[371] (371a) (Ἱππίας)
οὐδαμῶς, ὦ Σώκρατες, λέγεις δὴ τί καὶ πρὸς τί;
(Σωκράτης)
ὅτι οὐκ ἐξ ἐπιβουλῆς φῂς τὸν Ἀχιλλέα ψεύδεσθαι, ὃς ἦν οὕτω γόης
καὶ ἐπίβουλος πρὸς τῇ ἀλαζονείᾳ, ὡς πεποίηκεν Ὅμηρος, ὥστε καὶ
τοῦ Ὀδυσσέως τοσοῦτον φαίνεται φρονεῖν πλέον πρὸς τὸ ῥᾳδίως
λανθάνειν αὐτὸν ἀλαζονευόμενος, ὥστε ἐναντίον αὐτοῦ αὐτὸς
ἑαυτῷ ἐτόλμα ἐναντία λέγειν καὶ ἐλάνθανεν τὸν Ὀδυσσέα, οὐδὲν
γοῦν φαίνεται εἰπὼν πρὸς αὐτὸν ὡς αἰσθανόμενος αὐτοῦ ψευδομένου
(371b) ὁ Ὀδυσσεύς.
(Ἱππίας)
ποῖα δὴ ταῦτα λέγεις, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
οὐκ οἶσθα ὅτι λέγων ὕστερον ἢ ὡς πρὸς τὸν Ὀδυσσέα ἔφη ἅμα τῇ ἠοῖ
ἀποπλευσεῖσθαι, πρὸς τὸν Αἴαντα οὐκ αὖ φησιν ἀποπλευσεῖσθαι,
ἀλλὰ ἄλλα λέγει;
(Ἱππίας)
ποῦ δή;
(Σωκράτης)
ἐν οἷς λέγει - "οὐ γὰρ πρὶν πολέμοιο μεδήσομαι αἱματόεντος,
(371c) πρίν γ' υἱὸν Πριάμοιο δαίφρονος, Ἕκτορα δῖον,
Μυρμιδόνων ἐπί τε κλισίας καὶ νῆας ἱκέσθαι
κτείνοντ' Ἀργείους, κατά τε φλέξαι πυρὶ νῆας,
ἀμφὶ δέ μιν τῇ 'μῇ κλισίῃ καὶ νηὶ μελαίνῃ
Ἕκτορα καὶ μεμαῶτα μάχης σχήσεσθαι ὀίω."
σὺ δὴ οὖν, ὦ Ἱππία, πότερον οὕτως ἐπιλήσμονα οἴει εἶναι
(371d) τὸν τῆς Θέτιδός τε καὶ ὑπὸ τοῦ σοφωτάτου Χείρωνος
πεπαιδευμένον, ὥστε ὀλίγον πρότερον λοιδοροῦντα τοὺς ἀλαζόνας
τῇ ἐσχάτῃ λοιδορίᾳ αὐτὸν παραχρῆμα πρὸς μὲν τὸν Ὀδυσσέα φάναι
ἀποπλευσεῖσθαι, πρὸς δὲ τὸν Αἴαντα μενεῖν, ἀλλ' οὐκ ἐπιβουλεύοντά
τε καὶ ἡγούμενον ἀρχαῖον εἶναι τὸν Ὀδυσσέα καὶ αὐτοῦ αὐτῷ τούτῳ
τῷ τεχνάζειν τε καὶ ψεύδεσθαι περιέσεσθαι;
(Ἱππίας)
οὔκουν ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Σώκρατες, ἀλλὰ καὶ αὐτὰ
(371e) ταῦτα ὑπὸ εὐνοίας ἀναπεισθεὶς πρὸς τὸν Αἴαντα ἄλλα εἶπεν ἢ
πρὸς τὸν Ὀδυσσέα, ὁ δὲ Ὀδυσσεὺς ἅ τε ἀληθῆ λέγει, ἐπιβουλεύσας
ἀεὶ λέγει, καὶ ὅσα ψεύδεται, ὡσαύτως.
(Σωκράτης)
ἀμείνων ἄρ' ἐστίν, ὡς ἔοικεν, ὁ Ὀδυσσεὺς Ἀχιλλέως.
(Ἱππίας)
ἥκιστά γε δήπου, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
τί δέ; οὐκ ἄρτι ἐφάνησαν οἱ ἑκόντες ψευδόμενοι βελτίους ἢ οἱ ἄκοντες;
| [371] (HIPPIAS)
Pas du tout, Socrate. Que veux-tu dire et qu’as-tu en vue ?
(SOCRATE)
C’est que tu prétends que ce n’est pas de propos délibéré qu’Achille ment, lui
qui, à la manière dont Homère l’a représenté, joint à sa jactance tant de
charlatanerie et d’intention de tromper qu’il paraît bien plus adroit qu’Ulysse
pour sa facilité à lui cacher sa tromperie. C’est à tel point qu’il ose se
contredire lui-même en présence d’Ulysse sans que celui-ci s’en aperçoive. Du
moins, rien dans ce que lui dit Ulysse n’indique qu’il ait conscience d’être
trompé par Achille.
(HIPPIAS)
A quoi donc fais-tu allusion, Socrate ?
(SOCRATE)
Ne te rappelles-tu pas qu’après avoir dit à Ulysse qu’il mettrait à la voile dès
l’aurore, il déclare par contre à Ajax qu’il ne partira pas, et tient un autre langage ?
(HIPPIAS)
En quel endroit ?
(SOCRATE)
A l’endroit où il dit :
« Non, je ne prendrai point part à la guerre sanglante avant que le fils du sage
Priam, le divin Hector, arrive en massacrant les Argiens jusqu’aux tentes et aux
vaisseaux des Myrmidons et qu’il mette le feu aux vaisseaux. Là, près de ma
tente et de mon noir vaisseau, je me flatte d’arrêter Hector, si ardent qu’il
soit à combattre. »
Après cela, Hippias, crois-tu que le fils de Thétis, élevé par le très sage
Chiron, après avoir quelques instants avant témoigné le plus profond mépris pour
les menteurs, ait eu la mémoire assez courte pour dire aussitôt après à Ulysse
qu’il mettrait à la voile et à Ajax qu’il resterait ? Crois-tu qu’il ne le
faisait pas à dessein, persuadé qu’Ulysse était un homme simple et que, dans le
fait même de ruser et de tromper, il l’emporterait sur lui ?
(HIPPIAS)
XIV. — Non, Socrate, je ne le crois pas ; je crois que c’est parce qu’il avait
changé d’avis par simplicité qu’il tient à Ajax un autre langage qu’à Ulysse. Au
contraire, quand Ulysse dit la vérité, c’est toujours à mauvaise intention qu’il
la dit, et toutes les fois qu’il ment, il en est de même.
(SOCRATE)
S’il en est ainsi, c’est Ulysse, à ce qu’il semble, qui est meilleur qu’Achille.
(HIPPIAS)
Pas du tout, Socrate, bien certainement.
(SOCRATE)
Eh quoi ? n’a-t-il pas été prouvé tout à l’heure que ceux qui mentent
volontairement sont meilleurs que ceux qui le font involontairement ?
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