[237] πατέρας δὲ καὶ μητέρας καὶ εἴ τινες τῶν ἄνωθεν ἔτι προγόνων λείπονται,
τούτους δὲ (237a) παραμυθούμενος.
Τίς οὖν ἂν ἡμῖν τοιοῦτος λόγος φανείη; Ἢ πόθεν ἂν ὀρθῶς
ἀρξαίμεθα ἄνδρας ἀγαθοὺς ἐπαινοῦντες, οἳ ζῶντές τε τοὺς ἑαυτῶν ηὔφραινον
δι' ἀρετήν, καὶ τὴν τελευτὴν ἀντὶ τῆς τῶν ζώντων σωτηρίας ἠλλάξαντο; Δοκεῖ
μοι χρῆναι κατὰ φύσιν, ὥσπερ ἀγαθοὶ ἐγένοντο, οὕτω καὶ ἐπαινεῖν αὐτούς.
Ἀγαθοὶ δὲ ἐγένοντο διὰ τὸ φῦναι ἐξ ἀγαθῶν. Τὴν εὐγένειαν οὖν πρῶτον αὐτῶν
ἐγκωμιάζωμεν, δεύτερον δὲ τροφήν (237b) τε καὶ παιδείαν· ἐπὶ δὲ τούτοις
τὴν τῶν ἔργων πρᾶξιν ἐπιδείξωμεν, ὡς καλὴν καὶ ἀξίαν τούτων ἀπεφήναντο.
Τῆς δ' εὐγενείας πρῶτον ὑπῆρξε τοῖσδε ἡ τῶν προγόνων γένεσις οὐκ ἔπηλυς
οὖσα, οὐδὲ τοὺς ἐκγόνους τούτους ἀποφηναμένη μετοικοῦντας ἐν τῇ χώρᾳ
ἄλλοθεν σφῶν ἡκόντων, ἀλλ' αὐτόχθονας καὶ τῷ ὄντι ἐν πατρίδι οἰκοῦντας καὶ
ζῶντας, καὶ τρεφομένους οὐχ ὑπὸ μητρυιᾶς ὡς οἱ ἄλλοι, ἀλλ' ὑπὸ (237c)
μητρὸς τῆς χώρας ἐν ᾗ ᾤκουν, καὶ νῦν κεῖσθαι τελευτήσαντας ἐν οἰκείοις
τόποις τῆς τεκούσης καὶ θρεψάσης καὶ ὑποδεξαμένης. Δικαιότατον δὴ κοσμῆσαι
πρῶτον τὴν μητέρα αὐτήν· οὕτω γὰρ συμβαίνει ἅμα καὶ ἡ τῶνδε εὐγένεια
κοσμουμένη.
Ἔστι δὲ ἀξία ἡ χώρα καὶ ὑπὸ πάντων ἀνθρώπων ἐπαινεῖσθαι, οὐ μόνον ὑφ'
ἡμῶν, πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, πρῶτον δὲ καὶ μέγιστον ὅτι τυγχάνει οὖσα
θεοφιλής. Μαρτυρεῖ δὲ ἡμῶν τῷ λόγῳ ἡ τῶν ἀμφισβητησάντων περὶ αὐτῆς θεῶν
(237d) ἔρις τε καὶ κρίσις· ἣν δὴ θεοὶ ἐπῄνεσαν, πῶς οὐχ ὑπ' ἀνθρώπων γε
συμπάντων δικαία ἐπαινεῖσθαι; Δεύτερος δὲ ἔπαινος δικαίως ἂν αὐτῆς εἴη,
ὅτι ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ, ἐν ᾧ ἡ πᾶσα γῆ ἀνεδίδου καὶ ἔφυε ζῷα παντοδαπά,
θηρία τε καὶ βοτά, ἐν τούτῳ ἡ ἡμετέρα θηρίων μὲν ἀγρίων ἄγονος καὶ καθαρὰ
ἐφάνη, ἐξελέξατο δὲ τῶν ζῴων καὶ ἐγέννησεν ἄνθρωπον, ὃ συνέσει τε ὑπερέχει
τῶν ἄλλων καὶ δίκην καὶ θεοὺς μόνον (237e) νομίζει. Μέγα δὲ τεκμήριον
τούτῳ τῷ λόγῳ, ὅτι ἥδε ἔτεκεν ἡ γῆ τοὺς τῶνδέ τε καὶ ἡμετέρους προγόνους.
