| [88] (88a) οὐχί;
(Μένων) ναί.
(Σωκράτης)
ταὐτὰ δὲ ταῦτά φαμεν ἐνίοτε καὶ βλάπτειν: ἢ σὺ ἄλλως φῂς ἢ οὕτως;
(Μένων) οὐκ, ἀλλ' οὕτως.
(Σωκράτης)
σκόπει δή, ὅταν τί ἑκάστου τούτων ἡγῆται, ὠφελεῖ ἡμᾶς, καὶ ὅταν τί, βλάπτει; ἆρ' 
οὐχ ὅταν μὲν ὀρθὴ χρῆσις, ὠφελεῖ, ὅταν δὲ μή, βλάπτει;
(Μένων) πάνυ γε.
(Σωκράτης)
ἔτι τοίνυν καὶ τὰ κατὰ τὴν ψυχὴν σκεψώμεθα. σωφροσύνην τι καλεῖς καὶ 
δικαιοσύνην καὶ ἀνδρείαν καὶ εὐμαθίαν καὶ μνήμην καὶ μεγαλοπρέπειαν καὶ 
πάντα τὰ (88b) τοιαῦτα;
(Μένων) ἔγωγε.
(Σωκράτης)
σκόπει δή, τούτων ἅττα σοι δοκεῖ μὴ ἐπιστήμη εἶναι ἀλλ' ἄλλο ἐπιστήμης, εἰ οὐχὶ 
τοτὲ μὲν βλάπτει, τοτὲ δὲ ὠφελεῖ; οἷον ἀνδρεία, εἰ μὴ ἔστι φρόνησις ἡ ἀνδρεία 
ἀλλ' οἷον θάρρος τι: οὐχ ὅταν μὲν ἄνευ νοῦ θαρρῇ ἄνθρωπος, βλάπτεται, ὅταν δὲ 
σὺν νῷ, ὠφελεῖται;
(Μένων) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ σωφροσύνη ὡσαύτως καὶ εὐμαθία: μετὰ μὲν νοῦ καὶ μανθανόμενα 
καὶ καταρτυόμενα ὠφέλιμα, ἄνευ δὲ νοῦ βλαβερά;
(Μένων) πάνυ (88c) σφόδρα.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν συλλήβδην πάντα τὰ τῆς ψυχῆς ἐπιχειρήματα καὶ καρτερήματα 
ἡγουμένης μὲν φρονήσεως εἰς εὐδαιμονίαν τελευτᾷ, ἀφροσύνης δ' εἰς 
τοὐναντίον;
(Μένων) ἔοικεν.
(Σωκράτης)
εἰ ἄρα ἀρετὴ τῶν ἐν τῇ ψυχῇ τί ἐστιν καὶ ἀναγκαῖον αὐτῷ ὠφελίμῳ εἶναι, 
φρόνησιν αὐτὸ δεῖ εἶναι, ἐπειδήπερ πάντα τὰ κατὰ τὴν ψυχὴν αὐτὰ μὲν καθ' 
αὑτὰ οὔτε ὠφέλιμα οὔτε βλαβερά ἐστιν, προσγενομένης δὲ φρονήσεως (88d) ἢ 
ἀφροσύνης βλαβερά τε καὶ ὠφέλιμα γίγνεται. κατὰ δὴ τοῦτον τὸν λόγον 
ὠφέλιμόν γε οὖσαν τὴν ἀρετὴν φρόνησιν δεῖ τιν' εἶναι.
(Μένων) ἔμοιγε δοκεῖ. 
(Σωκράτης)
καὶ μὲν δὴ καὶ τἆλλα ἃ νυνδὴ ἐλέγομεν, πλοῦτόν τε καὶ τὰ τοιαῦτα, τοτὲ μὲν 
ἀγαθὰ τοτὲ δὲ βλαβερὰ εἶναι, ἆρα οὐχ ὥσπερ τῇ ἄλλῃ ψυχῇ ἡ φρόνησις 
ἡγουμένη ὠφέλιμα τὰ τῆς ψυχῆς ἐποίει, ἡ δὲ ἀφροσύνη βλαβερά, οὕτως αὖ (88e) 
καὶ τούτοις ἡ ψυχὴ ὀρθῶς μὲν χρωμένη καὶ ἡγουμένη ὠφέλιμα αὐτὰ ποιεῖ, μὴ 
ὀρθῶς δὲ βλαβερά;
(Μένων) πάνυ γε.
