HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Lachès (dialogue complet)

Page 196

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[196] ΝΙΚΙΑΣ Ὧι ἐγὼ λέγω πολὺ μᾶλλον, βέλτιστε· ἐπεὶ μάντιν γε τὰ σημεῖα μόνον δεῖ γιγνώσκειν τῶν ἐσομένων, εἴτε τῳ θάνατος εἴτε νόσος εἴτε ἀποβολὴ χρημάτων ἔσται, (196a) εἴτε νίκη εἴτε ἧττα πολέμου καὶ ἄλλης τινὸς ἀγωνίας· ὅτι δέ τῳ ἄμεινον τούτων παθεῖν μὴ παθεῖν, τί μᾶλλον μάντει προσήκει κρῖναι ἄλλῳ ὁτῳοῦν; ΛΑΧΗΣ Ἀλλ' ἐγὼ τούτου οὐ μανθάνω, Σώκρατες, ὅτι βούλεται λέγειν· οὔτε γὰρ μάντιν οὔτε ἰατρὸν οὔτε ἄλλον οὐδένα δηλοῖ ὅντινα λέγει τὸν ἀνδρεῖον, εἰ μὴ εἰ θεόν τινα λέγει αὐτὸν εἶναι. ἐμοὶ μὲν οὖν φαίνεται Νικίας οὐκ ἐθέλειν (196b) γενναίως ὁμολογεῖν ὅτι οὐδὲν λέγει, ἀλλὰ στρέφεται ἄνω καὶ κάτω ἐπικρυπτόμενος τὴν αὑτοῦ ἀπορίαν· καίτοι κἂν ἡμεῖς οἷοί τε ἦμεν ἄρτι ἐγώ τε καὶ σὺ τοιαῦτα στρέφεσθαι, εἰ ἐβουλόμεθα μὴ δοκεῖν ἐναντία ἡμῖν αὐτοῖς λέγειν. Εἰ μὲν οὖν ἐν δικαστηρίῳ ἡμῖν οἱ λόγοι ἦσαν, εἶχεν ἄν τινα λόγον ταῦτα ποιεῖν· νῦν δὲ τί ἄν τις ἐν συνουσίᾳ τοιᾷδε μάτην κενοῖς λόγοις αὐτὸς αὑτὸν κοσμοῖ; (196c) ΣΩΚΡΑΤΗΣ Οὐδὲν οὐδ' ἐμοὶ δοκεῖ, Λάχης· ἀλλ' ὁρῶμεν μὴ Νικίας οἴεταί τι λέγειν καὶ οὐ λόγου ἕνεκα ταῦτα λέγει. Αὐτοῦ οὖν σαφέστερον πυθώμεθα τί ποτε νοεῖ· καὶ ἐάν τι φαίνηται λέγων, συγχωρησόμεθα, εἰ δὲ μή, διδάξομεν. ΛΑΧΗΣ Σὺ τοίνυν, Σώκρατες, εἰ βούλει πυνθάνεσθαι, πυνθάνου· ἐγὼ δ' ἴσως ἱκανῶς πέπυσμαι. ΣΩΚΡΑΤΗΣ Ἀλλ' οὐδέν με κωλύει· κοινὴ γὰρ ἔσται πύστις ὑπὲρ ἐμοῦ τε καὶ σοῦ. ΛΑΧΗΣ Πάνυ μὲν οὖν. ΣΩΚΡΑΤΗΣ Λέγε δή μοι, Νικία - μᾶλλον δ' ἡμῖν· κοινούμεθα (196d) γὰρ ἐγώ τε καὶ Λάχης τὸν λόγον - τὴν ἀνδρείαν ἐπιστήμην φῂς δεινῶν τε καὶ θαρραλέων εἶναι; ΝΙΚΙΑΣ Ἔγωγε. ΣΩΚΡΑΤΗΣ Τοῦτο δὲ οὐ παντὸς δὴ εἶναι ἀνδρὸς γνῶναι, ὁπότε γε μήτε ἰατρὸς μήτε μάντις αὐτὸ γνώσεται μηδὲ ἀνδρεῖος ἔσται, ἐὰν μὴ αὐτὴν ταύτην τὴν ἐπιστήμην προσλάβῃ· οὐχ οὕτως ἔλεγες; ΝΙΚΙΑΣ Οὕτω μὲν οὖν. ΣΩΚΡΑΤΗΣ Κατὰ τὴν παροιμίαν ἄρα τῷ ὄντι οὐκ ἂν πᾶσα ὗς γνοίη οὐδ' ἂν ἀνδρεία γένοιτο. ΝΙΚΙΑΣ Οὔ μοι δοκεῖ. (196e) ΣΩΚΡΑΤΗΣ Δῆλον δή, Νικία, ὅτι οὐδὲ τὴν Κρομμυωνίαν ὗν πιστεύεις σύ γε ἀνδρείαν γεγονέναι. τοῦτο δὲ λέγω οὐ παίζων, ἀλλ' ἀναγκαῖον οἶμαι τῷ ταῦτα λέγοντι μηδενὸς θηρίου ἀποδέχεσθαι ἀνδρείαν, συγχωρεῖν θηρίον τι οὕτω σοφὸν εἶναι, ὥστε ὀλίγοι ἀνθρώπων ἴσασι διὰ τὸ χαλεπὰ εἶναι γνῶναι, ταῦτα λέοντα πάρδαλιν τινα κάπρον φάναι εἰδέναι· ἀλλ' ἀνάγκη ὁμοίως λέοντα καὶ ἔλαφον καὶ ταῦρον καὶ πίθηκον πρὸς ἀνδρείαν φάναι πεφυκέναι τὸν τιθέμενον ἀνδρείαν τοῦθ' ὅπερ σὺ τίθεσαι. [196] NICIAS. De celui dont je parle, mon cher Lachès; car l'affaire du devin, est de connaître seulement les signes des choses qui doivent arriver, si l'on est menacé de mort, de maladie, de la perte de ses biens, (196a) si l'on sera vainqueur ou vaincu à la guerre, ou dans d'autres