HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Ménexène, dialogue complet

Page 248

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[248] Ὅτῳ γὰρ ἀνδρὶ εἰς ἑαυτὸν ἀνήρτηται πάντα τὰ πρὸς εὐδαιμονίαν (248a) φέροντα ἐγγὺς τούτου, καὶ μὴ ἐν ἄλλοις ἀνθρώποις αἰωρεῖται ἐξ ὧν εὖ κακῶς πραξάντων πλανᾶσθαι ἠνάγκασται καὶ τὰ ἐκείνου, τούτῳ ἄριστα παρεσκεύασται ζῆν, οὗτός ἐστιν σώφρων καὶ οὗτος ἀνδρεῖος καὶ φρόνιμος· οὗτος γιγνομένων χρημάτων καὶ παίδων καὶ διαφθειρομένων μάλιστα πείσεται τῇ παροιμίᾳ· οὔτε γὰρ χαίρων οὔτε λυπούμενος ἄγαν φανήσεται διὰ τὸ αὑτῷ πεποιθέναι. Τοιούτους (248b) δὲ ἡμεῖς γε ἀξιοῦμεν καὶ τοὺς ἡμετέρους εἶναι καὶ βουλόμεθα καὶ φαμέν, καὶ ἡμᾶς αὐτοὺς νῦν παρέχομεν τοιούτους, οὐκ ἀγανακτοῦντας οὐδὲ φοβουμένους ἄγαν εἰ δεῖ τελευτᾶν ἐν τῷ παρόντι. Δεόμεθα δὴ καὶ πατέρων καὶ μητέρων τῇ αὐτῇ ταύτῃ διανοίᾳ χρωμένους τὸν ἐπίλοιπον βίον διάγειν, καὶ εἰδέναι ὅτι οὐ θρηνοῦντες οὐδὲ ὀλοφυρόμενοι ἡμᾶς ἡμῖν μάλιστα χαριοῦνται, ἀλλ' εἴ τις ἔστι τοῖς τετελευτηκόσιν αἴσθησις (248c) τῶν ζώντων, οὕτως ἀχάριστοι εἶεν ἂν μάλιστα, ἑαυτούς τε κακοῦντες καὶ βαρέως φέροντες τὰς συμφοράς· κούφως δὲ καὶ μετρίως μάλιστ' ἂν χαρίζοιντο. Τὰ μὲν γὰρ ἡμέτερα τελευτὴν ἤδη ἕξει ἥπερ καλλίστη γίγνεται ἀνθρώποις, ὥστε πρέπει αὐτὰ μᾶλλον κοσμεῖν θρηνεῖν· γυναικῶν δὲ τῶν ἡμετέρων καὶ παίδων ἐπιμελούμενοι καὶ τρέφοντες καὶ ἐνταῦθα τὸν νοῦν τρέποντες τῆς τε τύχης μάλιστ' ἂν εἶεν ἐν λήθῃ καὶ (248d) ζῷεν κάλλιον καὶ ὀρθότερον καὶ ἡμῖν προσφιλέστερον. Ταῦτα δὴ ἱκανὰ τοῖς ἡμετέροις παρ' ἡμῶν ἀγγέλλειν· τῇ δὲ πόλει παρακελευοίμεθ' ἂν ὅπως ἡμῖν καὶ πατέρων καὶ ὑέων ἐπιμελήσονται, τοὺς μὲν παιδεύοντες κοσμίως, τοὺς δὲ γηροτροφοῦντες ἀξίως· νῦν δὲ ἴσμεν ὅτι καὶ ἐὰν μὴ ἡμεῖς παρακελευώμεθα, ἱκανῶς ἐπιμελήσεται. Ταῦτα οὖν, παῖδες καὶ γονῆς τῶν τελευτησάντων, ἐκεῖνοί (248e) τε ἐπέσκηπτον ἡμῖν ἀπαγγέλλειν, καὶ ἐγὼ ὡς δύναμαι προθυμότατα ἀπαγγέλλω· καὶ αὐτὸς δέομαι ὑπὲρ ἐκείνων, τῶν μὲν μιμεῖσθαι τοὺς αὑτῶν, τῶν δὲ θαρρεῖν ὑπὲρ αὑτῶν, ὡς ἡμῶν καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ γηροτροφησόντων ὑμᾶς καὶ ἐπιμελησομένων, ὅπου ἂν ἕκαστος ἑκάστῳ ἐντυγχάνῃ ὁτῳοῦν τῶν ἐκείνων. Τῆς δὲ πόλεως ἴστε που καὶ αὐτοὶ τὴν ἐπιμέλειαν, ὅτι νόμους θεμένη περὶ τοὺς τῶν ἐν τῷ πολέμῳ τελευτησάντων παῖδάς τε καὶ γεννήτορας ἐπιμελεῖται, [248] L'homme qui tire de lui-même tout ce qui mène au (248a) bonheur ou du moins en approche, qui ne fait pas dépendre son sort des autres hommes, et ne met point sa destinée à la merci de leur bonne ou de leur mauvaise fortune, celui-là a bien ordonné sa vie ; voilà l'homme sage, voilà l'homme ferme et prudent. Que le sort lui donne des richesses et des enfants, ou les lui ôte, il suivra avant tout le sage précepte, et l'excès de la joie et l'excès du chagrin lui seront également étrangers, parce que c'est en lui-même qu'il a mis sa confiance. Tels (248b) nous croyons que sont les nôtres, tels nous voulons et prétendons qu'ils soient; tels nous nous montrons nous-mêmes, regret, sans effroi de quitter la vie, dès à présent, s'il le faut. Nous supplions donc nos pères et nos mères d'achever dans cette disposition le reste de leur carrière. Qu'ils sachent que ce n'est point par des gémissements et des cris qu'ils nous prouveront leur tendresse, et que, s'il reste après la mort quelque sentiment (248c) de ce qui se passe parmi les vivants, ils ne sauraient nous causer un plus grand déplaisir que de se tourmenter et de se laisser abattre ; mais nous aimerions à les voir calmes et modérés. En effet, la mort qui nous attend est la plus belle qu'il soit donné aux hommes de trouver; et il faut plutôt nous féliciter que nous plaindre. Qu'ils prennent soin de nos femmes et de nos enfants, qu'ils les assistent, qu'ils se consacrent tout entiers à ce devoir! Par là ils verront s'effacer peu à peu le souvenir de leur infortune, leur vie (248d) en sera plus honorable et plus vertueuse, et à nous plus agréable. Voilà ce qu'il faut annoncer aux nôtres de notre part. Nous recommanderions encore à la république de se charger de nos pères et de nos fils, de donner aux uns une éducation vertueuse, et de soutenir dignement la vieillesse des autres; mais nous savons que, sans être sollicitée par nos prières, elle s'acquittera de ce soin comme il convient à sa générosité. Pères et enfants de ces morts, (248e) voilà ce qu'ils nous avaient chargés de vous dire, et je vous le dis avec toute l'énergie dont je suis capable. Je vous conjure en leur nom, vous, d'imiter vos pères, vous, d'être tranquilles sur votre sort, bien assurés que la sollicitude publique et privée soutiendra et soignera votre vieillesse, et ne manquera jamais à aucun de vous. Quant à la république, vous n'ignorez pas jusqu'où elle porte ses soins. Elle a fait des lois qui pourvoient au sort des enfants et des parents de ceux qui sont morts à la guerre.


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Dernière mise à jour : 30/08/2007