HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon



Texte grec :

[39] XXXIX Ἀλλὰ πρῶτον εὐλαβηθῶμέν τι πάθος μὴ πάθωμεν.
- Τὸ ποῖον; ἦν δ᾽ ἐγώ.
- (89d) Μὴ γενώμεθα, ἦ δ᾽ ὅς, μισόλογοι, ὥσπερ οἱ μισάνθρωποι γιγνόμενοι·
ὡς οὐκ ἔστιν, ἔφη, ὅτι ἄν τις μεῖζον τούτου κακὸν πάθοι λόγους μισήσας.
Γίγνεται δὲ ἐκ τοῦ αὐτοῦ τρόπου μισολογία τε καὶ μισανθρωπία. Ἤ τε γὰρ
μισανθρωπία ἐνδύεται ἐκ τοῦ σφόδρα τινὶ πιστεῦσαι ἄνευ τέχνης, καὶ
ἡγήσασθαι παντάπασί γε ἀληθῆ εἶναι καὶ ὑγιῆ καὶ πιστὸν τὸν ἄνθρωπον,
ἔπειτα ὀλίγον ὕστερον εὑρεῖν τοῦτον πονηρόν τε καὶ ἄπιστον, καὶ αὖθις
ἕτερον· καὶ ὅταν τοῦτο πολλάκις πάθῃ τις καὶ ὑπὸ τούτων μάλιστα οὓς ἂν
ἡγήσαιτο (89e) οἰκειοτάτους τε καὶ ἑταιροτάτους, τελευτῶν δὴ θαμὰ
προσκρούων μισεῖ τε πάντας καὶ ἡγεῖται οὐδενὸς οὐδὲν ὑγιὲς εἶναι τὸ
παράπαν. Ἢ οὐκ ᾔσθησαι σύ πω τοῦτο γιγνόμενον;
- Πάνυ γε, ἦν δ᾽ ἐγώ.
- Οὐκοῦν, ἦ δ᾽ ὅς, αἰσχρόν, καὶ δῆλον ὅτι ἄνευ τέχνης τῆς περὶ τἀνθρώπεια ὁ
τοιοῦτος χρῆσθαι ἐπεχείρει τοῖς ἀνθρώποις; Εἰ γάρ που μετὰ τέχνης ἐχρῆτο,
ὥσπερ ἔχει οὕτως (90a) ἂν ἡγήσατο, τοὺς μὲν χρηστοὺς καὶ πονηροὺς
σφόδρα ὀλίγους εἶναι ἑκατέρους, τοὺς δὲ μεταξὺ πλείστους.
- Πῶς λέγεις; ἔφην ἐγώ.
- Ὥσπερ, ἦ δ᾽ ὅς, περὶ τῶν σφόδρα σμικρῶν καὶ μεγάλων· οἴει τι
σπανιώτερον εἶναι σφόδρα μέγαν σφόδρα σμικρὸν ἐξευρεῖν ἄνθρωπον
κύνα ἄλλο ὁτιοῦν; Ἢ αὖ ταχὺν βραδὺν αἰσχρὸν καλὸν λευκὸν
μέλανα; Ἢ οὐχὶ ᾔσθησαι ὅτι πάντων τῶν τοιούτων τὰ μὲν ἄκρα τῶν
ἐσχάτων σπάνια καὶ ὀλίγα, τὰ δὲ μεταξὺ ἄφθονα καὶ πολλά;
- Πάνυ γε, ἦν δ᾽ ἐγώ.
- (90b) Οὐκοῦν οἴει, ἔφη, εἰ πονηρίας ἀγὼν προτεθείη, πάνυ ἂν ὀλίγους καὶ
ἐνταῦθα τοὺς πρώτους φανῆναι;
- Εἰκός γε, ἦν δ᾽ ἐγώ.
- Εἰκὸς γάρ, ἔφη. Ἀλλὰ ταύτῃ μὲν οὐχ ὅμοιοι οἱ λόγοι τοῖς ἀνθρώποις, ἀλλὰ
σοῦ νυνδὴ προάγοντος ἐγὼ ἐφεσπόμην, ἀλλ᾽ ἐκείνῃ, ᾗ, ἐπειδάν τις πιστεύσῃ
λόγῳ τινὶ ἀληθεῖ εἶναι ἄνευ τῆς περὶ τοὺς λόγους τέχνης, κἄπειτα ὀλίγον
ὕστερον αὐτῷ δόξῃ ψευδὴς εἶναι, ἐνίοτε μὲν ὤν, ἐνίοτε δ᾽ οὐκ ὤν, καὶ αὖθις
ἕτερος καὶ ἕτερος· - καὶ μάλιστα δὴ οἱ (90c) περὶ τοὺς ἀντιλογικοὺς λόγους
διατρίψαντες οἶσθ᾽ ὅτι τελευτῶντες οἴονται σοφώτατοι γεγονέναι καὶ
κατανενοηκέναι μόνοι ὅτι οὔτε τῶν πραγμάτων οὐδενὸς οὐδὲν ὑγιὲς οὐδὲ
βέβαιον οὔτε τῶν λόγων, ἀλλὰ πάντα τὰ ὄντα ἀτεχνῶς ὥσπερ ἐν Εὐρίπῳ ἄνω
κάτω στρέφεται καὶ χρόνον οὐδένα ἐν οὐδενὶ μένει.
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφην ἐγώ, ἀληθῆ λέγεις.
- Οὐκοῦν, ὦ (Φαίδων), ἔφη, οἰκτρὸν ἂν εἴη τὸ πάθος, εἰ ὄντος δή τινος
ἀληθοῦς καὶ βεβαίου λόγου καὶ δυνατοῦ (90d) κατανοῆσαι, ἔπειτα διὰ τὸ
παραγίγνεσθαι τοιούτοις τισὶ λόγοις, τοῖς αὐτοῖς τοτὲ μὲν δοκοῦσιν
ἀληθέσιν εἶναι, τοτὲ δὲ μή, μὴ ἑαυτόν τις αἰτιῷτο μηδὲ τὴν ἑαυτοῦ ἀτεχνίαν,
ἀλλὰ τελευτῶν διὰ τὸ ἀλγεῖν ἅσμενος ἐπὶ τοὺς λόγους ἀφ᾽ ἑαυτοῦ τὴν αἰτίαν
ἀπώσαιτο καὶ ἤδη τὸν λοιπὸν βίον μισῶν τε καὶ λοιδορῶν τοὺς λόγους
διατελοῖ, τῶν δὲ ὄντων τῆς ἀληθείας τε καὶ ἐπιστήμης στερηθείη.
- Νὴ τὸν Δία, ἦν δ᾽ ἐγώ, οἰκτρὸν δῆτα.

