[195] ΝΙΚΙΑΣ
Ταύτην ἔγωγε, ὦ Λάχης, τὴν τῶν δεινῶν καὶ θαρραλέων (195a) ἐπιστήμην καὶ ἐν πολέμῳ καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις ἅπασιν.
ΛΑΧΗΣ
Ὡς ἄτοπα λέγει, ὦ Σώκρατες.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Πρὸς τί τοῦτ' εἶπες βλέψας, ὦ Λάχης;
ΛΑΧΗΣ
Πρὸς ὅτι; Χωρὶς δήπου σοφία ἐστὶν ἀνδρείας.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὔκουν φησί γε Νικίας.
ΛΑΧΗΣ
Οὐ μέντοι μὰ Δία· ταῦτά τοι καὶ ληρεῖ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν διδάσκωμεν αὐτὸν ἀλλὰ μὴ λοιδορῶμεν.
ΝΙΚΙΑΣ
Οὔκ, ἀλλά μοι δοκεῖ, ὦ Σώκρατες, Λάχης, ἐπιθυμεῖν κἀμὲ φανῆναι μηδὲν λέγοντα, ὅτι καὶ αὐτὸς ἄρτι τοιοῦτός (195b) τις ἐφάνη.
ΛΑΧΗΣ
Πάνυ μὲν οὖν, ὦ Νικία, καὶ πειράσομαί γε ἀποφῆναι· οὐδὲν γὰρ λέγεις. ἐπεὶ αὐτίκα ἐν ταῖς νόσοις οὐχ οἱ ἰατροὶ τὰ δεινὰ ἐπίστανται; Ἢ οἱ ἀνδρεῖοι δοκοῦσί σοι ἐπίστασθαι; Ἢ τοὺς ἰατροὺς σὺ ἀνδρείους καλεῖς;
ΝΙΚΙΑΣ
Οὐδ' ὁπωστιοῦν.
ΛΑΧΗΣ
Οὐδέ γε τοὺς γεωργοὺς οἶμαι. καίτοι τά γε ἐν τῇ γεωργίᾳ δεινὰ οὗτοι δήπου ἐπίστανται, καὶ οἱ ἄλλοι δημιουργοὶ ἅπαντες τὰ ἐν ταῖς αὑτῶν τέχναις δεινά τε καὶ (195c) θαρραλέα ἴσασιν· ἀλλ' οὐδέν τι μᾶλλον οὗτοι ἀνδρεῖοί εἰσιν.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί δοκεῖ Λάχης λέγειν, ὦ Νικία; Ἔοικεν μέντοι λέγειν τι.
ΝΙΚΙΑΣ
Καὶ γὰρ λέγει γέ τι, οὐ μέντοι ἀληθές γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Πῶς δή;
ΝΙΚΙΑΣ
Ὅτι οἴεται τοὺς ἰατροὺς πλέον τι εἰδέναι περὶ τοὺς κάμνοντας ἢ τὸ ὑγιεινὸν †εἰπεῖν οἷόν τε καὶ νοσῶδες. Οἱ δὲ δήπου τοσοῦτον μόνον ἴσασιν· εἰ δὲ δεινόν τῳ τοῦτό ἐστιν τὸ ὑγιαίνειν μᾶλλον ἢ τὸ κάμνειν, ἡγῇ σὺ τουτί, ὦ Λάχης, τοὺς ἰατροὺς ἐπίστασθαι; ἢ οὐ πολλοῖς οἴει ἐκ τῆς νόσου ἄμεινον εἶναι μὴ ἀναστῆναι ἢ ἀναστῆναι; Τοῦτο γὰρ εἰπέ· (195d) σὺ πᾶσι φῂς ἄμεινον εἶναι ζῆν καὶ οὐ πολλοῖς κρεῖττον τεθνάναι;
ΛΑΧΗΣ
Οἶμαι ἔγωγε τοῦτό γε.
ΝΙΚΙΑΣ
Οἷς οὖν τεθνάναι λυσιτελεῖ, ταὐτὰ οἴει δεινὰ εἶναι καὶ οἷς ζῆν;
ΛΑΧΗΣ
Οὐκ ἔγωγε.
