[193] ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλ' οἷον εἴ τις ἰατρὸς ὤν, περιπλευμονίᾳ τοῦ ὑέος ἐχομένου ἢ ἄλλου τινὸς καὶ δεομένου πιεῖν ἢ φαγεῖν (193a) δοῦναι, μὴ κάμπτοιτο ἀλλὰ καρτεροῖ;
ΛΑΧΗΣ
Οὐδ' ὁπωστιοῦν οὐδ' αὕτη.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλ' ἐν πολέμῳ καρτεροῦντα ἄνδρα καὶ ἐθέλοντα μάχεσθαι, φρονίμως λογιζόμενον, εἰδότα μὲν ὅτι βοηθήσουσιν ἄλλοι αὐτῷ, πρὸς ἐλάττους δὲ καὶ φαυλοτέρους μαχεῖται ἢ μεθ' ὧν αὐτός ἐστιν, ἔτι δὲ χωρία ἔχει κρείττω, τοῦτον τὸν μετὰ τῆς τοιαύτης φρονήσεως καὶ παρασκευῆς καρτεροῦντα ἀνδρειότερον ἂν φαίης ἢ τὸν ἐν τῷ ἐναντίῳ στρατοπέδῳ ἐθέλοντα ὑπομένειν τε καὶ καρτερεῖν;
(193b) ΛΑΧΗΣ
Τὸν ἐν τῷ ἐναντίῳ, ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Σώκρατες.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἀλλὰ μὴν ἀφρονεστέρα γε ἡ τούτου ἢ ἡ τοῦ ἑτέρου καρτερία.
ΛΑΧΗΣ
Ἀληθῆ λέγεις.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ τὸν μετ' ἐπιστήμης ἄρα ἱππικῆς καρτεροῦντα ἐν ἱππομαχίᾳ ἧττον φήσεις ἀνδρεῖον εἶναι ἢ τὸν ἄνευ ἐπιστήμης.
ΛΑΧΗΣ
᾿Έμοιγε δοκεῖ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ τὸν μετὰ σφενδονητικῆς ἢ τοξικῆς ἢ ἄλλης τινὸς τέχνης καρτεροῦντα.
(193c) ΛΑΧΗΣ
Πάνυ γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ ὅσοι ἂν ἐθέλωσιν εἰς φρέαρ καταβαίνοντες καὶ κολυμβῶντες καρτερεῖν ἐν τούτῳ τῷ ἔργῳ, μὴ ὄντες δεινοί, ἢ ἔν τινι ἄλλῳ τοιούτῳ, ἀνδρειοτέρους φήσεις τῶν ταῦτα δεινῶν.
ΛΑΧΗΣ
Τί γὰρ ἄν τις ἄλλο φαίη, ὦ Σώκρατες;
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐδέν, εἴπερ οἴοιτό γε οὕτως.
ΛΑΧΗΣ
Ἀλλὰ μὴν οἶμαί γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καὶ μήν που ἀφρονεστέρως γε, ὦ Λάχης, οἱ τοιοῦτοι κινδυνεύουσίν τε καὶ καρτεροῦσιν ἢ οἱ μετὰ τέχνης αὐτὸ πράττοντες.
ΛΑΧΗΣ
Φαίνονται.
(193d) ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκοῦν αἰσχρὰ ἡ ἄφρων τόλμα τε καὶ καρτέρησις ἐν τῷ πρόσθεν ἐφάνη ἡμῖν οὖσα καὶ βλαβερά;
ΛΑΧΗΣ
Πάνυ γε.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Ἡ δέ γε ἀνδρεία ὡμολογεῖτο καλόν τι εἶναι.
ΛΑΧΗΣ
Ὡμολογεῖτο γάρ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Νῦν δ' αὖ πάλιν φαμὲν ἐκεῖνο τὸ αἰσχρόν, τὴν ἄφρονα καρτέρησιν, ἀνδρείαν εἶναι.
ΛΑΧΗΣ
Ἐοίκαμεν.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Καλῶς οὖν σοι δοκοῦμεν λέγειν;
ΛΑΧΗΣ
Μὰ τὸν Δί', ὦ Σώκρατες, ἐμοὶ μὲν οὔ.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Οὐκ ἄρα που κατὰ τὸν σὸν λόγον δωριστὶ ἡρμόσμεθα (193e) ἐγώ τε καὶ σύ, ὦ Λάχης· τὰ γὰρ ἔργα οὐ συμφωνεῖ ἡμῖν τοῖς λόγοις. Ἔργῳ μὲν γάρ, ὡς ἔοικε, φαίη ἄν τις ἡμᾶς ἀνδρείας μετέχειν, λόγῳ δ', ὡς ἐγᾦμαι, οὐκ ἄν, εἰ νῦν ἡμῶν ἀκούσειε διαλεγομένων.