Traduction française :

[39] XXXIX. - Mais avant tout mettons-nous en garde contre un danger.
- Lequel ? dis-je.
- C'est, dit-il, de devenir misologues, comme on devient misanthrope ; car il ne peut
rien arriver de pire à un homme que de prendre en haine les raisonnements. Et la
misologie vient de la même source que la misanthropie. Or la misanthropie se glisse dans
l'âme quand, faute de connaissance, on a mis une confiance excessive en quelqu'un que
l'on croyait vrai, sain et digne de foi, et que, peu de temps après, on découvre qu'il est
méchant et faux, et qu'on fait ensuite la même expérience sur un autre. Quand cette
expérience s'est renouvelée souvent, en particulier sur ceux qu'on regardait comme ses
plus intimes amis et ses meilleurs camarades, on finit, à force d'être choqué, par prendre
tout le monde en aversion et par croire qu'il n'y a absolument rien de sain chez
personne. N'as-tu pas remarqué toi-même que c'est ce qui arrive ?
- Si, dis-je.
- N'est-ce pas une honte ; reprit-il. N'est-il pas clair que, lorsqu'un tel homme entre en
rapport avec les hommes, il n'a aucune connaissance de l'humanité ; car s'il en avait eu
quelque connaissance, en traitant avec eux, il aurait jugé les choses comme elles sont,
c'est-à-dire que les gens tout à fait bons et les gens tout à fait méchants sont en petit
nombre les uns et les autres, et ceux qui tiennent le milieu en très grand nombre.
- Comment l'entends-tu ? demandai-je.
- Comme on l'entend, dit-il, des hommes extrêmement petits et des hommes
extrêmement grands. Crois-tu qu'il y ait quelque chose de plus rare que de trouver un
homme extrêmement grand ou petit, et de même chez un chien ou en toute autre chose ?
ou encore un homme extrêmement lent ou rapide, beau ou laid, blanc ou noir ? N'as-tu
pas remarqué qu'en tout cela les extrêmes sont rares et peu nombreux et que les entre-
deux abondent et sont en grand nombre ?
- Si, dis-je.
- Ne crois-tu pas, ajouta-t-il, que, si l'on proposait un concours de méchanceté, ici
encore on verrait que les premiers seraient en fort petit nombre ?
- C'est vraisemblable, dis-je.
- Oui, c'est vraisemblable, reprit Socrate ; mais ce n'est pas en cela que les
raisonnements ressemblent aux hommes - c'est toi qui tout à l'heure m'as jeté sur ce
sujet et je t'ai suivi - ; mais voici où est la ressemblance. Quand on a cru, sans
connaître l'art de raisonner, qu'un raisonnement est vrai, il peut se faire que peu après
on le trouve faux, alors qu'il l'est parfois et parfois ne l'est pas, et l'expérience peut se
renouveler sur un autre et un autre encore. Il arrive notamment, tu le sais, que ceux qui
ont passé leur temps à controverser finissent par s'imaginer qu'ils sont devenus très
sages et que, seuls, ils ont découvert qu'il n'y a rien de sain ni de sûr ni dans aucune
chose ni dans aucun raisonnement, mais que tout est dans un flux et un reflux
continuels, absolument comme dans l'Euripe, et que rien ne demeure un moment dans le
même état.
- C'est parfaitement vrai, dis-je.
- Alors, Phédon, reprit-il, s'il est vrai qu'il y ait des raisonnements vrais, solides et
susceptibles d'être compris, ne serait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour
avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant les mêmes, paraissent tantôt vrais,
tantôt faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépit à
rejeter la faute sur les raisonnements, au lieu de s'en prendre à lui-même, et dès lors
continuerait toute sa vie à haïr et ravaler les raisonnements et serait ainsi privé de la
vérité et de la connaissance de la réalité ?
- Oui, par Zeus, dis-je, ce serait une triste chose.





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Dernière mise à jour : 9/06/2005