| [246] τῶν τε ἐν Κορίνθῳ χρησαμένων δυσχωρίᾳ καὶ ἐν Λεχαίῳ (246a) προδοσίᾳ· 
ἀγαθοὶ δὲ καὶ οἱ βασιλέα ἐλευθερώσαντες καὶ ἐκβαλόντες ἐκ τῆς θαλάττης 
Λακεδαιμονίους· ὧν ἐγὼ μὲν ὑμᾶς ἀναμιμνῄσκω, ὑμᾶς δὲ πρέπει συνεπαινεῖν τε 
καὶ κοσμεῖν τοιούτους ἄνδρας.
Καὶ τὰ μὲν δὴ ἔργα ταῦτα τῶν ἀνδρῶν τῶν ἐνθάδε κειμένων καὶ τῶν ἄλλων ὅσοι 
ὑπὲρ τῆς πόλεως τετελευτήκασι, πολλὰ μὲν τὰ εἰρημένα καὶ καλά, πολὺ δ' ἔτι 
πλείω καὶ καλλίω τὰ (246b) ὑπολειπόμενα· πολλαὶ γὰρ ἂν ἡμέραι καὶ νύκτες 
οὐχ ἱκαναὶ γένοιντο τῷ τὰ πάντα μέλλοντι περαίνειν. Τούτων οὖν χρὴ 
μεμνημένους τοῖς τούτων ἐκγόνοις πάντ' ἄνδρα παρακελεύεσθαι, ὥσπερ ἐν 
πολέμῳ, μὴ λείπειν τὴν τάξιν τὴν τῶν προγόνων μηδ' εἰς τοὐπίσω ἀναχωρεῖν 
εἴκοντας κάκῃ. Ἐγὼ μὲν οὖν καὶ αὐτός, ὦ παῖδες ἀνδρῶν ἀγαθῶν, νῦν τε 
παρακελεύομαι καὶ ἐν τῷ λοιπῷ χρόνῳ, ὅπου ἄν τῳ ἐντυγχάνω (246c) ὑμῶν, καὶ 
ἀναμνήσω καὶ διακελεύσομαι προθυμεῖσθαι εἶναι ὡς ἀρίστους· ἐν δὲ τῷ 
παρόντι δίκαιός εἰμι εἰπεῖν ἃ οἱ πατέρες ἡμῖν ἐπέσκηπτον ἀπαγγέλλειν τοῖς 
ἀεὶ λειπομένοις, εἴ τι πάσχοιεν, ἡνίκα κινδυνεύσειν ἔμελλον. Φράσω δὲ ὑμῖν 
ἅ τε αὐτῶν ἤκουσα ἐκείνων καὶ οἷα νῦν ἡδέως ἂν εἴποιεν ὑμῖν λαβόντες 
δύναμιν, τεκμαιρόμενος ἐξ ὧν τότε ἔλεγον. Ἀλλὰ νομίζειν χρὴ αὐτῶν ἀκούειν 
ἐκείνων ἃ ἂν ἀπαγγέλλω· ἔλεγον δὲ τάδε -
(246d) ὦ παῖδες, ὅτι μέν ἐστε πατέρων ἀγαθῶν, αὐτὸ μηνύει τὸ νῦν παρόν· 
ἡμῖν δὲ ἐξὸν ζῆν μὴ καλῶς, καλῶς αἱρούμεθα μᾶλλον τελευτᾶν, πρὶν ὑμᾶς τε 
καὶ τοὺς ἔπειτα εἰς ὀνείδη καταστῆσαι καὶ πρὶν τοὺς ἡμετέρους πατέρας καὶ 
πᾶν τὸ πρόσθεν γένος αἰσχῦναι, ἡγούμενοι τῷ τοὺς αὑτοῦ αἰσχύναντι ἀβίωτον 
εἶναι, καὶ τῷ τοιούτῳ οὔτε τινὰ ἀνθρώπων οὔτε θεῶν φίλον εἶναι οὔτ' ἐπὶ 
γῆς οὔθ' ὑπὸ γῆς τελευτήσαντι. Χρὴ οὖν μεμνημένους τῶν ἡμετέρων λόγων, ἐάν 
τι καὶ ἄλλο (246e) ἀσκῆτε, ἀσκεῖν μετ' ἀρετῆς, εἰδότας ὅτι τούτου 
λειπόμενα πάντα καὶ κτήματα καὶ ἐπιτηδεύματα αἰσχρὰ καὶ κακά. Οὔτε γὰρ 
πλοῦτος κάλλος φέρει τῷ κεκτημένῳ μετ' ἀνανδρίας - ἄλλῳ γὰρ ὁ τοιοῦτος 
πλουτεῖ καὶ οὐχ ἑαυτῷ - οὔτε σώματος κάλλος καὶ ἰσχὺς δειλῷ καὶ κακῷ 
συνοικοῦντα πρέποντα φαίνεται ἀλλ' ἀπρεπῆ, καὶ ἐπιφανέστερον ποιεῖ τὸν 
ἔχοντα καὶ ἐκφαίνει τὴν δειλίαν· 
 | [246] soit à Corinthe, par le désavantage du lieu, soit à Léchée, (246a) par trahison. 
