Texte grec :
[251] καὶ ὕβρει προσομιλῶν οὐ δέδοικεν (251a) οὐδ᾽ αἰσχύνεται παρὰ φύσιν ἡδονὴν
διώκων· ὁ δὲ ἀρτιτελής, ὁ τῶν τότε πολυθεάμων, ὅταν θεοειδὲς πρόσωπον ἴδῃ κάλλος
εὖ μεμιμημένον ἤ τινα σώματος ἰδέαν, πρῶτον μὲν ἔφριξε καί τι τῶν τότε ὑπῆλθεν
αὐτὸν δειμάτων, εἶτα προσορῶν ὡς θεὸν σέβεται, καὶ εἰ μὴ ἐδεδίει τὴν τῆς
σφόδρα μανίας δόξαν, θύοι ἂν ὡς ἀγάλματι καὶ θεῷ τοῖς παιδικοῖς. ἰδόντα δ᾽
αὐτὸν οἷον ἐκ τῆς φρίκης μεταβολή τε (251b) καὶ ἱδρὼς καὶ θερμότης ἀήθης
λαμβάνει· δεξάμενος γὰρ τοῦ κάλλους τὴν ἀπορροὴν διὰ τῶν ὀμμάτων
ἐθερμάνθη ᾗ ἡ τοῦ πτεροῦ φύσις ἄρδεται, θερμανθέντος δὲ ἐτάκη τὰ περὶ τὴν
ἔκφυσιν, ἃ πάλαι ὑπὸ σκληρότητος συμμεμυκότα εἶργε μὴ βλαστάνειν,
ἐπιρρυείσης δὲ τῆς τροφῆς ᾤδησέ τε καὶ ὥρμησε φύεσθαι ἀπὸ τῆς ῥίζης ὁ τοῦ
πτεροῦ καυλὸς ὑπὸ πᾶν τὸ τῆς ψυχῆς εἶδος· πᾶσα γὰρ ἦν τὸ πάλαι πτερωτή.
(251c) ζεῖ οὖν ἐν τούτῳ ὅλη καὶ ἀνακηκίει, καὶ ὅπερ τὸ τῶν ὀδοντοφυούντων
πάθος περὶ τοὺς ὀδόντας γίγνεται ὅταν ἄρτι φύωσιν, κνῆσίς τε καὶ ἀγανάκτησις
περὶ τὰ οὖλα, ταὐτὸν δὴ πέπονθεν ἡ τοῦ πτεροφυεῖν ἀρχομένου ψυχή· ζεῖ τε καὶ
ἀγανακτεῖ καὶ γαργαλίζεται φύουσα τὰ πτερά. ὅταν μὲν οὖν βλέπουσα πρὸς τὸ
τοῦ παιδὸς κάλλος, ἐκεῖθεν μέρη ἐπιόντα καὶ ῥέοντ᾽ — ἃ δὴ διὰ ταῦτα ἵμερος
καλεῖται — δεχομένη (τὸν ἵμερον) ἄρδηταί τε καὶ θερμαίνηται, λωφᾷ τε τῆς ὀδύνης
(251d) καὶ γέγηθεν· ὅταν δὲ χωρὶς γένηται καὶ αὐχμήσῃ, τὰ τῶν διεξόδων
στόματα ᾗ τὸ πτερὸν ὁρμᾷ, συναυαινόμενα μύσαντα ἀποκλῄει τὴν βλάστην τοῦ
πτεροῦ, ἡ δ᾽ ἐντὸς μετὰ τοῦ ἱμέρου ἀποκεκλῃμένη, πηδῶσα οἷον τὰ σφύζοντα, τῇ
διεξόδῳ ἐγχρίει ἑκάστη τῇ καθ᾽ αὑτήν, ὥστε πᾶσα κεντουμένη κύκλῳ ἡ ψυχὴ
οἰστρᾷ καὶ ὀδυνᾶται, μνήμην δ᾽ αὖ ἔχουσα τοῦ καλοῦ γέγηθεν. ἐκ δὲ ἀμφοτέρων
μεμειγμένων ἀδημονεῖ τε τῇ ἀτοπίᾳ τοῦ πάθους καὶ ἀποροῦσα λυττᾷ, καὶ
ἐμμανὴς (251e) οὖσα οὔτε νυκτὸς δύναται καθεύδειν οὔτε μεθ᾽ ἡμέραν οὗ ἂν ᾖ
μένειν, θεῖ δὲ ποθοῦσα ὅπου ἂν οἴηται ὄψεσθαι τὸν ἔχοντα τὸ κάλλος· ἰδοῦσα δὲ
καὶ ἐποχετευσαμένη ἵμερον ἔλυσε μὲν τὰ τότε συμπεφραγμένα, ἀναπνοὴν δὲ
λαβοῦσα κέντρων τε καὶ ὠδίνων ἔληξεν,
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Traduction française :
[251] puis, se familiarisant avec la démesure, (251a) il
n'a pas craint, et il n'en rougit pas non plus, de poursuivre
un plaisir contre nature! Au contraire, celui dont l'initiation
est récente, celui qui, des réalités de jadis, eut une abondante
vision, celui-là, quand il lui est arrivé de voir un divin visage,
par faite image de la Beauté, ou le galbe d'un corps pareillement
divin, il a commencé par frissonner, et quelque chose s'est
insinué en lui de ses effrois de jadis. Ensuite, il porte là-dessus,
avec révérence, son regard, comme si c'était sur un Dieu, et
même, s'il n'avait pas peur qu'on lui fît la réputation d'être
complètement fou, il sacrifierait devant son bien-aimé, ainsi
que devant une image sainte, devant un Dieu. Maintenant qu'il
