| [75] (75a) πειρῶ λέγειν. εἰ οὖν τῷ ἐρωτῶντι οὕτως ἢ περὶ σχήματος ἢ χρώματος εἶπες 
ὅτι “ἀλλ' οὐδὲ μανθάνω ἔγωγε ὅτι βούλει, ὦ ἄνθρωπε, οὐδὲ οἶδα ὅτι λέγεις,” ἴσως ἂν 
ἐθαύμασε καὶ εἶπεν: 
“οὐ μανθάνεις ὅτι ζητῶ τὸ ἐπὶ πᾶσιν τούτοις ταὐτόν;” ἢ οὐδὲ ἐπὶ τούτοις, ὦ 
Μένων, ἔχοις ἂν εἰπεῖν, εἴ τίς σε ἐρωτῴη: “τί ἐστιν ἐπὶ τῷ στρογγύλῳ καὶ εὐθεῖ 
καὶ ἐπὶ τοῖς ἄλλοις, ἃ δὴ σχήματα καλεῖς, ταὐτὸν ἐπὶ πᾶσιν;” πειρῶ εἰπεῖν, ἵνα 
καὶ γένηταί σοι μελέτη πρὸς τὴν περὶ τῆς ἀρετῆς ἀπόκρισιν.
(75b) (Μένων) μή, ἀλλὰ σύ, ὦ Σώκρατες, εἰπέ.
(Σωκράτης) βούλει σοι χαρίσωμαι;
(Μένων) πάνυ γε.
(Σωκράτης) ἐθελήσεις οὖν καὶ σὺ ἐμοὶ εἰπεῖν περὶ τῆς ἀρετῆς;
(Μένων) ἔγωγε.
(Σωκράτης) προθυμητέον τοίνυν: ἄξιον γάρ.
(Μένων) πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
φέρε δή, πειρώμεθά σοι εἰπεῖν τί ἐστιν σχῆμα. σκόπει οὖν εἰ τόδε ἀποδέχῃ αὐτὸ 
εἶναι: ἔστω γὰρ δὴ ἡμῖν τοῦτο σχῆμα, ὃ μόνον τῶν ὄντων τυγχάνει χρώματι ἀεὶ 
ἑπόμενον. ἱκανῶς σοι, ἢ ἄλλως πως ζητεῖς; ἐγὼ γὰρ κἂν (75c) οὕτως ἀγαπῴην εἴ 
μοι ἀρετὴν εἴποις.
(Μένων) ἀλλὰ τοῦτό γε εὔηθες, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης) πῶς λέγεις;
(Μένων)
ὅτι σχῆμά πού ἐστιν κατὰ τὸν σὸν λόγον ὃ ἀεὶ χρόᾳ ἕπεται. εἶεν: εἰ δὲ δὴ τὴν 
χρόαν τις μὴ φαίη εἰδέναι, ἀλλὰ ὡσαύτως ἀποροῖ ὥσπερ περὶ τοῦ σχήματος, τί 
ἂν οἴει σοι ἀποκεκρίσθαι;
(Σωκράτης)
τἀληθῆ ἔγωγε: καὶ εἰ μέν γε τῶν σοφῶν τις εἴη καὶ ἐριστικῶν τε καὶ ἀγωνιστικῶν 
ὁ ἐρόμενος, εἴποιμ' ἂν (75d) αὐτῷ ὅτι “ἐμοὶ μὲν εἴρηται: εἰ δὲ μὴ ὀρθῶς λέγω, σὸν 
ἔργον λαμβάνειν λόγον καὶ ἐλέγχειν.” εἰ δὲ ὥσπερ ἐγώ τε καὶ σὺ νυνὶ φίλοι ὄντες 
βούλοιντο ἀλλήλοις διαλέγεσθαι, δεῖ δὴ πρᾳότερόν πως καὶ διαλεκτικώτερον 
ἀποκρίνεσθαι. ἔστι δὲ ἴσως τὸ διαλεκτικώτερον μὴ μόνον τἀληθῆ ἀποκρίνεσθαι, 
ἀλλὰ καὶ δι' ἐκείνων ὧν ἂν προσομολογῇ εἰδέναι ὁ ἐρωτώμενος. πειράσομαι δὴ 
καὶ ἐγώ σοι οὕτως εἰπεῖν. (75e) λέγε γάρ μοι: τελευτὴν καλεῖς τι; τοιόνδε λέγω 
οἷον πέρας καὶ ἔσχατον - πάντα ταῦτα ταὐτόν τι λέγω: ἴσως δ' ἂν ἡμῖν Πρόδικος 
διαφέροιτο, ἀλλὰ σύ γέ που καλεῖς πεπεράνθαι τι καὶ τετελευτηκέναι - τὸ 
τοιοῦτον βούλομαι λέγειν, οὐδὲν ποικίλον.