Ils étaient braves aussi ceux qui délivrèrent le roi de Perse et chassèrent les 
Lacédémoniens de la mer. Je vous en rappelle le souvenir, et vous devez 
vous joindre à moi pour louer et célébrer ces excellents citoyens. 
Je vous ai retracé les actions de ceux qui reposent ici, et de tous les 
autres qui sont morts pour la patrie. Sans doute elles sont belles et 
nombreuses : (246b) cependant j'en ai tu un plus grand nombre encore de 
plus éclatantes; une suite de plusieurs jours et de plusieurs nuits ne 
suffirait pas à celui qui voudrait les raconter toutes. Que tous les 
citoyens, l'âme remplie de ces grandes actions, exhortent donc les 
descendants de ces vaillants hommes, comme ils le feraient un jour de 
bataille, à ne pas quitter le rang de leurs ancêtres, à ne pas reculer ni 
lâcher le pied honteusement. Enfants de braves, et moi aussi je vous 
exhorte en ce jour, et, partout où je vous rencontrerai, (246c) je vous 
exhorterai, je vous sommerai de faire tous vos efforts pour devenir tout 
ce que vous pouvez être. Quant à présent, 
je dois vous répéter ce que vos pères, au moment de livrer la bataille, 
nous ont chargés de rapporter à leurs enfants, s'il leur arrivait quelque 
malheur. Je vous dirai ce que j'ai entendu d'eux, et ce qu'ils ne 
manqueraient pas de vous dire eux-mêmes, s'ils le pouvaient ; j'en juge au 
moins par les discours qu'ils tenaient alors. Représentez-vous donc que 
vous entendez de leur propre bouche ce que je vous dis. Voici leurs paroles : 
(246d) Enfants, ce que vous voyez autour de vous atteste assez de quel 
noble sang vous êtes sortis. Nous pouvions vivre sans honneur, nous avons 
préféré une mort honorable, plutôt que de condamner à l'infamie vous et 
notre postérité, et de faire rougir nos pères et tous nos ancêtres. Nous 
avons pensé que celui qui déshonore les siens ne mérite pas de vivre, et 
qu'il ne peut être aimé ni des dieux ni des hommes, ni en ce monde ni dans 
l'autre. Rappelez-vous donc toujours nos paroles et n'entreprenez rien 
(246e) que la vertu ne soit avec vous, persuadés que sans elle tout ce 
qu'on acquiert, tout ce qu'on apprend, tourne en mal et en ignominie. Les 
richesses n'ajoutent point d'éclat à la vie d'un homme sans courage : il 
est riche pour les autres, et non pas pour lui-même.
La force et la beauté du corps ne sauraient non plus avoir de grâce dans 
l'homme timide et sans cœur; elles y sont messéantes, l'exposent à un plus 
grand jour et rendent sa lâcheté plus manifeste. 
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