rencontres ; mais, de juger lequel de ces accidents est préférable, un devin en est-il plus capable qu'un autre ? LACHÈS. Non, Socrate, je ne puis comprendre ce qu'il veut dire ; il n'appelle courageux ni le devin, ni le médecin, ni aucun autre, à ce qu'il semble. Peut-être sera-ce quelque dieu? Mais au fait, je vois que Nicias ne veut pas avouer (196b) franchement qu'il n'a rien dit, et qu'il se débat et se retourne en tous sens pour cacher son embarras. Toi et moi, Socrate, nous eussions pu, tout à l'heure, en faire autant, et trouver des subterfuges, si nous n'avions cherché qu'à nous sauver de l'apparence d'une contradiction. Si nous étions devant un tribunal, ces artifices pourraient avoir quelque raison ; mais dans une conversation comme la nôtre, pourquoi chercher à faire illusion avec des mots vides de sens? (196c) SOCRATE. Cela ne mènerait à rien, sans doute, Lachès; mais prenons garde si Nicias ne pense pas dire réellement quelque chose, ou s'il ne parle que pour soutenir la discussion. Prions-le donc de s'expliquer plus nettement : si nous trouvons qu'il ait raison, nous nous rangerons à son avis, autrement, nous tâcherons de l'instruire. LACHÈS. Continue de l'interroger, Socrate, si cela te fait plaisir ; pour moi, je l'ai déjà assez questionné. SOCRATE. Rien n'empêche, car je l'interroge pour moi et pour toi. LACHÈS. Assurément. SOCRATE. Dis-moi donc, Nicias, ou plutôt dis-nous, car, Lachès et moi, nous faisons cause commune, (196d) le courage est, selon toi, la science de ce qui est à craindre et de ce qui ne l'est pas ? NICIAS. Oui. SOCRATE. Et cette science ne serait pas donnée à tout le inonde, puisque ni le médecin ni le devin ne la savent, et que, par conséquent, ils n'ont pas de courage, à moins qu'ils n'acquièrent cette science d'autre part. N'est-ce pas là ce que tu avances? NICIAS. Tout-à-fait. SOCRATE. Ce n'est donc pas ici comme dit le proverbe, gibier de toute laie ; et toute laie n'est pas courageuse. NICIAS. Non, assurément. (196e) SOCRATE. Il est évident par-là, Nicias, que tu ne crois pas que la laie de Crommyon ait été courageuse. Je ne dis pas cela pour plaisanter ; mais je pense sérieusement que pour soutenir ton opinion, il faut nécessairement que l'on n'admette aucun courage dans les bêtes, ou ce serait accorder aux animaux assez d'intelligence pour qu'un lion, un tigre, un sanglier pussent comprendre des choses que si peu d'hommes comprennent, à cause de leur difficulté. Bien plus, soutenir que le courage est tel que tu le dis, c'est admettre que les lions et les cerfs, les taureaux et les singes, ont les mêmes dispositions en fait de courage.


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Dernière mise à jour : 17/02/2010