HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Menon

Page 89

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[89] εἰ (89a) μέλλει ἀγαθὰ εἶναι: καὶ τούτῳ τῷ λόγῳ φρόνησις ἂν εἴη τὸ ὠφέλιμον: φαμὲν δὲ τὴν ἀρετὴν ὠφέλιμον εἶναι; (Μένων) πάνυ γε. (Σωκράτης) φρόνησιν ἄρα φαμὲν ἀρετὴν εἶναι, ἤτοι σύμπασαν μέρος τι; (Μένων) δοκεῖ μοι καλῶς λέγεσθαι, Σώκρατες, τὰ λεγόμενα. (Σωκράτης) οὐκοῦν εἰ ταῦτα οὕτως ἔχει, οὐκ ἂν εἶεν φύσει οἱ ἀγαθοί. (Μένων) οὔ μοι δοκεῖ. (89b) (Σωκράτης) καὶ γὰρ ἄν που καὶ τόδ' ἦν: εἰ φύσει οἱ ἀγαθοὶ ἐγίγνοντο, ἦσάν που ἂν ἡμῖν οἳ ἐγίγνωσκον τῶν νέων τοὺς ἀγαθοὺς τὰς φύσεις, οὓς ἡμεῖς ἂν παραλαβόντες ἐκείνων ἀποφηνάντων ἐφυλάττομεν ἂν ἐν ἀκροπόλει, κατασημηνάμενοι πολὺ μᾶλλον τὸ χρυσίον, ἵνα μηδεὶς αὐτοὺς διέφθειρεν, ἀλλ' ἐπειδὴ ἀφίκοιντο εἰς τὴν ἡλικίαν, χρήσιμοι γίγνοιντο ταῖς πόλεσι. (Μένων) εἰκός γέ τοι, Σώκρατες. (Σωκράτης) ἆρ' οὖν ἐπειδὴ οὐ φύσει οἱ ἀγαθοὶ ἀγαθοὶ γίγνονται, (89c) ἆρα μαθήσει; (Μένων) δοκεῖ μοι ἤδη ἀναγκαῖον εἶναι: καὶ δῆλον, Σώκρατες, κατὰ τὴν ὑπόθεσιν, εἴπερ ἐπιστήμη ἐστὶν ἀρετή, ὅτι διδακτόν ἐστιν. (Σωκράτης) ἴσως νὴ Δία: ἀλλὰ μὴ τοῦτο οὐ καλῶς ὡμολογήσαμεν; (Μένων) καὶ μὴν ἐδόκει γε ἄρτι καλῶς λέγεσθαι. (Σωκράτης) ἀλλὰ μὴ οὐκ ἐν τῷ ἄρτι μόνον δέῃ αὐτὸ δοκεῖν καλῶς λέγεσθαι, ἀλλὰ καὶ ἐν τῷ νῦν καὶ ἐν τῷ ἔπειτα, εἰ μέλλει τι αὐτοῦ ὑγιὲς εἶναι. (89d) (Μένων) τί οὖν δή; πρὸς τί βλέπων δυσχεραίνεις αὐτὸ καὶ ἀπιστεῖς μὴ οὐκ ἐπιστήμη ἀρετή; (Σωκράτης) ἐγώ σοι ἐρῶ, Μένων. τὸ μὲν γὰρ διδακτὸν αὐτὸ εἶναι, εἴπερ ἐπιστήμη ἐστίν, οὐκ ἀνατίθεμαι μὴ οὐ καλῶς λέγεσθαι: ὅτι δὲ οὐκ ἔστιν ἐπιστήμη, σκέψαι ἐάν σοι δοκῶ εἰκότως ἀπιστεῖν. τόδε γάρ μοι εἰπέ: εἰ ἔστιν διδακτὸν ὁτιοῦν πρᾶγμα, μὴ μόνον ἀρετή, οὐκ ἀναγκαῖον αὐτοῦ καὶ διδασκάλους καὶ μαθητὰς εἶναι; (Μένων) ἔμοιγε δοκεῖ. (89e) (Σωκράτης) οὐκοῦν τοὐναντίον αὖ, οὗ μήτε διδάσκαλοι μήτε μαθηταὶ εἶεν, καλῶς ἂν αὐτὸ εἰκάζοντες εἰκάζοιμεν μὴ διδακτὸν εἶναι; (Μένων) ἔστι ταῦτα: ἀλλ' ἀρετῆς διδάσκαλοι οὐ δοκοῦσί σοι εἶναι; (Σωκράτης) πολλάκις γοῦν ζητῶν εἴ τινες εἶεν αὐτῆς διδάσκαλοι, πάντα ποιῶν οὐ δύναμαι εὑρεῖν. καίτοι μετὰ πολλῶν γε ζητῶ, καὶ τούτων μάλιστα οὓς ἂν οἴωμαι ἐμπειροτάτους εἶναι τοῦ πράγματος. καὶ δὴ καὶ νῦν, Μένων, εἰς καλὸν ἡμῖν Ἄνυτος ὅδε παρεκαθέζετο, μεταδῶμεν τῆς ζητήσεως. [89] (89a) si l'on veut que ces choses soient bonnes? Il y a plus : en vertu de cette conception, ce serait l'intelligence qui constituerait l'utile; or la vertu, disons-nous, est chose utile. — (MÉNON): Hé! absolument. — (SOCRATE): Donc, nous disons, n'est-ce pas? que la vertu est intelligence, ou le tout de l'intelligence, ou une partie de celle-ci. — (MÉNON): A mon avis, Socrate, ton langage est un langage excellent. — (SOCRATE): Mais, s'il en est ainsi, ce n'est pas de nature que seraient bons ceux qui le sont. — (MÉNON): Il ne me le semble pas. (b) — (SOCRATE) : Effectivement, voici, je pense, quelle en serait même la conséquence : supposons que les bons le soient de naissance et par nature, nous aurions, je suppose, des