| [238] μόνη γὰρ ἐν τῷ τότε καὶ πρώτη τροφὴν ἀνθρωπείαν (238a) 
ἤνεγκεν τὸν τῶν πυρῶν καὶ κριθῶν καρπόν, ᾧ κάλλιστα καὶ ἄριστα τρέφεται τὸ 
ἀνθρώπειον γένος, ὡς τῷ ὄντι τοῦτο τὸ ζῷον αὐτὴ γεννησαμένη. Μᾶλλον δὲ 
ὑπὲρ γῆς ἢ γυναικὸς προσήκει δέχεσθαι τοιαῦτα τεκμήρια· οὐ γὰρ γῆ γυναῖκα 
μεμίμηται κυήσει καὶ γεννήσει, ἀλλὰ γυνὴ γῆν. Τούτου δὲ τοῦ καρποῦ οὐκ 
ἐφθόνησεν, ἀλλ' ἔνειμεν καὶ τοῖς ἄλλοις. Μετὰ δὲ τοῦτο ἐλαίου γένεσιν, 
πόνων ἀρωγήν, ἀνῆκεν τοῖς (238b) ἐκγόνοις· θρεψαμένη δὲ καὶ αὐξήσασα πρὸς 
ἥβην ἄρχοντας καὶ διδασκάλους αὐτῶν θεοὺς ἐπηγάγετο· ὧν τὰ μὲν ὀνόματα 
πρέπει ἐν τῷ τοιῷδε ἐᾶν - ἴσμεν γάρ - οἳ τὸν βίον ἡμῶν κατεσκεύασαν πρός 
τε τὴν καθ' ἡμέραν δίαιταν, τέχνας πρώτους παιδευσάμενοι, καὶ πρὸς τὴν 
ὑπὲρ τῆς χώρας φυλακὴν ὅπλων κτῆσίν τε καὶ χρῆσιν διδαξάμενοι.
Γεννηθέντες δὲ καὶ παιδευθέντες οὕτως οἱ τῶνδε πρόγονοι ᾤκουν πολιτείαν 
κατασκευασάμενοι, ἧς ὀρθῶς ἔχει διὰ βραχέων (238c) ἐπιμνησθῆναι. Πολιτεία 
γὰρ τροφὴ ἀνθρώπων ἐστίν, καλὴ μὲν ἀγαθῶν, ἡ δὲ ἐναντία κακῶν. Ὡς οὖν ἐν 
καλῇ πολιτείᾳ ἐτράφησαν οἱ πρόσθεν ἡμῶν, ἀναγκαῖον δηλῶσαι, δι' ἣν δὴ 
κἀκεῖνοι ἀγαθοὶ καὶ οἱ νῦν εἰσιν, ὧν οἵδε τυγχάνουσιν ὄντες οἱ 
τετελευτηκότες. Ἡ γὰρ αὐτὴ πολιτεία καὶ τότε ἦν καὶ νῦν, ἀριστοκρατία, ἐν 
ᾗ νῦν τε πολιτευόμεθα καὶ τὸν ἀεὶ χρόνον ἐξ ἐκείνου ὡς τὰ πολλά. Καλεῖ δὲ 
ὁ μὲν αὐτὴν (238d) δημοκρατίαν, ὁ δὲ ἄλλο, ᾧ ἂν χαίρῃ, ἔστι δὲ τῇ ἀληθείᾳ 
μετ' εὐδοξίας πλήθους ἀριστοκρατία. Βασιλῆς μὲν γὰρ ἀεὶ ἡμῖν εἰσιν· οὗτοι 
δὲ τοτὲ μὲν ἐκ γένους, τοτὲ δὲ αἱρετοί· ἐγκρατὲς δὲ τῆς πόλεως τὰ πολλὰ τὸ 
πλῆθος, τὰς δὲ ἀρχὰς δίδωσι καὶ κράτος τοῖς ἀεὶ δόξασιν ἀρίστοις εἶναι, 
καὶ οὔτε ἀσθενείᾳ οὔτε πενίᾳ οὔτ' ἀγνωσίᾳ πατέρων ἀπελήλαται οὐδεὶς οὐδὲ 
τοῖς ἐναντίοις τετίμηται, ὥσπερ ἐν ἄλλαις πόλεσιν, ἀλλὰ εἷς ὅρος, ὁ δόξας 
σοφὸς ἢ ἀγαθὸς εἶναι κρατεῖ καὶ ἄρχει. (238e) Αἰτία δὲ ἡμῖν τῆς πολιτείας 
ταύτης ἡ ἐξ ἴσου γένεσις. Αἱ μὲν γὰρ ἄλλαι πόλεις ἐκ παντοδαπῶν 
κατεσκευασμέναι ἀνθρώπων εἰσὶ καὶ ἀνωμάλων, ὥστε αὐτῶν ἀνώμαλοι καὶ αἱ 
πολιτεῖαι, τυραννίδες τε καὶ ὀλιγαρχίαι· οἰκοῦσιν οὖν ἔνιοι μὲν δούλους, 
οἱ δὲ δεσπότας ἀλλήλους νομίζοντες· 
 | [238] puisqu'elle est la seule et la première qui dans ces vieux âges, 
ait produit un aliment humain, (238a) l'orge et le froment, 
nourriture la plus saine et la plus agréable à l'espèce humaine : marque 
certaine que l'homme est véritablement sorti de son sein. Et ces 