(Μένων) ἀλλὰ καλῶ, καὶ οἶμαι μανθάνειν ὃ λέγεις.
 | [75] Essaie de l'exposer. (75a) Supposons, dis-je, qu'à celui qui t'interroge 
ainsi, au sujet de la figure ou bien de la couleur, tu répondes: « Mais je ne 
comprends pas plus, mon bonhomme, où tu veux en 
venir, que je ne sais ce que tu veux dire! n; sans doute 
s'étonnerait-il et dirait-il : « Tu ne comprends pas que je 
suis en quête de ce dont l'identité se retrouve en toute 
cette diversité? » Ou bien, Ménon, serais-tu même hors 
d'état, s'il s'agissait de la diversité que je vais dire, de 
répondre à cette question que l'on te poserait : « Dans
le rond, le droit et dans tout ce qu'encore tu appelles 
justement des figures, qu'est-ce qu'il y a dont l'identité
j se retrouve en toute cette diversité? » Essaie de répondre, 
que cela te serve d'exercice pour la réponse à faire au 
sujet de la vertu! (b) — (MÉNON): Ne me demande pas 
d'essayer! Parle plutôt, toi, Socrate! — (SOCRATE) : Tu tiens 
à ce que je te complaise? — (MÉNON): Hé! absolument. _ 
(SOCRATE) : Mais, à ton tour, tu consentiras à me répondre 
au sujet de la vertu? — (MÉNON): C'est entendu! — (SOCRATE): 
Alors, il faut donc s'y mettre de tout son coeur! Car cela le 
mérite. — (MÉNON): Hé oui! absolument. —
(SOCRATE): Dès lors, allons-y! essayons de t'exposer ce que c'est que la figure. 
Eh bien! examine si tu acceptes qu'elle soit ce que je vais dire. Admettons donc 
en effet que la réalité qui, seule, est précisément toujours consécutive à l'existence 
d'une couleur, c'est cela qui est la figure. 
(c) Cette définition te contente-t-elle? ou poursuis-tu la 
recherche d'une autre façon? Quant à moi, vois-tu, je 
serais satisfait si de la vertu tu me parlais de cette façon-là! 
— (MÉNON): Pourtant, Socrate, voilà en vérité une 
définition assez sotte! — (SOCRATE): En quoi, à t'entendre? 
— (MÉNON) : En ce que, d'après ce que tu dis, la figure est 
sans doute ce qui toujours est consécutif à l'existence 
d'une coloration. Allons donc! Que l'on vienne alors à 
nier savoir ce que c'est que la coloration et qu'on soit 
aussi bien en peine à son sujet qu'au sujet de la figure, 
quelle réponse, à ton avis, aurait-on obtenue de toi? — 
(SOCRATE): Celle que, pour ma part, j'aurais crue vraie. Et, 
mon questionneur fût-il même un de ces doctes personnages 
qui aiment la dispute et la compétition, je lui 
répondrais : (d) « Voilà ce que j'ai dit, moi. Mais, si je 
dis de travers, alors c'est ton affaire de mettre sur mon 
propos ta main et de le réfuter! » Mais si, comme c'est 
à présent le cas pour toi et moi, c'étaient deux amis qui 
auraient envie de dialoguer l'un avec l'autre, dans ce cas 
on devrait répondre, en quelque sorte, avec plus de 
courtoisie et d'une façon plus appropriée à un dialogue. 
Or, sans doute est-il plus approprié au dialogue que, 
non content de répondre la vérité, on se serve, pour 
répondre, de ce qu'en outre a reconnu savoir celui à qui 
la question a été posée. C'est donc de cette façon-là que,
moi aussi, je m'efforcerai de te répondre. (e) Cela étant, 
dis-moi : il y a quelque chose que tu appelles « fin »? 
j'entends quelque chose du genre de ce qu'est une 
limite ou une extrémité. Tous ces termes sont pour moi 
équivalents; peut-être bien Prodicos nous y trouverait-il 
des différences; mais toi, il y a bien, je pense, quelque 
chose dont tu dis : « c'est fini », « c'est limité »; c'est de 
quelque chose de ce genre que je veux parler, nulle 
complication là-dedans. — (MÉNON): Mais oui, ces expressions, 
je les emploie, et je comprends, si je ne me 
trompe, ce que tu veux dire. 
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