδόμενον, ἄντε ὀρθῶς ἄντε μὴ ὀρθῶς ἥδηται, τό γε ὄντως ἥδεσθαι
δῆλον ὡς οὐδέποτ' ἀπολεῖ.
(Πρώταρχος)
Ναί, καὶ τοῦθ' οὕτως ἔχει.
(Σωκράτης)
Ὅτῳ ποτὲ οὖν δὴ τρόπῳ δόξα ψευδής τε καὶ ἀληθὴς ἡμῖν φιλεῖ γίγνεσθαι, τὸ δὲ
τῆς ἡδονῆς μόνον ἀληθές, δοξάζειν δ' ὄντως καὶ χαίρειν ἀμφότερα ὁμοίως
εἴληχεν .
(Πρώταρχος)
Σκεπτέον.
(Σωκράτης)
Ἆρ' ὅτι δόξῃ μὲν ἐπιγίγνεσθον ψεῦδός τε καὶ (37c) ἀληθές, καὶ ἐγένετο οὐ μόνον
δόξα διὰ ταῦτα ἀλλὰ καὶ ποιά τις ἑκατέρα, σκεπτέον φὴὴς τοῦτ' εἶναι;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Πρὸς δέ γε τούτοις, εἰ καὶ τὸ παράπαν ἡμῖν τὰ μέν ἐστι ποί' ἄττα, ἡδονὴ δὲ καὶ
λύπη μόνον ἅπερ ἐστί, ποιώ τινε δὲ οὐ γίγνεσθον, καὶ ταῦθ' ἡμῖν διομολογητέον.
(Πρώταρχος)
Δῆλον.
(Σωκράτης)
Ἀλλ' οὐδὲν τοῦτό γε χαλεπὸν ἰδεῖν, ὅτι καὶ ποιώ τινε· πάλαι γὰρ εἴπομεν ὅτι
μεγάλαι τε καὶ σμικραὶ καὶ σφόδρα ἑκάτεραι γίγνονται, λῦπαί τε καὶ ἡδοναί.
(37d) (Πρώταρχος)
Παντάπασι μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Ἂν δέ γε πονηρία τούτων, ὦ Πρώταρχε, προσγίγνηταί τινι, πονηρὰν μὲν φήσομεν
οὕτω γίγνεσθαι δόξαν, πονηρὰν δὲ καὶ ἡδονήν;
(Πρώταρχος)
Ἀλλὰ τί μήν, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
Τί δ', ἂν ὀρθότης ἢ τοὐναντίον ὀρθότητι τινὶ τούτων προσγίγνηται; Μῶν οὐκ
ὀρθὴν μὲν δόξαν ἐροῦμεν, ἂν ὀρθότητα ἴσχῃ, ταὐτὸν δὲ ἡδονήν;
(Πρώταρχος)
Ἀναγκαῖον.
(37e) (Σωκράτης)
Ἂν δέ γε ἁμαρτανόμενον τὸ δοξαζόμενον ᾖ, τὴν δόξαν τότε ἁμαρτάνουσάν γε
οὐκ ὀρθὴν ὁμολογητέον οὐδ' ὀρθῶς δοξάζουσαν;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ ἄν;
(Σωκράτης)
Τί δ', ἂν αὖ λύπην ἤ τινα ἡδονὴν περὶ τὸ ἐφ' ᾧ λυπεῖται ἢ τοὐναντίον
ἁμαρτάνουσαν ἐφορῶμεν, ὀρθὴν ἢ χρηστὴν ἤ τι τῶν καλῶν ὀνομάτων αὐτῇ
προσθήσομεν;
(Πρώταρχος)
Ἀλλ' οὐχ οἷόν τε, εἴπερ ἁμαρτήσεταί γε ἡδονή.
(Σωκράτης)
Καὶ μὴν ἔοικέν γε ἡδονὴ πολλάκις οὐ μετὰ δόξης ὀρθῆς ἀλλὰ μετὰ ψεύδους ἡμῖν
γίγνεσθαι.
| [37] (37a) SOCRATE.
Expliquons donc d’une manière plus claire ce que nous venons de dire au sujet du
plaisir et de l’opinion. Juger ou se faire une opinion, n’est-ce pas quelque chose qui se
passe en nous ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Et goûter du plaisir ?
PROTARQUE.
Pareillement.
SOCRATE.
L’objet de l’opinion n’est-il point quelque chose aussi ?
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
Ainsi que l’objet du plaisir que l’on ressent ?
PROTARQUE.
Assurément.
SOCRATE.
N’est-il pas vrai que le sujet qui juge, que son opinion soit fondée ou non, ne juge pas
moins pour cela ?
(37b) PROTARQUE.
Qui en doute ?
SOCRATE.
N'est-il pas évident de même que celui qui goûte de la joie, qu’il ait sujet ou non de
se réjouir, ne se réjouit pas moins réellement pour cela ?
PROTARQUE.
Sans difficulté.
SOCRATE.
De quelle manière se fait-il donc que nous soyons sujets à avoir des opinions tantôt
vraies et tantôt fausses, et que nos plaisirs soient toujours vrais, tandis que l’action de
juger et celle de se réjouir se trouvent avoir une égale réalité de part et d’autre ?
PROTARQUE.
C’est ce qu’il faut voir.
SOCRATE.
Ce qu’il faut voir, est-ce comment le mensonge et (37c) la vérité accompagnent
l’opinion, de sorte qu’elle n’est pas simplement une opinion, mais telle ou telle
opinion, soit vraie, soit fausse ? Est-ce là ce qu’il faut rechercher, selon toi ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Et, de plus, ne faut-il pas examiner aussi si, tandis que d’autres choses sont douées de
certaines qualités, le plaisir et la douleur sont uniquement ce qu’ils sont, sans
avoir aucunes qualités qui les distinguent ?
PROTARQUE.
Il le faut évidemment.
(37d) SOCRATE.
Mais il ne me paraît pas difficile d’apercevoir que le plaisir et la douleur sont aussi
marqués de certains caractères. Car nous avons dit, il y a long-temps, qu’ils sont l’un
et l’antre grands ou petits, forts ou faibles.
PROTARQUE.
J’en conviens.
SOCRATE.
Si la méchanceté, Protarque, survient à quelqu’une de ces choses, en ce cas ne dirons-nous
pas de l’opinion qu’elle devient mauvaise, et du plaisir qu’il le devient aussi ?
PROTARQUE.
Pourquoi non, Socrate ?
SOCRATE.
Mais quoi ! si la rectitude ou le contraire de la rectitude vient s’y joindre, ne dirons-nous
pas de l’opinion qu’elle est droite, au cas qu’elle ait la rectitude ; et du plaisir, la
même chose ?
PROTARQUE.
Nécessairement.
(37e) SOCRATE.
Et si l’objet de l’opinion s’écarte du vrai, ne faudra-t-il pas convenir que l’opinion qui
erre alors, n’est point droite ?
PROTARQUE.
Comment le serait-elle ?
SOCRATE.
Et si nous découvrons de même quelque douleur ou quelque plaisir qui errent par
rapport à leur objet, leur donnerons-nous alors le nom de droit, de bon, ou quelque
autre belle dénomination ?
PROTARQUE.
Non, s’il est vrai toutefois que le plaisir puisse errer.
SOCRATE.
Il me paraît pourtant que souvent le plaisir naît en nous à la suite non d’une opinion
vraie, mais d’une opinion fausse.
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