Πᾶν γὰρ τὸ τεκὸν τροφὴν ἔχει ἐπιτηδείαν ᾧ ἂν τέκῃ, ᾧ καὶ γυνὴ δήλη τεκοῦσά
τε ἀληθῶς καὶ μή, ἀλλ' ὑποβαλλομένη, ἐὰν μὴ ἔχῃ πηγὰς τροφῆς τῷ γεννωμένῳ.
Ὃ δὴ καὶ ἡ ἡμετέρα γῆ τε καὶ μήτηρ ἱκανὸν τεκμήριον παρέχεται ὡς ἀνθρώπους
γεννησαμένη·
| [237] et console leurs pères et leurs mères, ainsi que leurs aïeux (237a) s'ils existent
encore. Et quel sera le discours propre à ce but ? De quelle manière commencer
l'éloge de ces hommes généreux dont la vertu, pendant
leur vie, a fait la joie de leurs parents, et qui ont bravé la mort pour
nous sauver? Il faut les louer, ce me semble, d'après l'ordre que la
nature a suivi pour les élever à ce point de vertu auquel ils sont
parvenus. Or ils sont devenus vertueux parce qu'ils étaient nés de parents
vertueux. Nous louerons donc d'abord la noblesse de leur origine, ensuite
leur éducation (237b) et les institutions qui les ont formés; enfin nous
exposerons combien ils se sont rendus dignes de leur éducation et de leur
naissance par leur belle conduite. Le premier avantage de leur naissance
est de n'être pas étrangers. Le sort ne les a pas jetés dans un pays dont
ils ne sont pas. Non, ils sont autochtones, ils habitent et ils vivent
dans leur véritable patrie, ils sont nourris par la terre qu'ils habitent,
non pas en marâtre, comme d'autres, mais avec les soins (237c) d'une mère.
Et, maintenant qu'ils ne sont plus, ils reposent dans le sein de celle qui
les engendra, les reçut dans ses bras à leur naissance et les nourrit.
C'est donc à elle, à cette mère, que nous devons nos premiers hommages :
ce sera louer la noble origine de ces guerriers. Ce pays mérite nos éloges
et ceux de tous les autres hommes, par bien des causes, et surtout parce
qu'il est chéri du ciel : témoin la querelle et le jugement des dieux,
(237d) qui s'en disputaient la possession.
Honoré par les dieux, comment n'aurait-il pas droit de l'être par tous les
hommes? Souvenons-nous aussi que lorsque la terre entière n'enfantait que
des animaux sauvages, carnivores ou herbivores, notre contrée demeura pure
de pareille production, et ne donna point naissance à des animaux
farouches : de tous les animaux, elle ne choisit et n'engendra que
l'homme, qui, par son intelligence, domine sur les autres êtres, et seul
(237e) connaît la justice et les dieux. Une preuve bien forte que cette
terre a produit les aïeux de ces guerriers et les nôtres, c'est que tout
être doué de la faculté de produire porte avec lui la nourriture
nécessaire à ce qu'il produit; c'est ainsi que la vraie mère se distingue
de celle qui ne l'est pas et a dérobé l'enfant d'un autre; celle-là manque
des sources nourricières nécessaires au nouveau-né. Or, notre terre, qui
est notre mère, offre la même preuve incontestable qu'elle a produit les
hommes qui l'habitent,
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