ΝΙΚΙΑΣ
Ἀλλὰ τοῦτο δὴ σὺ δίδως τοῖς ἰατροῖς γιγνώσκειν ἢ ἄλλῳ τινὶ δημιουργῷ πλὴν τῷ τῶν δεινῶν καὶ μὴ δεινῶν ἐπιστήμονι, ὃν ἐγὼ ἀνδρεῖον καλῶ;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Κατανοεῖς, ὦ Λάχης, ὅτι λέγει;
(195e) ΛΑΧΗΣ
Ἔγωγε, ὅτι γε τοὺς μάντεις καλεῖ τοὺς ἀνδρείους· τίς γὰρ δὴ ἄλλος εἴσεται ὅτῳ ἄμεινον ζῆν ἢ τεθνάναι; Καίτοι σύ, ὦ Νικία, πότερον ὁμολογεῖς μάντις εἶναι ἢ οὔτε μάντις οὔτε ἀνδρεῖος;
ΝΙΚΙΑΣ
Τί δέ; Μάντει αὖ οἴει προσήκει τὰ δεινὰ γιγνώσκειν καὶ τὰ θαρραλέα;
ΛΑΧΗΣ
Ἔγωγε· τίνι γὰρ ἄλλῳ;
| [195] NICIAS.
C'est, Lachès, la science des choses qui sont craindre et de celles qui ne le sont pas, (195a) à la guerre comme en tout.
LACHÈS.
Voilà une définition bien absurde, Socrate !
SOCRATE.
Pourquoi la trouves-tu ainsi, Lachès?
LACHÈS.
Pourquoi? c'est que la science est toute autre chose que le courage.
SOCRATE.
Nicias prétend que non.
LACHÈS.
Oui, et c'est justement pour cela qu'il ne suit pas ce qu'il dit.
SOCRATE.
Tâchons donc de l'instruire; mais sans l'injurier.
NICIAS.
Ce n'est pas cela; mais Lachès me paraît fort souhaiter que je n'aie rien dit qu vaille, parce que lui-même (195b) il ne s'est pas mieux distingué.
LACHÈS.
Il est vrai, Nicias, mais du moins je vais tâcher de te prouver que tu n'as rien dit; car, sans aller plus loin, dans les maladies, les médecins ne connaissent-ils pas ce qui est à craindre? et dans ce cas, crois-tu que les hommes courageux soient ceux qui connaissent ce qui est à craindre ; ou appelles-tu les médecins des hommes courageux ?
NICIAS.
Non, assurément.
LACHÈS.
Pas plus, je pense, que les laboureurs, cependant ils connaissent parfaitement ce qui est à craindre pour la culture; et de même tous les artisans connaissent chacun dans leur art ce qui est à craindre (195c) et ce qui ne l'est pas, sans en être pour cela plus courageux.
SOCRATE.
Que penses-tu, Nicias, de cette critique de Lachès? Il a l'air pourtant de dire quelque chose.
NICIAS.
Il dit assurément quelque chose, mais rien qui soit exact.
SOCRATE.
Comment cela?
NICIAS.
Il s'imagine que les médecins savent autre chose que de reconnaître ce qui est sain ou malsain ; dans le fait ils n'en savent pas davantage. Mais crois-tu, Lachès, que les médecins sachent si la santé est plus à craindre pour tel malade, que la maladie? et ne penses-tu pas qu'il y a bien des malades à qui il serait plus avantageux de ne pas guérir que de guérir? Explique-toi, (195d) est-il toujours plus avantageux de vivre, et n'est-il pas souvent préférable de mourir ?
LACHÈS.
Quelquefois cela vaut mieux.
NICIAS.
Et celui qui doit préférer de mourir, crois-tu qu'il doive trouver à craindre les mêmes choses que ceux auxquels il serait bon de vivre?
LACHÈS.
Non, sans doute.
NICIAS.
Et qui peut en juger ? le médecin, ou tout autre artiste? ou, ne sera-ce pas plutôt celui qui connaît ce qui est à craindre, et que j'appelle courageux ?
SOCRATE.
Eh bien ! Lachès, comprends-tu cette fois ce que dit Nicias?
(195e) LACHÈS.
Oui, j'entends qu'à son compte il n'y a de courageux que les devins; car quel autre qu'un devin, peut savoir s'il est plus avantageux de mourir que de vivre? Mais alors, Nicias, toi-même diras-tu que tu es un devin, ou que tu n'as pas de courage ?
NICIAS.
Comment! penses-tu à présent que ce soit l'affaire d'un devin, de connaître ce qui est à craindre et ce qui ne l'est pas?
LACHÈS.
Sans doute, et de qui donc ?
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