(Σωκράτης) ὀρθῶς δέ γε ἡ ἔμφρων ἡγεῖται, ἡμαρτημένως δ' ἡ ἄφρων;
(Μένων) ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν οὕτω δὴ κατὰ πάντων εἰπεῖν ἔστιν, τῷ ἀνθρώπῳ τὰ μὲν ἄλλα πάντα εἰς 
τὴν ψυχὴν ἀνηρτῆσθαι, τὰ δὲ τῆς ψυχῆς αὐτῆς εἰς φρόνησιν, 
 | [88] (88a) Oui, n'est-ce pas? — (MÉNON): Oui.  — (SOCRATE) : 
D'un autre côté, nous assurons que ces mêmes choses 
sont dommageables aussi quelquefois. En est-il autrement 
selon toi, ou bien comme cela? — (MÉNON): Non, 
mais comme cela. — (SOCRATE): Examine alors, quand elles 
nous sont utiles, quel est le principe qui guide chacune d'elles, 
et quel est ce  principe dans le cas où elles nous sont dommageables : 
n'est-ce pas dans  le cas d'une utilisation correcte qu'elles 
nous sont utiles, et dommageables dans le cas où il n'en est pas ainsi? 
— (MÉNON) : Hé! absolument. — (SOCRATE): Et maintenant, 
considérons encore les choses utiles qui ont aussi rapport
à l'âme. N'y a-t-il pas une chose que tu appelles modération, 
une autre que tu appelles justice, et courage, et 
facilité à apprendre, bonne mémoire, libéralité, et tout 
ce qui est de même ordre? (b) — (MÉNON) : Bien sûr, oui! 
— (SOCRATE): Examine par suite, en considérant quelles sont 
celles d'entre elles qui, à ton avis, ne sont pas du savoir 
et sont autre chose que du savoir, si tantôt elles ne nous 
sont pas dommageables et tantôt utiles. Prenons pour 
exemple le courage, dans le cas où ce n'est pas l'intelligence 
qui préside au courage et où il est une sorte de 
confiance aveugle : Une confiance dénuée de réflexion 
ne nous est-elle pas dommageable, tandis que la confiance 
qui s'accompagne de réflexion nous est utile? — 
(MÉNON) : Oui. — (SOCRATE): Et n'en est-il pas semblablement 
de la modération, comme de la facilité à apprendre? 
Quand elles s'accompagnent de réflexion, ce que l'on 
apprend, l'arrangement qu'on fait de sa vie, sont utiles, 
tandis qu'ils sont dommageables quand la réflexion en 
est absente. — (MÉNON): On ne peut plus! (c) — (SOCRATE): 
Ainsi, globalement, tout ce qui est pour l'âme objet 
d'entreprise ou d'endurance, n'aboutit-il pas à du 
bonheur, quand c'est l'intelligence qui guide, et le 
contraire quand c'est l'inintelligence? — (MÉNON): 
Vraisemblablement. — (SOCRATE) : Donc, si la vertu est une 
propriété des aptitudes que possède l'âme et si cette propriété 
est nécessairement utile, il faut que cette propriété soit 
intelligence, puisque justement tout ce qui est aptitude 
de l'âme n'est, en soi et par soi, ni utile, ni dommageable; 
tandis que l'adjonction de l'intelligence ou de l'inintelligence 
les rend aussi bien dommageables qu'utiles. 
(d) Aux termes donc de cette conception, il faut que la 
vertu, dès lors qu'elle est utile, soit une certaine intelligence. 
— (MÉNON): C'est aussi mon avis. — (SOCRATE) : N'est-il 
pas naturel aussi, puisque les autres choses dont nous 
parlions tout à l'heure, la richesse aussi bien que ce qui 
est du même ordre, étaient tantôt bonnes et tantôt dommageables, 
que, l'intelligence étant le guide du reste de 
l'âme, elle qui rendait utiles les aptitudes de l'âme tandis 
que l'inintelligence les rendait dommageables, (e) ce soit 
de même l'utilisation correcte de ces choses par l'âme, 
la direction dans laquelle elle les guide correctement, 
qui les rende utiles, et dommageables si cette correction 
fait défaut? — (MÉNON): Hé! absolument. — (SOCRATE): Or,
l'âme intelligente n'est-elle pas en vérité celle qui guide 
correctement? l'âme dépourvue d'intelligence, celle qui 
guide d'une manière fautive? — (MÉNON): C'est exact. — 
(SOCRATE): N'est-ce donc pas en ces termes qu'il y a lieu de 
parler concernant toutes choses en général: c'est à 
l'âme qu'est, chez l'homme, suspendu tout le reste, 
c'est à l'intelligence que sont suspendues toutes les aptitudes 
de l'âme elle-même, 
 |