gens capables de reconnaître parmi les jeunes ceux dont le naturel est bon; nous prendrions en main ceux qui en ont manifesté les signes, nous les mettrions sous bonne garde dans la Citadelle, nous les cachetterions avec bien plus de soin que si c'était de l'or, afin que nul ne puisse les corrompre, et qu'au contraire, quand ils en auront atteint l'âge, ils soient en état de rendre service à la Cité. — (MÉNON): Ce serait raisonnable, oui, Socrate! — (SOCRATE) : Mais, puisque ce n'est pas de nature que les bons sont bons, (c) est-ce qu'ils ne le deviennent pas grâce à l'étude? — (MÉNON): A mon avis, c'est désormais une nécessité; et il est clair, Socrate, que, conformément à la méthode hypothétique, la vertu doit être une chose qui s'enseigne, du moment qu'elle est un savoir. — (SOCRATE): Par Zeus! c'est bien possible. Qui sait, cependant, si nous n'avons eu tort d'en convenir? — (MÉNON): A coup sûr étions-nous tout à l'heure d'avis qu'il est juste de le dire! — (SOCRATE) : Gare toutefois que ce ne soit pas tout à l'heure seulement qu'il fût, à notre avis, juste de le dire! Bien plutôt, si l'on veut que dans cette assertion il y ait quelque chose qui soit de bon aloi, ce doit être maintenant aussi, et aussi dans la suite! (d) — (MÉNON): Eh bien! quoi, alors? Qu'as-tu en vue en y cherchant des difficultés et en te refusant à croire que la vertu soit un savoir? — (SOCRATE) : Je m'en vais te le dire, Ménon. Que la vertu soit effectivement une chose qui s'enseigne, s'il est vrai toutefois qu'elle soit un savoir, cela je ne le retire pas : non, nous n'avions pas tort de le dire. Mais, que la vertu soit un savoir, examine si, à ton avis, je ne suis pas bien fondé à me refuser à le croire. Réponds-moi en effet sur le point que voici : si, non pas seulement la vertu, mais quelque matière d'action que ce soit, est une chose qui s'enseigne, ne faut-il pas nécessairement qu'il y ait des maîtres qui donnent cet enseignement et des élèves qui le reçoivent? — (MÉNON): C'est aussi mon avis. (e) — (SOCRATE): Alors, inversement, ce dont il n'y aurait pas d'enseignement, ni donné par des maîtres, ni reçu par des élèves, serait-ce au contraire une mauvaise conjecture que nous ferions à son sujet en conjecturant que ce n'est pas une chose qui s'enseigne? — (MÉNON): C'est exact. Mais est-ce ton avis qu'il n'y a pas de maîtres enseignant la vertu? — (SOCRATE) : Une chose au moins est sûre, c'est qu'à maintes reprises j'ai cherché s'il y a des maîtres de vertu, et que, malgré tous mes efforts, je suis impuissant à en découvrir! Et pourtant, en faisant cette recherche, je m'associe à bien des gens, principalement à ceux que je puis croire les plus expérimentés en la matière. A cette heure, c'est même, naturellement, une bonne aubaine pour nous qu'Anytos soit venu s'asseoir à nos côtés : faisons-lui part de ce que nous cherchons!


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Dernière mise à jour : 24/11/2005