témoignages s'appliquent encore mieux à la terre qu'à une mère; car la 
terre n'imite pas la femme pour concevoir et pour engendrer, mais la femme 
imite la terre. Loin d'être avare des fruits qu'elle produit, notre patrie 
les communique aux autres, et réserve à ses enfants l'olivier, ce soutien 
des forces épuisées. (238b) Après les avoir nourris et fortifiés jusqu'à 
l'adolescence, elle appela les dieux eux-mêmes pour les gouverner et les 
instruire. Il serait inutile de redire ici leurs noms ; nous connaissons 
les dieux qui ont protégé notre vie, en nous enseignant les arts 
nécessaires à nos besoins journaliers, et en nous apprenant à fabriquer 
des armes et à nous en servir pour la défense du pays. 
Nés et élevés de cette manière, les ancêtres de ces guerriers ont fondé un 
état, dont il est convenable de dire (238c) quelques mots. C'est l'état 
qui fait les hommes; bons ou mauvais, selon qu'il est lui-même mauvais ou 
bon. Il faut donc prouver que nos pères furent élevés dans un état bien 
réglé, qui les a rendus vertueux, ainsi que les hommes d'aujourd'hui 
dont faisaient partie ceux qui sont morts. 
Le gouvernement était autrefois le même que maintenant, une aristocratie; 
telle est la forme politique sous laquelle nous vivons encore, et avons 
presque toujours vécu. Les uns l'appellent (238d) une démocratie, les 
autres autrement, selon leur goût; mais c'est réellement une aristocratie 
sous le consentement du peuple. Nous n'avons jamais cessé d'avoir des 
rois, tantôt par droit de succession, tantôt par droit de suffrages. 
C'est, en général, le peuple qui possède l'autorité souveraine : il 
confère les charges et la puissance à ceux qui paraissent être les 
meilleurs; la faiblesse, l'indigence, une naissance obscure, ne sont pas, 
comme dans les autres états, des motifs d'exclusion; non plus que les 
qualités contraires, des motifs de préférence; le seul principe reçu, 
c'est que celui qui paraît être habile ou vertueux l'emporte et commande. 
(238e) Ce gouvernement, nous le devons à l'égalité de notre origine. Les 
autres pays sont composés d'hommes d'espèce différente; aussi l'inégalité 
des races se reproduit dans leurs gouvernements, despotiques ou 
oligarchiques. Là, les citoyens se divisent en esclaves et en maîtres. 
 |