ΛΑΧΗΣ
Ἀληθέστατα λέγεις.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Τί οὖν; Δοκεῖ καλὸν εἶναι οὕτως ἡμᾶς διακεῖσθαι;
ΛΑΧΗΣ
Οὐδ' ὁπωστιοῦν.
ΣΩΚΡΑΤΗΣ
Βούλει οὖν ᾧ λέγομεν πειθώμεθα τό γε τοσοῦτον;
ΛΑΧΗΣ
Τὸ ποῖον δὴ τοῦτο, καὶ τίνι τούτῳ;
| [193] SOCRATE.
Supposons un médecin, à qui son fils, ou quelque autre malade, attaqué d'une inflammation de poitrine, demanderait à manger ou à boire, et qui, loin de se laisser fléchir, persisterait constamment à le refuser?
LACHÈS.
Ce n'est pas non plus ce genre de constance que j'appelle du courage.
SOCRATE.
Mais à la guerre, un homme qui serait constant et ferme dans l'action, parce que, calculant prudemment les chances, il saurait qu'il sera bientôt secouru, ou que ses ennemis sont moins nombreux et plus faibles, et qu'il a l'avantage du terrain ; cet homme, dont la constance est fondée sur tous ces calculs, te paraît- il plus courageux que celui qui, dans l'armée ennemie, aurait envie de résister et de garder son poste?
(193b) LACHÈS.
C'est ce dernier qui est le plus courageux, Socrate.
SOCRATE.
Cependant la constance de ce dernier est déraisonnable, comparée à celle de l'autre.
LACHÈS.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Ainsi un bon cavalier, qui dans le combat fera preuve de courage parce qu'il est habile à monter à cheval, te paraîtra moins courageux que celui qui ne connaît pas l'équitation ?
LACHÈS.
Assurément.
SOCRATE.
Il en sera de même d'un archer, d'un frondeur, et de tous les autres dont la constance serait fondée sur le sentiment de leur habileté.
(193c) LACHÈS.
Sans doute.
SOCRATE.
Et des gens qui, sans s'être jamais exercés, auraient la hardiesse de plonger, de se jeter à la nage, ou de s'exposer à tout autre danger, te paraîtraient donc plus courageux que les hommes habiles dans tous ces exercices?
LACHÈS.
Mais, Socrate, qui pourrait prétendre autre chose?
SOCRATE.
Personne qui fut de cet avis.
LACHÈS.
Pour moi, j'en suis certainement.
SOCRATE.
Pourtant, Lachès, la constance de ces gens-là est plus déraisonnable que celle des hommes qui s'exposent au péril, avec les moyens d'y faire face.
LACHÈS.
Il semble.
(193d) SOCRATE.
Mais l'audace insensée, et la constance sans la raison ne nous ont-elles pas paru tout à l'heure honteuses et préjudiciable.
LACHÈS.
Il est vrai.
SOCRATE.
Nous étions convenus aussi que le courage est une très belle chose.
LACHÈS.
Oui.
SOCRATE.
Et voilà que nous soutenons qu'on peut donner le nom de courage à une chose honteuse et funeste, à la constance dépourvue de raison ?
LACHÈS.
Je l'avoue.
SOCRATE.
Et crois-tu que nous fassions bien ?
LACHÈS.
Non, par Jupiter.
SOCRATE.
S'il faut juger, Lachès, par tes discours, nous ne sommes guère montés l'un et l'autre (193e) sur le ton dorien; car, chez nous, les actions ne sont pas en harmonie avec les paroles. A voir nos actions, on dirait, je l'espère, que nous avons du courage ; mais à nous entendre on n'en jugerait pas de même.
LACHÈS.
Tu as raison.
SOCRATE.
Eh quoi ! trouves-tu que nous devions demeurer dans cet état ?
LACHÈS.
Non, je t'assure.
SOCRATE.
Veux-tu alors que nous nous conformions, pour un moment, à ce que nous disions ?
LACHÈS.
Comment ! et à quoi ?
|