le regarde, comme après le frisson (b) il en résulte chez lui
une réaction, des sueurs, une chaleur inaccoutumée : c'est que,
ayant reçu par l'entremise de ses yeux l'émanation de la
Beauté, il en a été échauffé ; par cette émanation est arrosé
l'empennage de l'aile; d'autre part, l'échauffement ainsi produit
a, dans l'endroit où a lieu la poussée des plumes, fait
fondre ce dont le durcissement, en bouchant les conduits, faisait
depuis longtemps obstacle au bourgeonnement; enfin, sous
l'action du flux nourricier, les tubes des plumes se sont gonflés
à partir de la racine ; dans tout l'intérieur de la nature de
l'âme ils sont partis à pousser; car c'est l'âme tout entière
qui, au temps passé, était emplumée. (c) Mais, au temps
présent, elle est toute en ébullition, une vapeur monte d'elle ;
et, exactement ce qu'éprouvent à leurs gencives, dans le cas
de la dentition, ceux qui sont en train de faire leurs dents, une
démangeaison, un agacement, c'est cette même impression que
ressent l'âme de celui qui commence à se réemplumer : tandis
qu'elle fait ses ailes, elle est en ébullition, elle a des agacements,
elle se sent chatouillée.
Or, voilà que cette âme regarde dans la direction de la
beauté du jeune garçon : celle-ci est la source d'où s'avance un
flot de particules (ce qui est précisément la raison pour laquelle
cela s 'appelle himéros, désir brillant) ; quand ce flot, reçu par
elle, l'arrose en l'échauffant, (d) alors elle se remet de sa
souffrance, elle est toute joyeuse. Quand, au contraire, elle se
trouve être en dehors du flot et qu'elle se flétrit, les orifices
des conduits par où se fraie passage la poussée de la plume,
ces orifices, simultanément desséchés, se bouchent et interceptent
le bourgeonnement de la plume. Mais le bourgeon, ainsi
intercepté simultanément au désir passionné, saute en dedans
de l'âme, à la façon dont bat le pouls, et pique le conduit,
chaque bourgeon, le conduit auquel il est attenant; si bien que,
tout entière en cercle aiguillonnée, l'âme bondit de douleur,
tandis que, en revanche, le souvenir qu'elle a du bel enfant la
fait joyeuse. Or, par l'effet du mélange de ces deux impressions,
elle s'angoisse de ce qu'il y a de déconcertant dans son
état, elle enrage de ne point y trouver d'issue, et, (e) en proie
au délire, elle n'est capable, ni de dormir la nuit, ni, le jour,
de rester à la place où elle est; elle court, impatiente, aux
lieux où elle peut croire qu'elle verra celui qui possède la
beauté. Mais, une fois qu'elle l'a vu et qu'elle a fait dériver
vers elle le flot du désir, elle a ainsi libéré ce qui était auparavant
obstrué, et, d'un autre côté, elle a cessé, reprenant
haleine, d'être aiguillonnée et d'être la proie des douleurs;
tout au contraire elle cueille en cet instant une jouissance,
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